Sexual transmission of HIV

La prévention du VIH dans les Villages olympiques

14 août 2008

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Avec le soutien de l’ONUSIDA, deux
annonces de services publics sont diffusées
en anglais, français et chinois dans la salle
d’attente de la Polyclinique olympique.
Elles ont pour vedettes le footballeur
allemand et Représentant spécial de
l’ONUSIDA Michael Ballack, et le
basketteur chinois Yao Ming.
Photo : ONUSIDA

Dans le cadre d’une campagne conjointe de prévention du VIH, quelque 100 000 préservatifs de haute qualité sont mis gratuitement à la disposition des athlètes dans les dispensaires des Villages olympiques de Beijing, Qingdao et Hong Kong. Les athlètes peuvent également trouver des informations utiles au sujet du VIH sur des milliers de posters et dépliants en anglais, français et chinois.

Dans la salle d’attente des polycliniques, des vidéos de prévention du VIH avec le Représentant spécial de l’ONUSIDA et footballeur allemand Michael Ballack et la star du basket Yao Ming sont diffusées en trois langues. En outre, tous les athlètes participant aux Jeux olympiques 2008 ont reçu des clés USB contenant des aide-mémoire sur le VIH.

Ces activités de prévention du VIH et de lutte contre la discrimination font partie de la campagne VIH des Jeux 2008 « Ne jouez pas avec votre vie – Aidez à stopper le VIH » lancée par l’ONUSIDA, le Comité international olympique (CIO), et le Comité d’organisation de Beijing pour les Jeux olympiques (BOCOG). La campagne vise à informer sur le VIH les athlètes participant aux Jeux de Beijing et à les encourager à être des ambassadeurs de la riposte au sida.

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Le Président du CIO, le Dr Jacques Rogge
(à gauche) salue le Dr Bernhard
Schwartländer, Coordonnateur de
l’ONUSIDA dans le pays (au centre) durant
le lancement de la Campagne des JO de
Beijing sur le VIH et le sida « Ne jouez
pas avec votre vie – Aidez à stopper le
VIH ».
Photo : ONUSIDA

« Les athlètes doivent savoir comment le VIH peut se transmettre, comment il ne se transmet pas, et comment le VIH peut être évité. Cela les aidera à informer leurs pairs et à combattre la discrimination à l’égard des personnes vivant avec le VIH. C’est réellement un thème en rapport avec le sport, » a déclaré la nageuse égyptienne et Ambassadrice de la Campagne Rania Elwani.

La campagne ne vise pas seulement à profiter aux nombreux athlètes participant aux Jeux, mais aussi aux membres des délégations nationales et aux plus de 100 000 volontaires.

Aujourd’hui quelque 33 millions de personnes vivent avec le VIH à travers le monde. Les jeunes de 15 à 24 ans représentent quelque 45% de toutes les nouvelles infections à VIH en 2007. Toutefois, nombreux sont les jeunes qui ne disposent toujours pas d’informations précises, complètes sur la manière d’éviter l’exposition au virus.

Nombre de jeunes sont impliqués dans le sport, soit en tant que spectateurs soit en tant que participants. Par le biais de cette fête mondiale du sport que représentent les Jeux olympiques de Beijing, des messages sur le sida peuvent atteindre les communautés, en particulier les jeunes, afin d’encourager des comportements sexuels plus sûrs et de mettre un terme à la stigmatisation et la discrimination.

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L'objectif de la campagne VIH des Jeux
2008 « Ne jouez pas avec votre vie –
Aidez à stopper le VIH » est d'informer les
athlètes participant aux Jeux de Beijing
et à les encourager à être des
ambassadeurs de la riposte au sida.
Photo : ONUSIDA

« Les athlètes célèbres peuvent jouer un rôle important pour faire passer des messages sur la prévention, les soins et l’appui en matière de VIH étant donné qu’ils sont considérés comme des modèles par les jeunes, » a dit le Président du CIO Jacques Rogge.Le Coordonnateur de l’ONUSIDA dans le pays, le Dr Bernhard Schwartländer, a déclaré « Nous savons que le sport et les Jeux olympiques sont des langages universels qui peuvent jouer un rôle très important et très positif pour mieux sensibiliser au sida et réduire la stigmatisation et la discrimination à l’encontre des personnes vivant avec le VIH. »

En 2004, l’ONUSIDA a signé un Mémorandum d’Accord avec le CIO, en vertu duquel les deux organismes ont accepté de conjuguer leurs efforts pour renforcer le rôle des organisations sportives dans la riposte au sida aux niveaux communautaire et national, et d’organiser des activités de sensibilisation au sida avec des entraîneurs, des athlètes et des personnalités du sport.

Une initiative pour la vie – l’industrie hôtelière lutte contre le sida

23 juillet 2008

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L’ONUSIDA fait participer l’industrie
hôtelière mexicaine à une campagne de
prévention à l’occasion de la Conférence
internationale sur le sida en août 2008 et
engage celle-ci sur le long terme via
l’élaboration de politiques et de
programmes de lutte contre le VIH sur le
lieu de travail durables et à long terme.
Photo : © 2008 ONUSIDA/R. Castillo

La Conférence internationale sur le sida 2008 (‘AIDS 2008’) devrait faire venir au Mexique près de 20 000 délégués et 2000 journalistes du monde entier entre le 3 et le 8 août 2008. ‘AIDS 2008’ offre une opportunité unique pour faire participer l’industrie hôtelière locale à des actions en rapport avec le VIH.

C’est pour cette raison que l’ONUSIDA s’engage avec le secteur hôtelier mexicain dans une campagne de prévention du VIH intitulée ‘Une initiative pour la vie – l’industrie hôtelière lutte contre le sida’. Cette initiative, qui durera pendant toute la conférence internationale, a pour objectif d’accroître la sensibilisation à la prévention du VIH et de promouvoir des attitudes non discriminatoires à l’encontre des personnes vivant avec le virus. Il est également prévu que l’initiative promeuve l’élaboration de politiques et de programmes de lutte contre le VIH sur le lieu de travail durables et à long terme dans les hôtels (avec, notamment, une formation pour le personnel). En conséquence, la campagne de prévention du VIH cible à la fois le personnel et les clients des hôtels. Le secteur hôtelier est un acteur clé de la riposte au sida car il peut sensibiliser un public large et diversifié avec des informations de prévention du VIH, y compris ses importants effectifs.

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Une première réunion inaugurale de tous
les hôtels participants a eu lieu à l’Hôtel
Marquis à Mexico le 4 juillet 2008.
Photo: ONUSIDA/R. Alion

La campagne de prévention inclura la diffusion de dépliants, de posters et de brochures sur le sida, des expositions d’œuvres d’art, la distribution gratuite de préservatifs masculins et féminins, et la projection de films en rapport avec le sida dans tous les hôtels participants. Des préservatifs seront distribués dans ces hôtels par l’intermédiaire du ‘Projet Préservatifs’ qui a été financé avec l’appui de l’UNFPA.

Des politiques et des programmes de lutte contre le VIH sur le lieu de travail durables et à long terme dans les hôtels

L’un des partenaires de l’ONUSIDA dans cette initiative, l’IMPULSO – réseau d’experts d’ONG spécialistes de la fourniture d’assistance technique pour lutter contre le VIH sur le lieu de travail, fournira des formations pour le renforcement des capacités qui incluent l’analyse de la situation, des programmes sur la stigmatisation et la discrimination, et l’élaboration de politiques et de programmes sur le VIH. Les séminaires spécialement organisés par l’IMPULSO dans les hôtels incluent la formation à l’utilisation et la mise en œuvre d’un logiciel appelé ‘Workplace Policy Builder’ (développeur de politiques pour le lieu de travail) conçu pour aider les entreprises à élaborer leurs propres politiques de lutte contre le sida.

 

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Des préservatifs seront distribués dans tous
les hôtels participants par l’intermédiaire
du « projet préservatifs » qui a été financé
grâce au généreux soutien de l’UNFPA.
Photo: ONUSIDA/R. Castillo
 

Pour l’instant, plus de 5,100 employés d’hôtels ont déjà été formés, ce qui représente la couverture de plus de 7,738 chambres d’hôtel à Mexico. Ils ont reçu des informations/une éducation sur la prévention du VIH et une présentation d’ensemble de l’épidémie au Mexique, et ont été sensibilisés aux questions liées à la stigmatisation et la discrimination sur le lieu de travail.

« Au Mexique, on dénombre près de 200 000 personnes qui vivent avec le VIH et près de 5 000 personnes décédées en 2006 de maladies liées au sida. La XVIIe Conférence internationale sur le sida offre une opportunité unique pour faire participer l’industrie hôtelière locale à des actions en rapport avec le VIH » déclare M. Cesar Nuñez, Directeur régional de l’ONUSIDA pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

Tous les partenaires annonceront le lancement de l’initiative à l’occasion d’un événement presse qui se tiendra le 6 août 2008 à 09h00 au centre de presse de l’International AIDS Society.Pour plus d'information, merci de bien vouloir contacter la Directrice de l’unité des Partenariats avec le secteur privé de l'ONUSIDA, Regina Castillo (castillor@unaids.org)

 

Hôtels participant à ‘Une initiative pour la vie – l’industrie hôtelière lutte contre le sida’

Pour cette initiative, la Conférence internationale sur le sida 2008 a ciblé des chaînes d’hôtels nationales et internationales. Les cinq chaînes nationales sont : Grupo Posadas, Hoteles Misión, Grupo Empresarial Ángeles, Grupo Del Ángel et Grupo Hoteles Emporio. Les huit chaînes d’hôtels internationales sont : Best Western International, InterContinental Hotels Group, Starwood Hotels & Resorts, Sol Melia Hotels & Resorts, Radisson Hotels & Resorts, Ramada International, Groupe ACCOR et Four Seasons Hotels.

Pour l’instant, les hôtels suivants participent à l’initiative :

NOVOTEL STA FE

HOTEL GRAN MELIÁ

HOTEL RADISSON FLAMINGOS

HOTEL FIESTA AMERICANA REFORMA

HOTEL HOLIDAY INN REFORMA

HOTEL EMPORIO

FIESTA INN CENTRO HISTORICO

HOTEL GENEVE

HOTEL MARQUIS

HOTEL HOLIDAY INN ZONA ROSA

HOTEL FIESTA AMERICANA GRAND

HOTEL CASABLANCA

HOTEL EMBASSY SUITE

EUROSTAR SUITE

GRAN HOTEL DE LA CIUDAD DE MEXICO

HOTEL CENTURY ZONA ROSA

NOVOTEL PERINORTE

NOVOTEL MONTERREY

HOTEL CAMINO REAL

HOTEL SHERATON CENTRO HISTORICO MEXICO

Prévenir le VIH, préserver l’environnement

01 juillet 2008

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L'usine utilise le latex naturel recueilli par
des saigneurs d’hévéa locaux et sera en
mesure de fournir 100 millions de préser-
vatifs par an au gouvernement brésilien.
Photo: ONUSIDA/J.Spaull

Au Brésil, l’utilisation des préservatifs prévient la propagation du VIH et pourrait également contribuer à sauver la forêt tropicale humide grâce à une fabrique de préservatifs ouverte en avril en Amazonie. Cette usine utilise le latex naturel recueilli par des saigneurs d’hévéa locaux et sera en mesure de fournir 100 millions de préservatifs par an au gouvernement brésilien.

La compagnie qui gère la fabrique, Natex, est un joint-venture entre l’Etat local d’Acre, le Ministère de l’environnement et le Ministère de la santé. Elle est le reflet d’une vision nouvelle d’Acre pour l’Amazonie connue sous le nom de Florestania, qui a pour objectif d’améliorer le niveau de vie de ses habitants tout en préservant la forêt tropicale humide, en augmentant la valeur des produits qui en sont extraits.

La fabrique est située à Xapuri, rendu célèbre par l’écologiste et saigneur d’hévéa Chico Mendes qui y fut assassiné il y a 20 ans, et elle est un héritage direct du travail accompli par celui-ci tout au long de sa vie. L’accomplissement majeur de Mendes fut de forger une alliance entre les intérêts des écologistes et des saigneurs d’hévéa, menacés par la destruction de leur moyen d’existence par les propriétaires de fermes d’élevage bovin qui étaient en train de détruire la forêt. Mendes considérait les saigneurs d’hévéa comme les gardiens naturels de la forêt.

La fabrique emploie environ 100 personnes et le latex est fourni par près de 700 saigneurs d’hévéa. En plus d’être payés pour leur latex, ces derniers reçoivent une prime pour « services environnementaux », en reconnaissance de leur travail en faveur de la sauvegarde de la forêt. Ceci a grandement amélioré les conditions de vie des saigneurs d’hévéa, par exemple de Sebastiao Teixeira Mendes, le cousin de Chico Mendes, qui obtient pour son latex un revenu garanti plus élevé que ce qu’il pourrait obtenir ailleurs. Il considère les saigneurs d’hévéa comme les « soldats de la forêt, patrouillant et gérant la forêt ».

Lors de l’ouverture de la Natex, la Ministre de l’environnement d’alors, Marina Silva, elle-même fille de saigneurs d’hévéa, s’est montrée convaincue de l’importance de la fabrique : « Ceci est un projet où la haute technologie aidera à préserver l’âme de la forêt ». Et d’ajouter : « La forêt restera la forêt et les saigneurs d’hévéa resteront saigneurs d’hévéa, grâce à une nouvelle manière de produire et de travailler ».

En plus des aspects environnementaux et sociaux de la fabrique, l’autre moteur essentiel du projet a été le besoin du gouvernement d’obtenir un approvisionnement croissant en préservatifs de bonne qualité. La distribution de préservatifs gratuits, couplée à une campagne nationale en faveur de leur utilisation, est au centre de la stratégie de prévention du sida du Gouvernement brésilien.

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La distribution de préservatifs gratuits, cou-
plée à une campagne nationale en faveur
de leur utilisation, est au centre de la stra-
tégie de prévention du sida du Gouver-
nement brésilien.
Photo: ONUSIDA/J.Spaull

Depuis 1994, 1,5 milliard de préservatifs gratuits ont été distribués et il est prévu d’en distribuer 557 millions cette année, pour atteindre 52% de la population. Une étude nationale a relevé le changement dans les attitudes de la population, en montrant que le pourcentage des personnes utilisant un préservatif lors de leur premier rapport sexuel a passé de 10% en 1986 à 47,8% en 1998 et 65,8% en 2005. Une autre étude réalisée en 2004 a montré que 96% de la population adulte citait l’utilisation des préservatifs comme la meilleure méthode de prévention de la transmission du VIH.

En 2007, le gouvernement du Brésil a importé un milliard de préservatifs et projette d’en acheter 1,2 milliard de plus d’ici la fin de l’année. On s’attend à ce que la fabrique parvienne à une production annuelle de 100 à 200 millions de préservatifs et se diversifie dans la fabrication de préservatifs féminins, permettant ainsi au Gouvernement de dépendre beaucoup moins de l’importation.

Même s’il est prévu que les préservatifs soient légèrement plus chers à produire qu’à importer d’Asie, c’est un coût que le Dr Mariangela Simao, Directrice du Programme sida national, est prête à payer car « il est le reflet des avantages sociaux apportés par l’augmentation du revenu des populations autochtones et par une gestion durable des hévéas indigènes ».

Le Directeur de l’ONUSIDA dans le pays, M. Pedro Chequer, qui auparavant était Directeur du Programme sida national et en tant que tel impliqué dans les étapes de planification de la fabrique, affirme qu’elle « reflète le niveau élevé d’engagement politique du gouvernement pour garder le VIH au premier rang des priorités du pays ». Le monde, fait-il observer, est confronté à une énorme pénurie de préservatifs. « En ce qui concerne les préservatifs masculins, le déficit annuel serait d’environ 30 milliards si l’on considère que la moitié de la population masculine mondiale utilise un préservatif une fois par semaine. Il est vrai que la production initiale de 100 millions de préservatifs n’aura pas beaucoup d’effet sur le plan mondial, mais cela aidera le pays à disposer d’un accès garanti à la production de préservatifs ».

Il estime que le Brésil pourrait exporter ce modèle par le biais de joint-ventures avec d’autres pays d’Amérique latine.

Sebastiao Mendes et la communauté locale ont un nom pour Natex qui résume ce qu’ils pensent de la fabrique : « l’usine d’amour ». Il est aisé de voir pourquoi la fabrique soulève tant d’enthousiasme : elle contribue à la riposte au sida, mais aide également à améliorer les conditions de vie de la population locale, tout en préservant dans le même temps la forêt tropicale humide qui est menacée.

Renforcer le travail avec les HSH en Afrique

23 mai 2008

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Dans de nombreux pays africains, la
recherche indique une prévalence du VIH
plus élevée chez les hommes qui ont des
rapports sexuels avec des hommes en
comparaison de ceux qui sont enregistrés
dans la population générale.

« Comme beaucoup d’hommes gays au Kenya, je suis marié, » déclare Peter (prénom fictif), chauffeur de taxi à Nairobi, occupé à faire la navette pour les hommes qui se rendent à la troisième fête organisée dans la capitale kenyane au cours des six derniers mois, et à laquelle participent plusieurs centaines d’hommes qui s’identifient eux-mêmes comme gays et leurs amis.

« Nous devons dissimuler notre sexualité au reste de la société. Ce n’est pas comme en Europe. Mais j’ai une vie agréable, une famille unie et de bons amis et vraiment, je ne peux pas me plaindre. »

Peter, père de deux jeunes enfants, a toujours vécu à Nairobi. Il a décidé de travailler plutôt que d’assister à la fête qui se tient un peu à l’extérieur du centre ville. « J’aurais bien voulu aller à la fête, mais nous avons eu moins de visiteurs au Kenya cette année, et j’ai besoin de cet argent. Ca fait plaisir de se retrouver dans un environnement où on peut se relaxer en sachant que nous sommes tous pareils. Il n’est pas question que les gens puissent être eux-mêmes, comme ici, dans les bars de la ville.

« Parfois un bar commence à être en vogue parmi des groupes de gays mais alors le moment viendra où le propriétaire du bar leur demandera de ne plus revenir car il a peur d’être poursuivi par la loi et peur que les gens pensent que lui aussi est gay. »

La dernière fête de la toute nouvelle scène de Nairobi a été organisée à la veille de la Journée internationale contre l’homophobie. En plus de permettre de danser et de faire des rencontres, elle a aussi offert un espace aux groupes de soutien pour la distribution d’informations sur la prévention du VIH et de nécessaires pour des rapports sexuels à moindre risque, notamment des préservatifs et des lubrifiants, à un groupe d’hommes souvent décrit par les responsables de la santé publique comme ‘difficiles à atteindre’.

Le lendemain, la Commission des droits de l’homme du Kenya, la Commission internationale pour les droits des gays et des lesbiennes ainsi que la Communauté gay et lesbienne du Kenya ont réservé une publicité d’une demi-page dans un grand journal national pour faire la promotion de la Journée internationale contre l’homophobie et les droits des gays et des lesbiennes au Kenya.

En dépit du fait que les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) sont mieux organisés et plus visibles que jamais tant au Kenya que sur le reste du continent, les termes ‘oubliées’ ou ‘de seconde zone’ sont souvent utilisés pour décrire les épidémies de VIH qui se développent sans rencontrer d’obstacle parmi les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes à travers l’Afrique subsaharienne.

Dans de nombreux pays africains, la recherche indique une prévalence du VIH plus élevée chez les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et des taux d’incidence plus élevés pour les relations sexuelles entre hommes en comparaison de ceux qui sont enregistrés dans la population générale. En outre, des niveaux d’infection invariablement plus élevés parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et d’énormes obstacles culturels, sociaux et juridiques – associés à des niveaux élevés de stigmatisation et de discrimination et à la nécessité de s’attaquer au sida au sein de la population générale – ont empêché la fourniture de services de prévention, de soins et de traitement liés au VIH qui soient ciblés sur les HSH.

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Divers projets de recherche et initiatives
du continent indiquent que de nombreux
hommes ayant des rapports sexuels avec
des hommes en Afrique ont également
des partenaires sexuelles féminines et ne
s’identifient pas nécessairement en tant
que gays.

Pour remédier à cette situation, le Conseil national de lutte contre le sida du Kenya a co-organisé une réunion avec le Population Council en mai 2008 afin de réunir des chercheurs, des défenseurs et des responsables de programmes sida en provenance d’autres pays africains pour passer en revue l’état de la recherche et des données probantes autour du VIH et des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes en Afrique.

En ouvrant la réunion, le Professeur Miriam Were, Présidente du Conseil national de lutte contre le sida du Kenya, a reconnu les nombreux défis sociaux et culturels en jeu lorsque l’on aborde le risque accru de VIH que courent les hommes qui ont des rapports sexuels entre eux, et a encouragé les participants à voir les choses en face et à élaborer des ripostes constructives pour lutter contre le VIH parmi les hommes qui ont des rapports avec des hommes.

Des données sur la prévalence, le risque et les comportements liés au VIH au sein des groupes d’hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes ont été présentées sur la base des plusieurs études menées au Kenya ainsi que d’études émanant d’Afrique du Sud, du Malawi, de Namibie, du Nigéria, d’Ouganda et de République-Unie de Tanzanie.

Organisateur de réunions et associé auprès du Population Council, Scott Geibel a déclaré : « Ces dernières années on a vu un accroissement des recherches axées sur les besoins liés au VIH des hommes africains qui ont des rapports sexuels avec des hommes. La recherche contribue à susciter un accroissement des ripostes programmatiques. Au Kenya, nous apprécions particulièrement le fait que le Conseil national de lutte contre le sida ait pris en considération les résultats de nos recherches et leur ait permis d’éclairer leurs prises de décisions politiques.

« Par le biais du partage des enseignements tirés avec d’autres programmes nationaux africains de lutte contre le sida, nous espérons voir une accélération des ripostes au VIH ciblées sur les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes dans la région. »

En avril 2008, l’Open Society Institute in Southern Africa (OSISA), le Projet de l’Open Society Institute sur la santé sexuelle et les droits (SHARP) et l’Ecole de santé publique Bloomberg de l’Université Johns Hopkins, ont organisé une réunion au Cap, en Afrique du Sud, regroupant des organisations œuvrant dans les domaines de la recherche et du plaidoyer, et portant sur la prévalence du VIH parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes en Afrique du Sud, au Botswana, au Malawi et en Namibie.  

Le partenariat de recherche OSISA/SHARP a été lancé en réponse au manque de financement et de programmes œuvrant pour l’accès à la prévention du VIH et aux services de traitement contre le sida qui ciblent les HSH, en dépit de preuves anecdotiques multiples indiquant que les HSH sont une communauté à haut risque de VIH dans la région.

La réunion était destinée à évaluer les études à assise communautaire, gérées par des organisations nationales d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, qui prennent en compte les comportements à risque liés au VIH et décrivent l’épidémiologie de l’infection à VIH parmi les HSH noirs sur des sites urbains dans les quatre pays visés. 

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« La stigmatisation et la discrimination,
même chez les concepteurs de
programmes de lutte contre le sida et les
décideurs, représente toujours un réel
obstacle à l’élargissement. » a déclaré
Andy Seale Conseiller régional principal
de l’Equipe ONUSIDA d’appui aux régions
pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe.

En plus du fait que ces études révèlent des niveaux plus élevés de VIH, d’autres questions importantes qui ressortent de divers projets de recherche et initiatives du continent indiquent que de nombreux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes en Afrique ont également des partenaires sexuelles féminines et ne s’identifient pas nécessairement en tant que gays.

Toutes les études ont estimé que les rapports sexuels anaux réceptifs non protégés étaient les plus risqués pour la transmission du VIH. Le recours au préservatif, bien que souvent plus élevé que parmi les hétérosexuels sexuellement actifs, était fréquemment signalé comme irrégulier et reste souvent relativement faible.

Andy Seale, Conseiller régional principal de l’Equipe ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, a déclaré : « Malgré les preuves toujours plus nombreuses que les hommes ayant des rapports sexuels entre eux sont affectés de manière disproportionnée par les épidémies de VIH généralisées et hyper-endémiques de l’Afrique, ils sont toujours mal ciblés par les plans stratégiques nationaux de lutte contre le sida et par les programmes et services.

« La stigmatisation et la discrimination, même chez les concepteurs de programmes de lutte contre le sida et les décideurs, représente toujours un réel obstacle à l’élargissement. »

Health & Development Networks et SAFAIDS (le service de diffusion de l’information sur le sida en Afrique australe) ont organisé un forum électronique parmi les praticiens œuvrant dans le domaine du sida en Afrique australe, intitulé ‘Mis à l’écart de la prévention’ afin d’identifier les obstacles à l’élargissement.

« Jusqu’ici la discussion nous en a énormément appris – au cours des premières semaines plusieurs messages ont été envoyés de manière anonyme par des gens craignant d’être associés à des travaux axés sur les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et par ceux qui se sentent incapables de s’engager sur ce thème pour des raisons religieuses et morales, » a déclaré Andy Seale.

Le forum électronique a donné lieu à des échanges utiles entre les praticiens de la lutte contre le sida et les organisations LGTBI (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexuels) grâce au partage d’outils, de ressources, de stratégies et d’approches, notamment l’élargissement de la prévention ciblée au niveau communautaire.

« Il est clair que avons encore beaucoup à faire – nous devons mettre de côté les tensions entre les approches fondées sur la santé publique et sur les droits et toutes les questions personnelles entourant la moralité. Dans la région, ceux d’entre nous qui travaillons sur le sida devrions faire en sorte que tous les individus – quelles que soient leurs préférences sexuelles – puissent avoir accès aux services de prévention, de soins et de traitement dont ils ont besoin, » a ajouté Andy Seale.

Les microbicides : les enjeux liés à leur mise au point et à leur distribution (Partie 2)

21 février 2008

La conférence internationale biennale sur les microbicides ‘Microbicides 2008’ se tiendra du 24 au 27 février à New Delhi, avec pour thème « Des efforts en direction de la prévention du VIH ».

La rencontre favorisera un échange de connaissances entre les chercheurs qui œuvrent dans le domaine des microbicides, les agents de santé publique et les organisations de militants et offrira une tribune pour discuter des nouveaux développements en matière de recherche sur les microbicides, notamment la science de base, les essais cliniques et les questions relatives aux sciences sociales ainsi qu’une discussion sur les comportements, l’engagement communautaire et le plaidoyer.

Dans la seconde partie de cette série en deux parties traitant des microbicides, nous nous penchons sur certains de ces sujets.

L’ONUSIDA insiste depuis plusieurs années sur le fait que la mise au point d’un microbicide efficace est une priorité en santé publique et souligne l’importance d’y avoir accès et de disposer de produits abordables. Toutefois, dû au manque d’investissement significatif, le processus de recherche et de développement a été lent et inefficace.

Le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, le Dr Peter Piot, a déclaré « La communauté internationale, notamment le secteur privé, doit continuer à investir dans des techniques de prévention du VIH efficaces qui puissent être utilisées par les femmes ».

« Assurer l’accès à des microbicides sûrs et efficaces sera d’une importance capitale pour tous nos efforts de prévention et pour notre objectif qui consiste à stopper et à inverser le cours de l’épidémie. »


Le prix à payer pour sauver des vies 

Le financement total sur le plan mondial pour la recherche et la mise au point de microbicides en 2006 consenti par les secteurs non commerciaux s’est monté à 217 millions de dollars. Le secteur pharmaceutique choisit d’investir dans la recherche de médicaments antirétroviraux, attiré par un retour sur investissement potentiellement important.

S’il y avait un investissement comparable dans la recherche sur les microbicides, on pense qu’un produit sûr et efficace pourrait être sur le marché bien avant un vaccin. Toutefois, étant donné que tout microbicide devrait être abordable pour les consommateurs parmi lesquels il ferait le plus de différence – les femmes vivant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire – les marges de profit seraient faibles. Cette réalité économique fait de la recherche sur les microbicides un investissement moins intéressant.

En conséquence, pratiquement toutes les recherches sur les microbicides sont menées par de petites sociétés de biotech financées par le secteur public.


Le processus de recherche et développement

La recherche et le développement se poursuivent malgré un écart de financement important. Un investissement accru sera nécessaire pour mener les essais cliniques à leur terme et jeter des bases pour la distribution d’un produit efficace.

Comme c’est le cas pour tous les nouveaux médicaments, les candidats microbicides doivent passer une série de tests de laboratoire suivis d’une série d’essais cliniques chez l’être humain.


 

En quoi consistent les différentes phases d’un essai clinique?

La Phase I d’un essai clinique est la première étape des tests chez l’être humain et elle est destinée à évaluer l’innocuité. Normalement, les essais sont menés dans un contexte hospitalier, où les volontaires peuvent être suivis de près. Un groupe de 20-80 volontaires sains utilisera le produit pendant une à deux semaines.

Une fois que l’innocuité initiale du produit étudié a été confirmée par les essais cliniques de Phase I, les essais de Phase II peuvent être effectués sur des groupes plus importants comportant de 20 à 300 individus ; ils sont destinés à évaluer si le produit marche bien, et à poursuivre les évaluations de son innocuité et de sa tolérabilité dans un plus grand groupe de volontaires pendant une période de 6-18 mois.

Lorsque le processus de mise au point d’un nouveau médicament échoue, cela se produit habituellement durant les essais de Phase II, lorsque l’on découvre que le médicament ne montre aucun signe d’un effet potentiel, ou qu’il a des effets toxiques.

Les études de Phase III sont des essais multicentriques contrôlés et randomisés effectués sur des groupes importants (300-3000 ou davantage) et visent à représenter l’évaluation définitive de l’efficacité et de l’innocuité du médicament. Du fait de leur grande taille et de leur durée (de un à deux ans), les essais de Phase III sont les plus coûteux, ceux qui prennent le plus de temps et sont les plus difficiles à concevoir et à mener.



Un éventail de produits microbicides contraceptifs et non contraceptifs sont actuellement à différentes phases de mise au point et d’essai, notamment 30 candidats dans des essais cliniques. Plus de 30 autres font l’objet de tests précliniques. Jusqu’ici, les résultats ont toutefois été décevants.

La recherche sur les microbicides a essuyé un revers inattendu en février 2007, lorsqu’une étude de Phase III à un stade avancé d’un candidat microbicide, le sulfate de cellulose, a été interrompue prématurément car on a soupçonné que les femmes qui utilisaient le gel couraient un risque plus élevé de contracter une infection à VIH que les femmes du groupe placebo.

Au début de cette semaine, il a été annoncé que le Carraguard, un candidat microbicide qui avait terminé les essais de Phase III à grande échelle n’était pas en mesure de prévenir la transmission du VIH. Fait encourageant, on a constaté que le produit était sûr pour un usage vaginal à long terme. Il s’agit là du premier microbicide ayant achevé les essais de Phase III sans problème d’innocuité. Les chercheurs fondent beaucoup d’espoir sur ces conclusions, sur lesquelles seront fondés les travaux futurs.

« La prochaine génération de produits microbicides à base d’antirétroviraux est très prometteuse. Nous devons absolument mettre au point de meilleurs biomarqueurs pour l’innocuité et améliorer les mesures de l’observance et nous pouvons tirer beaucoup plus d’enseignements des essais qui n’ont pas débouché sur un produit efficace, » a déclaré la Conseillère scientifique principale de l’ONUSIDA, le Dr Catherine Hankins.


Calendrier pour la disponibilité des microbicides

La Campagne mondiale pour les microbicides a estimé que si l’un des produits faisant l’objet d’essais cliniques avancés apportait la preuve de son efficacité, un microbicide pourrait être prêt à être distribué dans un petit nombre de pays d’ici à la fin 2010. Toutefois, si les différents produits en cours de mise au point se révèlent inefficaces, cette période sera plus longue.

 

Considérations éthiques


Les militants et la société civile travaillent d’arrache-pied pour veiller à ce que, au fur et à mesure des progrès de la science, les droits et les intérêts des participants aux essais ainsi que de leurs communautés soient protégés.

Dans les essais de microbicides, on fournit à toutes les femmes un ensemble complet de mesures de prévention du VIH, notamment le conseil sur l’utilisation du préservatif et les rapports sexuels sans risque, un approvisionnement gratuit en préservatifs de haute qualité et un dépistage régulier pour le VIH et les autres infections sexuellement transmissibles.

Les essais correctement menés sont vitaux pour que les femmes aient une perception positive de la participation aux essais – les participantes ont exprimé combien il leur est important d’avoir accès à l’information, d’être traitées avec respect, d’avoir l’opportunité d’être écoutées, d’avoir accès au test VIH et au conseil ainsi qu’aux préservatifs.

Il est également vital que la conception des essais prenne en compte les perceptions sociales et communautaires du VIH sur le plan local, la santé et la sexualité, et que les participantes qui sont infectées par le VIH au cours ou à la suite des essais aient accès aux services de soins et d’appui.

L’ONUSIDA et l’AVAC ont publié le « Guide des bonnes pratiques de participation aux essais de méthodes biomédicales de prévention du VIH », qui expose 10 principes pour l’engagement communautaire tout au long du cycle des essais.

Un consensus international a été établi et décrit sous forme de 19 éléments d’orientation sur toute une gamme de sujets notamment la confidentialité, le consentement éclairé, les groupes contrôles et les dommages potentiels, dans le document d’orientation ONUSIDA/OMS « Considérations éthiques relatives aux essais de méthodes biomédicales de prévention du VIH ».


Prochaines étapes

La conférence sur les microbicides de la semaine prochaine représentera un forum important pour débattre des enjeux liés à la recherche, au financement, aux essais cliniques et aux considérations éthiques.

Des experts se réuniront pour prendre connaissance des derniers développements des essais relatifs aux produits candidats actuels et émergents et débattront de toute une gamme de sujets. La Conseillère scientifique principale de l’ONUSIDA, le Dr Catherine Hankins, fera des présentations sur les implications des résultats des essais relatifs à la circoncision masculine pour la recherche sur les microbicides et communiquera les conclusions de la consultation de décembre 2007 intitulée « Faire que les essais VIH marchent pour les femmes et les adolescentes ».

Le Directeur exécutif de l’ONUSIDA, le Dr Peter Piot, s’exprimera à l’occasion de la cérémonie de clôture de la conférence à laquelle participeront des politiciens, des décideurs, des scientifiques, des militants communautaires et autres experts dans le domaine du sida.

La London School of Hygiene and Tropical Medicine a estimé à l’aide de modèles mathématiques que l’introduction d’un microbicide même efficace à 60% dans les 73 pays à revenu le plus faible du monde et qui ne serait utilisé que par 20% des femmes déjà en contact avec les services de santé pourrait éviter jusqu’à 2,5 millions d’infections en trois ans.

De nombreux observateurs sont confiants dans le fait qu’un microbicide efficace pourrait avoir un impact significatif sur la prévention du VIH à travers le monde, et l’attente est d’autant plus frustrante, les échecs sont d’autant plus décevants.

Les microbicides : pourquoi sont-ils importants ? (Partie 1)

20 février 2008

Préalablement à la conférence internationale biennale Microbicides 2008, qui aura lieu du 24 au 27 février à New Delhi, nous nous penchons sur les microbicides. Dans la partie 1 de cette série en deux parties, nous voyons pourquoi on les considère comme importants dans la riposte au VIH. Dans la partie 2 nous reviendrons sur les enjeux de cette technique biomédicale de prévention.

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Si les recherches sur un vaccin contre le
VIH semblent devoir se poursuivre
pendant quelques années, nombreuses
sont les personnes qui pensent qu’avec un
investissement similaire, un microbicide
pourrait être mis au point avec succès
beaucoup plus rapidement.

Avec 2,5 millions de personnes nouvellement infectées par le VIH en 2007, on s’accorde à penser partout dans le monde que de nouvelles techniques de prévention du VIH sont nécessaires pour compléter les stratégies existantes.

Si les recherches sur un vaccin contre le VIH semblent devoir se poursuivre pendant quelques années, nombreuses sont les personnes qui pensent qu’avec un investissement similaire, un microbicide pourrait être mis au point avec succès beaucoup plus rapidement. Un microbicide efficace offrirait une protection significative pour les femmes qui représentent près de la moitié de l’ensemble des personnes vivant avec le VIH à travers le monde.

L’ONUSIDA collabore avec plusieurs réseaux œuvrant dans le domaine des microbicides afin de mettre en lumière le besoin crucial d’options de prévention contrôlées par les femmes.

Avec d’autres défenseurs dans le monde, l’ONUSIDA continue de souligner l’importance d’un effort concerté pour la mise au point de microbicides et pour les rendre accessibles aux personnes qui en ont besoin. Il est vital de prendre en compte les besoins des femmes en matière de prévention du VIH si l’on veut inverser le cours de l’épidémie.

Pourquoi les femmes nécessitent-elles une protection spécifique contre le VIH ?

C’est une triste réalité que de constater que nombreuses sont les femmes à travers le monde qui n’ont pas le pouvoir de décision pour tout ce qui touche à leur propre corps.

Des normes sociales et culturelles profondément ancrées et les effets des inégalités entre les sexes signifient que bien des femmes et des filles vivent avec la violence ou la menace de violence et sont incapables de négocier avec succès la fidélité ou l’usage du préservatif.

Les femmes qui vendent des services sexuels sont souvent dans l’impossibilité de négocier le port du préservatif avec leurs clients.

Et même les femmes qui s’abstiennent de rapports sexuels avant le mariage et n’ont qu’un seul partenaire sexuel peuvent être vulnérables aux infections sexuellement transmissibles si leur partenaire a des rapports non protégés avec d’autres femmes ou avec des hommes.

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« Les microbicides seront un outil essentiel
pour émanciper les femmes, et pour
stopper la propagation alarmante de
l’infection à VIH chez les femmes » - la
Directrice de la Coalition mondiale sur les
femmes et le sida, Kristan Schoultz.
Photo : ONUSIDA/C.Gira.

Du fait de différences biologiques, lors de rapports hétérosexuels non protégés, les femmes sont au moins deux fois plus susceptibles que les hommes de contracter le VIH d’un partenaire infecté. Les données sur le VIH le confirment ; par exemple chez les jeunes (15-24 ans) en Afrique subsaharienne, on estime que trois jeunes femmes sont séropositives au VIH pour chaque jeune homme

Les experts estiment que si les femmes ont l’option d’utiliser un microbicide pour se protéger contre le VIH, cela pourrait faire toute la différence dans leur vie.

« Un homme peut refuser de porter un préservatif et sa partenaire peut ne pas être en mesure d’insister. L’accès à des microbicides sûrs et efficaces donnera aux femmes plus de choix et les aidera à prendre en charge leur santé sexuelle et leur avenir, » a déclaré la Directrice de la Coalition mondiale sur les femmes et le sida, Kristan Schoultz.

« Les microbicides seront un outil essentiel pour émanciper les femmes et pour stopper la propagation alarmante de l’infection à VIH parmi les femmes, » a-t-elle ajouté.

Qu’est-ce qu’un microbicide ?

Un microbicide est un composé qui vise à réduire l’infectiosité des virus ou bactéries. Le terme se réfère désormais à un produit potentiel qui empêcherait la transmission du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles (IST) à l’intérieur du vagin. Un microbicide rectal agirait de la même façon pour protéger les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ainsi que les femmes lors de rapports par voie anale.

Différents candidats microbicides font actuellement l’objet de recherches et de développement ; un grand nombre d’entre eux se présentent sous forme de gel ou de crème à appliquer sur la surface du vagin. Les scientifiques étudient également d’autres manières d’utiliser le médicament comme par exemple au moyen d’un anneau qui serait inséré dans le vagin et permettrait la libération contrôlée d’un microbicide efficace.

Mécanismes d’action

Un microbicide topique efficace – appliqué sur la surface du vagin – agirait probablement de plusieurs manières. Les scientifiques mènent des recherches sur différents produits qui:

  1. Tueraient les organismes pathogènes sans endommager les cellules saines du vagin
  2. Renforceraient le système de défense naturel du corps en augmentant l’acidité naturelle du vagin ce qui inactiverait les virus et bactéries pathogènes
  3. Empêcheraient le virus de pénétrer dans les globules blancs – les cellules cibles du VIH
  4. Inhiberaient la réplication du virus en utilisant des dérivés de médicaments antirétroviraux.


Pour certaines femmes, il est important que l’action du microbicide ne nuise pas à leur capacité à concevoir un bébé. Des microbicides contraceptifs et non contraceptifs sont actuellement en cours de mise au point, ainsi que des microbicides rectaux pour les femmes hétérosexuelles et les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes.

Pas une potion magique

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La conférence internationale biennale sur
les microbicides ‘Microbicides 2008’ se
tiendra du 24 au 27 février à New Delhi.
Son thème sera « Des efforts en direction
de la prévention du VIH ».
Photo : Microbicides 2008.

Certains partisans estiment que la mise au point réussie d’un microbicide représenterait une émancipation significative pour les femmes qui, du fait de considérations culturelles, économiques et sociales, sont privées de pouvoir et incapables de se protéger contre le VIH.

Avec des enjeux aussi importants, les microbicides semblent être une solution très séduisante. Les experts sont toutefois bien conscients de la complexité des travaux de recherche et de l’efficacité des médicaments, et recommandent la prudence pour éviter de susciter des attentes irréalistes.

Les produits microbicides couronnés de succès seront partiellement protecteurs. S’ils peuvent être efficaces jusqu’à 80% pour prévenir la transmission du VIH au cours des rapports sexuels, ils devront être complétés par d’autres outils de prévention au moyen d’une stratégie associant plusieurs mesures de prévention.

Un ensemble complet de mesures de prévention comprend, mais ne s’y limite pas, le fait de retarder le début de l’activité sexuelle, la fidélité mutuelle, la diminution du nombre de partenaires sexuels, des rapports sexuels sans pénétration, les rapports sexuels à moindre risque, notamment l’utilisation correcte et régulière du préservatif masculin et féminin, et le traitement précoce et efficace pour les infections sexuellement transmissibles.

Dans la partie 2, nous examinons les enjeux actuels de la recherche et de la mise au point de microbicides et nous efforçons de comprendre pourquoi il y a un écart de financement aussi important entre ce qui est nécessaire pour mener les essais cliniques à leur terme et jeter les bases d’une distribution efficace et ce qui est actuellement disponible. Nous étudions également les considérations éthiques relatives aux essais cliniques.

Vue d’ensemble de la Conférence 2008 sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI)

18 février 2008

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La 15e Conférence sur les rétrovirus et les
infections opportunistes s’est tenue à
Boston du 4 au 6 février 2008.
Photo: CROI.

La Conférence annuelle sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) a débuté en 1994 en tant que modeste réunion de scientifiques étudiant le VIH et de cliniciens traitant les personnes infectées par le VIH. Aujourd’hui, c’est l’une des rencontres annuelles les plus importantes sur le VIH, qui offre un forum aux scientifiques de base, investigateurs cliniques et chercheurs dans le domaine de la santé mondiale dont l’objectif est de présenter, de discuter et de passer en revue leurs investigations en matière d’épidémiologie et de biologie des rétrovirus humains et des maladies qu’ils provoquent.

La 15e CROI s’est clôturée le 6 février à Boston, et si les résultats des essais annoncés étaient peu encourageants, de nombreux thèmes importants ont été abordés. L’absence d’une avancée scientifique dans le domaine du développement de vaccins contre le VIH souligne la nécessité d’intensifier les stratégies existantes de prévention et de traitement.

Essai lié au VHS-2 – Aucune réduction du risque n’a été observée

Des résultats décevants ont été annoncés à la suite d’essais menés pour voir si le traitement courant contre le virus qui provoque l’herpès chez l’être humain, le virus de l’herpès simplex de type 2 (VHS-2), pourrait diminuer le risque de transmission du VIH. On a demandé à des individus séronégatifs au VIH infectés par le VHS-2 de prendre un traitement contre les poussées d’herpès. Toutefois, les résultats des essais n’ont montré aucune différence des taux d’infection à VIH entre les individus qui avaient pris les médicaments et ceux qui ne les avaient pas pris.

Les données scientifiques indiquent un lien entre l’infection à VHS-2 et la prédisposition à contracter l’infection à VIH, et d’autres essais en cours étudient différents aspects de ce lien. Les chercheurs font donc preuve d’un espoir prudent à propos de cette piste de recherche.

Circoncision masculine

Des données publiées récemment émanant des études sur la circoncision masculine menées en Ouganda qui ont été interrompues en décembre 2006 ont été présentées par une chercheuse, Maria Wawer. Un essai a étudié si la circoncision chez un homme séropositif au VIH diminuait le risque de transmission du VIH à sa partenaire féminine séronégative. Les résultats ont fait état d’une tendance à l’accroissement de la transmission du VIH de l’homme à ses partenaires féminines. Cette tendance était plus nette, bien que toujours non statistiquement significative, lorsque les hommes reprenaient une activité sexuelle avant la cicatrisation complète de leur plaie.

Ces données ne sont pas nouvelles, mais leur présentation lors de la CROI a donné l’occasion d’en débattre et d’analyser leurs implications. Les défenseurs ont souligné la nécessité pour tous les programmes de circoncision masculine de prendre en compte directement la vulnérabilité accrue à l’infection du fait des rapports sexuels avec un homme séropositif au VIH récemment circoncis.

Le Dr Catherine Hankins, Conseillère scientifique principale à l’ONUSIDA, a déclaré : « Cela souligne l’importance de considérer la circoncision masculine dans le cadre d’un ensemble complet de mesures de prévention comprenant le conseil destiné aux couples et les recommandations post-chirurgicales impliquant les deux partenaires. Les couples doivent envisager un engagement mutuel en faveur de l’abstinence jusqu’à cicatrisation complète de la plaie. »

Les directives de l’ONUSIDA recommandent que tous les hommes subissant une circoncision devraient recevoir des informations claires et un soutien afin qu’ils s’abstiennent de rapports sexuels jusqu’à ce que la cicatrisation de la plaie soit certifiée, ce qui peut prendre normalement jusqu’à six semaines, pour éviter d’accroître le risque de contracter ou de transmettre le VIH.

Le plus important, c’est que les individus doivent comprendre que la circoncision masculine ne confère pas une protection complète contre l’infection à VIH et qu’elle ne doit pas remplacer d’autres stratégies de prévention telles que l’usage correct et régulier du préservatif masculin et féminin, la diminution du nombre de partenaires sexuels, le fait d’éviter la pénétration, et le traitement des maladies sexuellement transmissibles.

Vaccins 

En septembre dernier, le candidat vaccin contre le VIH de Merck à base d’adénovirus a été un échec décevant. Le consensus émanant des experts lors de la CROI est qu’il était important que les scientifiques reprennent leurs travaux de base pour mieux comprendre l’action du virus et les réponses du système immunitaire. On a appelé à un investissement accru dans la recherche scientifique de base et à mettre moins d’accent sur les essais cliniques coûteux, bien que les deux soient évidemment nécessaires.

Il est de plus en plus accepté que la quête d’un hypothétique vaccin contre le VIH va se poursuivre pendant un certain temps. Cela souligne la nécessité d’intensifier les stratégies existantes de prévention et de traitement ainsi que l’importance d’améliorer l’accès des individus à l’information en matière de santé sexuelle, l’accès aux services de test VIH et de conseil et aux préservatifs masculins et féminins.

D’autres thèmes intéressants discutés lors de la CROI comprenaient notamment un meilleur dépistage de la tuberculose, la garantie d’une représentation satisfaisante des femmes dans les essais liés au VIH, le vieillissement et le sida, ainsi que la prise en charge des enfants et des adolescents affectés.

Initiative mondiale pour interrompre la propagation du VIH parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes

24 juillet 2007

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Il est malheureusement vrai que trop souvent, les personnes les plus exposées au risque et celles qui ont le plus besoin de programmes de prévention du VIH, de traitement et de soins sont également celles qui ont le moins de chances d’accéder à ces services. On estime par exemple qu’à l’échelon mondial, moins d’un homme sur 20 ayant des rapports sexuels avec des hommes a accès à ce type de services.

Pour tenter d’intensifier les actions engagées et interrompre la propagation du VIH parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, la Fondation américaine pour la Recherche sur le sida (amfAR) a lancé une initiative d’appui aux organisations communautaires de HSH lors de la Conférence internationale de Sydney sur le sida.

L’initiative soutiendra directement les organisations communautaires, mais plaidera aussi en faveur d’une intensification de la recherche sur les questions liées aux HSH et financera des actions de sensibilisation à l’échelon mondial dans le but de mobiliser des fonds auprès des donateurs internationaux, des gouvernements et autres. Le programme de sensibilisation s’attachera en outre à lancer des campagnes destinées à éliminer toute forme de stigmatisation, de discrimination et de violence qui menacent la vie des HSH et alimentent la propagation du sida.

« Donner aux HSH et aux autres groupes marginalisés les moyens de se protéger du VIH constitue l’une des priorités majeures de la planète en matière de santé, » a déclaré le Dr Peter Piot, Directeur exécutif de l’ONUSIDA.

Il s’agit là d’une initiative importante, les données recueillies et l’expérience acquise ayant démontré qu’articuler les programmes et les services associés au sida autour des populations les plus exposées au risque faisait avancer la riposte et contribuait à réduire la stigmatisation et la discrimination.

Au Bangladesh par exemple, les puissantes campagnes de sensibilisation organisées par la Banhu Social Welfare Society dans le cadre d’un travail en réseau et d’interventions lors de réunions gouvernementales notamment, ont permis d’intégrer les questions liées aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes au Plan stratégique national quinquennal de lutte contre le VIH et le sida.

En Indonésie, le Programme Aksi Stop AIDS et Family Health International ont collaboré avec les pouvoirs publics indonésiens pour mettre en lumière la contribution susceptible d’être fournie par les groupes d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Ces groupes participent dorénavant régulièrement aux consultations organisées par le Ministère de la Santé sur le sida..

Pourtant, dans de nombreux pays, les efforts de prévention sont entravés par des lois qui criminalisent les rapports sexuels entre hommes, rendent difficiles les activités avec ces groupes et bloquent leur contribution à la riposte à l’épidémie. Lorsque les attitudes sociales, culturelles et religieuses rendent ce sujet sensible sur le plan politique, il arrive que les politiciens hésitent à soutenir des politiques et programmes susceptibles d’entraîner une critique publique de la part des responsables communautaires et de la population.

D’insuffisants travaux de recherche sur la question des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, notamment sur les comportements et attitudes, ainsi que sur la criminalisation, la stigmatisation et la discrimination juridique à leur endroit constituent autant d’obstacles importants à l’exécution de programmes efficaces.

« Après un quart de siècle d’épidémie, les HSH de nombreux pays ne disposent toujours pas des outils les plus élémentaires pour se protéger du VIH, » a expliqué Kevin Frost, PDG par intérim d’amfAR. « Nous devons avoir le courage d’épauler les organisations communautaires qui montent au front, dispensant des services et exigeant davantage des pouvoirs publics. Si elles sont financées et soutenues, ces organisations peuvent changer les attitudes et les politiques et mobiliser des fonds pour suspendre la propagation du VIH parmi les HSH. »




Liens

Davantage d’informations sur l’Initiative HSH (en anglais)
Télécharger dans la Collection des Meilleures Pratiques : Le VIH et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes dans la Région Asie/Pacifique (pdf, 1,11 Mb) (en anglais)
Davantage d’informations à lire sur les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes
Télécharger le document de politique générale sur les HSH (frenesrupt(pdf, 232 Kb | 226 Kb | 237 Kb | 429 Kb | 130 Kb)

Record mondial pour une chaîne de préservatifs en Thaïlande

02 avril 2007

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Le 1er Décembre 2006, l’ONUSIDA s’est jointe à un large éventail de partenaires des Nations Unies et de Thaïlande pour organiser une manifestation qui ait un réel impact à l’occasion de la Journée mondiale sida.

La Thaïlande n’a pas seulement accueilli un événement festif qui a rassemblé les foules, mais elle a capté l’attention de la communauté internationale en tentant de créer la plus longue chaîne de préservatifs au monde.

A la fin du mois de mars, la confirmation est tombée : d’une longueur de 2 715 mètres, la chaîne de préservatifs établit un nouveau record pour le livre Guiness des Records (Guiness World RecordTM).

La fabrication de cette chaîne de préservatifs la plus longue au monde était l’un des événements du ‘Condom Chain of Life Festival’, une célébration unique de la Journée mondiale sida qui s’est tenue au parc Lumpini à Bangkok. Le festival était organisé par l’UNESCO-Bangkok en collaboration avec la Croix-Rouge thaïlandaise, PLAN Thaïlande, l’ONUSIDA et des ONG locales, pour promouvoir l’acceptation des préservatifs, insister sur la nécessité de rapports sexuels protégés, et encourager le renforcement de politiques nationales globales de traitement, de soins et de soutien pour les personnes vivant avec le VIH et affectées par le virus.

Le Sénateur Mechai Viravaidya, Représentant spécial de l’ONUSIDA, bien connu pour ses efforts novateurs de prévention du VIH en Thaïlande, a lancé la fabrication de la chaîne.

Patrick Brenny, Coordonnateur de l’ONUSIDA en Thaïlande, raconte à www.unaids.org comment la tentative de record du monde a été conçue et son importance pour la riposte thaïlandaise au sida (cliquer sur le lien ci-dessous pour écouter l’interview).




Liens:

Ecouter l’interview du Coordonnateur de l’ONUSIDA en Thaïlande (mp3, 3 Mb) (en anglais)

Lire le communiqué de presse de l’UNESCO : Record établi pour la plus longue chaîne de préservatifs au monde (pdf, 62,3 Kb) (en anglais)

Des experts internationaux examinent la question de la circoncision masculine

07 mars 2007

Des experts venus du monde entier se réunissent cette semaine à Montreux, en Suisse, pour examiner les résultats de récents essais montrant que la circoncision masculine réduit de près de 60% le risque qu’un homme contracte le VIH au cours de rapports sexuels vaginaux. Ces résultats, annoncés en décembre 2006 et détaillés dans de récents articles publiés dans la revue The Lancet ont suscité intérêt et débat dans le monde du VIH. La circoncision masculine constitue-t-elle un pas en avant aussi important que le prétendent ses partisans ?

Le Dr Kim Dickson, du Département VIH/sida de l’Organisation mondiale de la Santé, est une personnalité reconnue et respectée dans le domaine de la santé reproductive et du VIH. Elle coordonne actuellement le groupe de travail commun OMS/ONUSIDA sur la circoncision masculine et la prévention du VIH ainsi que l’Equipe spéciale interinstitutions sur la circoncision masculine et la prévention du VIH. Elle a aimablement accepté de répondre à nos questions concernant la réunion et les résultats qu’on en attend.

 

Unaids.org : Dr Dickson, vous coordonnez le groupe de travail commun OMS/ONUSIDA sur la circoncision masculine et la prévention du VIH. Pouvez-vous nous dire pourquoi l’OMS et l’ONUSIDA organisent cette réunion sur la circoncision masculine ?

KD: Lorsque les Instituts nationaux de la santé des Etats-Unis ont décidé, en décembre 2006, de mettre un terme à deux essais qu’ils finançaient au Kenya et en Ouganda sur la circoncision masculine et le VIH, il nous est apparu que nous devions évaluer la circoncision masculine en tant qu’intervention éventuelle de santé publique dans la riposte au sida. Les essais, présentés récemment en détail dans The Lancet, ont confirmé plusieurs études antérieures qui avaient observé que la circoncision masculine réduisait de manière significative le risque pour un homme de contracter le VIH au cours de rapports sexuels vaginaux.

Il était important que l’Organisation mondiale de la Santé et le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida examinent les résultats de ces recherches et réfléchissent à ce qu’ils signifient pour les politiques et programmes de prévention du VIH dans les pays. Il a donc été décidé de réunir autour d’une table autant de parties prenantes que possible pour examiner un grand nombre des questions soulevées par la circoncision masculine et en débattre, et si possible apporter une orientation et des recommandations aux Etats Membres et aux autres entités intéressées.

 

Unaids.org: Combien de participants suivront-ils cette réunion et que représentent-ils ?

KD: Nous avons invité les chercheurs des essais à présenter leur méthodologie et leurs résultats. Nous avons également invité d’autres scientifiques, représentant diverses disciplines, telles que les sciences sociales, les droits humains et les communications, qui poseront aux chercheurs des questions ne figurant pas nécessairement dans le cadre de leurs essais. Nous avons en outre 16 représentants des Etats Membres et 11 de la société civile, dont des spécialistes de la santé de la femme et un représentant du Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH, qui présenteront leur propre analyse des résultats et parleront des problèmes qu’ils rencontrent dans leurs pays et dans le contexte de leurs activités.

Nous nous sommes attachés à inviter des personnes représentant des opinions diverses. Enfin, nous avons également huit organismes de financement et six partenaires d’exécution qui se joindront aux discussions. Au total nous attendons près de 80 participants à Montreux. Il va sans dire que nous nous attendons à des débats intenses qui soulèveront de nombreuses questions délicates.

 

Unaids.org: Qu’attendez-vous de cette réunion ?

KD: Le résultat le plus immédiat, c’est le débat qui se tiendra cette semaine. C’est la première fois qu’un tel éventail de parties échangent leurs vues et débattent des conséquences de la circoncision masculine en tant que mesure supplémentaire de prévention dans le cadre de la riposte au sida. A ce stade, nous ne pouvons anticiper les résultats. Nous terminerons peut-être notre réunion avec davantage de questions que nous ne l’avons commencée, mais j’espère qu’il sera répondu à certaines des questions au moins et que nous serons en mesure de formuler quelques recommandations.

La réunion définira également les prochaines étapes de notre action. Dans tous les cas le rapport de la réunion sera rendu public peu après la réunion.

Enfin, je tiens à souligner une fois encore que notre objectif est d’examiner la circoncision masculine en tant que méthode supplémentaire de prévention qui devra toujours faire partie d’un ensemble complet de mesures qui comprend, entre autres, l’utilisation correcte et systématique des préservatifs masculins et féminins, le report du début de l’activité sexuelle et la réduction du nombre des partenaires sexuels. La réunion examinera comment renforcer notre communication afin de ne pas entraver les autres méthodes de prévention si nous souhaitons élargir les services de circoncision masculine.

Si les Nations Unies décident de formuler des orientations à l’intention des pays sur la circoncision masculine en tant qu’intervention de santé publique aux fins de la prévention du VIH, il faudra la promouvoir comme intervention ‘supplémentaire’ aux autres mesures actuelles de prévention du VIH et non pas comme alternative. Les gens doivent comprendre que la circoncision masculine ne confère pas une protection complète et ils doivent être encouragés à utiliser plus d’une méthode de prévention parmi les choix qui leur sont offerts.




Liens:

Lire les trois parties de la série sur la circoncision masculine :

Partie 1 – La circoncision masculine: contexte, critères et culture

Partie 2 – La circoncision masculine et le VIH: la recherche aujourd’hui

Partie 3 – Aller de l’avant: politique et action des Nations Unies sur la circoncision masculine


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