Feature Story

Tous unis pour lutter contre l’exclusion des populations clés en Afrique Centrale

03 octobre 2019

En Afrique de l’ouest et centrale, les populations clés (consommateurs de drogues injectables, homosexuels et hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes, transgenres, personnes faisant commerce du sexe et prisonniers) et leurs partenaires sexuels représentent plus de 64% des nouvelles infections à VIH en 2018. (Rapport annuel ONUSIDA, juillet 2019).

Selon le Dr Manuel-Nso Obiang Ada, Secrétaire Exécutif de l’OCEAC, « Les efforts de réduction de la stigmatisation et discrimination envers les personnes vivant avec le VIH et notamment les populations clés sont loin d’occuper la place qu’ils méritent, y compris dans les centres sanitaires. » 

C’est pour cela que l’OMS et l’ONUSIDA encouragent les pays de la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale) à investir davantage dans des interventions structurelles afin de mieux comprendre et répondre aux besoins de ces populations marginalisées, et à fournir des services sans stigmatisation ni discrimination.

 Récemment, l’organe de santé de la CEMAC, l’OCEAC (l’organisation de coordination pour la lutte contre les endémies en Afrique Centrale)  s’est réuni  à Yaoundé, avec des représentants des populations clés, afin d’adopter une feuille de route pour parvenir à la validation d’une Déclaration politique multisectorielle en 2020 en faveur des population clés dans la région.  

Les pays représentés dans la CEMAC sont le Cameroun, la République centrafricaine, le Congo, le Gabon, la Guinée-Equatoriale, et le Tchad.

Comme le précise Dr Casimir Manzengo, conseiller médical au bureau Régional Afrique de l’OMS, « Les populations clés jouent un rôle important dans la survenue de l’épidémie du VIH/sida dans le monde, ainsi, elles doivent aussi jouer un rôle de premier rang dans les efforts de l’élimination de l’épidémie.»

Pour Savina Ammassari, Directrice Bureau Pays ONUSIDA au Cameroun, elle espère que l’initiative de la déclaration réduira les inégalités. Selon elle, « Aucune société ne peut s’épanouir et se développer dans l’exclusion. Nous avons tous des valeurs humaines en commun et nous sommes un même peuple dans nos différences.» 

Region/country

Feature Story

Avantages et inconvénients d'être un petit pays

27 septembre 2019

Être un petit pays présente des avantages. Dans les Caraïbes, il est en effet rare que la clinique ou l'hôpital local soit très éloigné. La région enregistre des résultats satisfaisants pour prévenir les nouvelles infections au VIH chez les enfants. Elle s'appuie pour cela sur des systèmes efficaces de soins de proximité et sur un solide accès aux soins pour les femmes enceintes. L'Organisation mondiale de la santé a validé l'élimination de la transmission du VIH de la mère à l'enfant dans sept îles caribéennes au profil très différent : il s'agit aussi bien de Montserrat, un territoire britannique d'outre-mer avec sa population de 5 000 personnes, que de Cuba et ses 11 millions d'habitants. 

Antigua-et-Barbuda a obtenu en 2017 sa validation concernant l'élimination de la transmission du VIH de la mère à l'enfant. Selon la cheffe du service médical, Rhonda Sealey-Thomas, le ministère de la Santé a réfléchi à des stratégies pour s'assurer que les femmes enceintes se sentent autonomes et soutenues afin de commencer le plus tôt possible les soins prénatals. Ce pays composé de deux îles a adopté un modèle de soin aux communautés consistant en des visites à domicile d'infirmières afin d'encourager les femmes à se rendre dans les établissements de santé au tout début de leur grossesse et à respecter leurs rendez-vous médicaux. Le pays s'appuie sur ses 26 cliniques communautaires pour garantir que chaque femme puisse accéder facilement aux soins prénatals.

Aux Bahamas, le ministre de la Santé et la riposte au sida au sens large s'efforcent de décrocher la validation. L'archipel figure parmi les cinq états caribéens à avoir atteint une couverture totale du diagnostic précoce chez le nourrisson en 2018.

Nikkiah Forbes, directrice du National HIV/AIDS and Infectious Disease Programme auprès du ministère de la Santé bahamien, souligne l'importance d'avoir un système de santé solide offrant des soins prénatals gratuits et des laboratoires performants. Les soins prénatals sont universels aux Bahamas et dispensés dans le réseau de cliniques de proximité de l'archipel. Les mères sont encouragées à commencer dès que possible un traitement, et un test du VIH leur est proposé lors de la première visite. Un nouveau dépistage en laboratoire est effectué à la 32e semaine. Des infirmières spécialisées s'assurent que l'ensemble des mères et des nouveau-nés continuent de recevoir des soins et obtiennent toute l'aide supplémentaire nécessaire.

« Il est indispensable de se rendre sur le terrain afin d'apporter des traitements contre le VIH. Nous nous rendons dans les cliniques pour rencontrer les femmes et leur fournir de l'aide ainsi que des conseils. Nous allons chez elles et dépistons leur compagnon. Nous assurons un véritable suivi afin d'acquérir la certitude qu'elles viennent à la clinique, se sentent bien et que tout se passe rapidement. Nous vérifions qu'elles obtiennent leurs médicaments, tous leurs résultats d'analyse en laboratoire et qu'elles bénéficient d'un soutien nutritionnel. Si elles ne viennent pas à nous, alors nous allons à elles », explique une infirmière.

Mais avoir une faible population n'est pas non plus sans poser de problèmes. La population migrante, par exemple, se sent souvent plus vulnérable, car s'adresser à des services de santé les fait sortir de l'anonymat. Antigua-et-Barbuda garantit des soins de santé à l'ensemble de la population migrante. « Les services dans les cliniques de santé communautaires sont gratuits. La nationalité ne joue aucun rôle. Si la population migrante n'a pas les moyens d'accéder aux soins de santé, cela coûte plus cher à la société sur le long terme. En protégeant sa santé, nous protégeons indirectement celle de nos citoyennes et citoyens », explique Mme Sealey-Thomas.

Aux Bahamas, des mesures existent également pour garantir l'accès aux soins à la population migrante en provenance de Haïti. « Nous avons des interprètes qui parlent le créole haïtien dans une clinique délivrant tous les services. Les documents de prévention sont aussi disponibles dans cette langue », indique Mme Forbes.

En revanche, pour les personnes appartenant à une communauté étroitement soudée, nous veillons à accorder une grande attention au renforcement de la confidentialité ainsi qu'à la prévention de la stigmatisation et de la discrimination dans les situations de soin. Dans toute la région, le personnel soignant reçoit des formations pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination et prévenir les complications, comme les préjugés inconscients et la confidentialité.

Toutefois, quel que soit le pays caribéen, la probabilité est assez élevée de connaître ou reconnaître quelqu'un dans un établissement de soin. Ces pays doivent relever ce défi afin d'accélérer les avancées dans toute l'offre de soins, aussi bien pour les adolescentes et adolescents, que les femmes et les hommes.

Feature Story

Le VIH dans les petits États insulaires en développement

27 septembre 2019

« Je ne suis pas prête pour parler de mon statut à quelqu’un ni pour le rendre public. J’ai peur de l’isolement, de la stigmatisation et des discriminations. Personnellement, je préfère être la seule personne à connaître mon statut, plutôt que d’en parler à d’autres », explique Mara John (nous avons modifié son nom), une habitante d’une île du Pacifique vivant avec le VIH. De nombreuses personnes séropositives résidant dans un petit État insulaire en développement (PEID) partagent de telles expériences marquées par l’isolement, l’autostigmatisation, la pauvreté et la privation de droits fondamentaux.

Le 27 septembre, les États membres des Nations Unies se sont rassemblés au cours d’une réunion de haut niveau sur les PEID organisé lors de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York aux États-Unis. Dans son rapport publié en amont du sommet, le Secrétaire-Général des Nations Unies a indiqué que les PEID, en particulier dans les Caraïbes, sont toujours confrontés à des « taux élevés de chômage chez les jeunes, de pauvreté, de grossesses chez les adolescentes et à une exposition importante à l'infection au VIH. »

Les PEID forment un groupe de 38 pays, dont des îles du Pacifique et des Caraïbes. Depuis la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, aussi connue sous l’abréviation Rio+20 qui a eu lieu en juin 2012, ils jouissent d’un soutien spécial au titre des contraintes propres à leur situation (taille de leur territoire, isolement ou exposition au changement climatique, par ex.). En 2014, les États membres des Nations Unies ont adopté les Modalités d’action accélérées des petits États insulaires en développement pour mettre en avant les actions pour le développement durable dans les PEID, ce qui inclut un engagement en faveur de l’accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l’assistance liés au VIH, ainsi que l’éradication de la transmission du virus de la mère à l’enfant.

Alors que la situation s’est améliorée dans les PEID, de grandes disparités distinguent, par exemple, Cuba, premier pays au monde à avoir été certifié en 2015 comme ayant éliminé la transmission du VIH de la mère à l’enfant, et l’île Maurice où l’on estime que 30 % des personnes consommant des drogues injectables vivent avec le VIH.

« Les Objectifs de développement durable mettent l’accent sur l’importance de n’oublier personne. Cela prend un sens particulier pour les personnes vivant avec le VIH vivant dans des petits États insulaires en développement, car elles sont confrontées à l’isolement, à la stigmatisation et aux discriminations, ainsi qu’aux inégalités. Nous devons multiplier nos efforts pour nous assurer qu’elles obtiennent les services nécessaires », a déclaré Gunilla Carlsson, Directrice exécutive par intérim de l’ONUSIDA.

De manière générale, dans les petites îles, les populations clés, notamment les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les personnes transgenres, les professionnel(le)s du sexe et les toxicomanes s’injectant des drogues, sont surreprésentées parmi les victimes du VIH. Dans certains PEID, cependant, le virus a également un impact considérable sur le reste de la population. Alors que les populations clés et leurs partenaires sexuels représentent 47 % des nouvelles infections au VIH dans les Caraïbes en 2018, plus de la moitié des nouvelles contaminations touchent le reste de la population. La stigmatisation et les discriminations de la part des professionnel(le)s de santé demeurent également un problème majeur dans le Pacifique. Par exemple, 60 % des professionnelles du sexe interrogées sur les îles Fidji indiquent ne pas se faire dépister de peur d’être stigmatisées par le personnel soignant. Cette crainte est partagée par plus de 30 % des gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.

Les PEID partagent un autre point commun : la force des communautés de personnes vivant avec les VIH et l’existence d’une volonté politique exceptionnelle, souvent dans les plus hautes sphères. Ratu Epeli Nailatikau, ancien président des îles Fidji et actuel porte-parole du parlement de l’archipel, dénonce haut et fort depuis plusieurs années la stigmatisation et les discriminations.

Les réseaux de personnes séropositives et de populations clés sont quant à eux au cœur du mouvement pour mettre fin au sida dans les PEID. En 2018, dans le Pacifique, des personnes vivant avec le VIH se sont regroupées pour publier un rapport décrivant leur situation avec leurs mots. De même, le Mauritius Network of People Living with HIV est un relais important de la riposte. Son rapport People Living With HIV Stigma Index publié en 2018 souligne clairement les défis auxquels est confrontée la communauté. Dans les Caraïbes, on s’accorde pour dire que Robert Carr, militant et universitaire aujourd’hui décédé, a contribué à transformer l’approche mondiale en enrichissant la riposte au sida avec l’aspect des droits fondamentaux des communautés vulnérables et marginalisées. En 2005, il a participé à la fondation de la Caribbean Vulnerable Communities Coalition qui œuvre en faveur des groupes les plus souvent oubliés.

L’ONUSIDA soutient activement les PEID grâce à trois équipes : une pour les Caraïbes en Jamaïque, une pour les îles du Pacifique à partir du bureau de l’organisation dans les Fidji et une pour les îles de l’océan Indien à partir de son bureau aux Seychelles. La priorité est accordée aux PEID affichant une prévalence élevée du VIH, ce qui se traduit par des programmes visant les populations les plus vulnérables.

Small Island Developing States Summit

Small Island Developing States

Overview Report of the People Living with HIV Stigma Index Study in Seven Countries in the Pacific

Feature Story

Sans financement durable, la riposte au sida est vouée à l'échec

26 septembre 2019

L'Assemblée générale des Nations Unies s'est engagée cette semaine à parvenir à la couverture santé universelle d'ici 2030. Elle a également promis d'accélérer les efforts pour réaliser au cours de la même période les Objectifs de développement durable, dont celui de mettre fin au sida. Ces engagements reflètent une volonté politique pour apporter une réponse aux crises les plus graves que connaît le monde.

Dans la Déclaration politique de 2016 sur la fin du sida, l'Assemblée générale a décidé de porter à 26 milliards de dollars minimum d’ici 2020 les investissements destinés à la riposte au sida dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Fin 2018, seuls 19 milliards de dollars (en dollars constants de 2016) étaient disponibles, et pire, cette somme accusait un recul de près d'un milliard de dollars par rapport à l'année précédente.

Le financement international de la lutte contre le VIH baisse alors qu'il devrait augmenter continuellement. La volonté politique ne se reflète tout simplement pas dans les investissements nécessaires pour faire de la fin du sida une réalité. À un peu plus d'un an de l'objectif 2020 fixé à 26 milliards de dollars consacrés à la riposte au sida, 7 milliards de dollars manquent toujours à l'appel. Ce retard est particulièrement préoccupant, car nous savons qu'investir dans la riposte au sida sauve des vies, autrement dit qu'il s'agit d'un investissement extrêmement rentable.

 

« Le monde ne peut se permettre de relâcher ses efforts financiers dédiés à la riposte au sida », a déclaré Gunilla Carlsson, Directrice exécutive par intérim de l'ONUSIDA. « Les pays doivent tenir leur promesse. Ils doivent augmenter continuellement leur financement de la riposte au VIH si le monde veut satisfaire ses obligations envers les personnes les plus vulnérables et désavantagées. »

2018 a vu les financements reculer dans tous les secteurs : ressources nationales (-2 %), Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial, -20 %, imputable aux fluctuations au sein de son cycle triennal de subventions), autres canaux multilatéraux (-2 %), programmes bilatéraux du Gouvernement des États-Unis d'Amérique (-3 %), programmes bilatéraux d'autres pays donateurs (-17 %), organisations philanthropiques (-18 %) et autres ressources internationales (-4 %).

Les pays à faible et moyen revenu financent de plus en plus eux-mêmes leur riposte au sida. Entre 2010 et 2018, les ressources nationales investies par ces pays à cette fin ont augmenté de 50 % contre 4 % seulement pour les investissements internationaux.

En 2018, les financements nationaux dans ces pays ont représenté 56 % des ressources financières totales, même si l'on rencontre de fortes disparités selon les régions. Pour cette même année, en Afrique orientale et australe, la région la plus touchée par le VIH, 59 % des ressources allouées à l'épidémie provenaient de donations. Le taux passe à 80 % si l'on exclut l'Afrique du Sud de cette analyse. Entre 2010 et 2018, tous les grands donateurs à l'exception des États-Unis ont réduit leurs contributions bilatérales directes à la riposte au sida dans d'autres pays.

Ce mois d'octobre marque une étape primordiale pour les financements et le VIH. Le 10 octobre, les gouvernements et d'autres partenaires se réunissent en effet à Lyon lors de la 6e Conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial. L'objectif à minima est de lever à 14 milliards de dollars pour la riposte au VIH, à la tuberculose et au paludisme pour la période 2020-2022. Le Fonds mondial estime que le financement complet de ses programmes sauvera 16 millions de vies, qui viendraient s'ajouter aux 27 millions de vies sauvées depuis sa création en 2002.

« J'exhorte les pays à subvenir aux besoins financiers du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme au cours de la prochaine reconstitution de ses ressources. La vie de 16 millions d'hommes, de femmes et d'enfants en dépend », a insisté Mme Carlsson.

Pour en savoir plus

Feature Story

Les communautés confessionnelles cherchent à tendre la main à la population masculine et à rendre justice aux enfants

26 septembre 2019

Bobby est né en 1996 au Lesotho, un petit pays montagneux. Sa mère vivait avec le VIH et, sans qu'il le sache, il est né avec le virus. Il a perdu son petit frère âgé de quatre ans et sa petite sœur tout juste âgée de six ans des suites d'une méningite. Deux évènements tragiques dans la vie de Bobby. Son existence était déjà suffisamment difficile lorsqu'à 12 ans il apprend une nouvelle qui va bouleverser sa vie. Suite à un diagnostic de la tuberculose, il découvre que sa mère et son père ont le VIH.

Mais Bobby ne se laisse pas décourager. « Des personnes ont essayé de détruire ma vie, mais tout ce qu'elles ont réussi, c'est de me rendre plus fort. D'autres voulaient m'exploiter, mais ainsi, elles m'ont rendu plus intelligent », raconte-t-il. « Cela n'a pas toujours été facile de prendre des médicaments et de devenir un militant séropositif après avoir été un enfant avec le VIH. J'ai subi mon lot de stigmatisations et discriminations. Mais un de mes rêves les plus chers est de vivre et de faire bouger les choses, c'est pourquoi je suis ici aujourd'hui. »

Le 26 septembre, en marge de l'Assemblée générale des Nations Unies organisée dans la ville américaine de New York, Bobby a partagé son expérience devant un parterre de plus de 150 chefs religieux et partenaires engagés dans la lutte contre le VIH au cours du Communities of Faith Breakfast qui se déroulait au Yale Club.

La vie de Bobby et de milliers d'autres personnes comme lui inspire des groupes religieux du monde entier à agir pour stopper les nouvelles infections au VIH et aider les personnes vivant avec le virus et concernées. Un autre intervenant, le ministre de la Santé de Zambie, Chitalu Chilufya, a expliqué que les leaders religieux de son pays jouent un rôle important pour améliorer la santé et le bien-être au sein de leurs congrégations, en particulier en s'adressant aux hommes.

« Plusieurs pasteurs organisent le dimanche des journées dédiées à la santé. Ils invitent des docteurs pour informer leur congrégation sur différents thèmes », indique M. Chilufya. « Les hommes sont sur les marchés et dans les églises. Par conséquent, c'est un moyen d'atteindre cette tranche de la population. Ces efforts ont permis de faire passer de 50 % à 30 % la part de la population masculine qui n'a pas encore fait un test du VIH. »

D'autres intervenants ont abondé en son sens. Il est en effet important de se faire entendre par les hommes, car il est urgent de garantir que les enfants ont accès à la justice et aux meilleures prestations pour lutter contre le VIH.

« En 2018, nous avons perdu 100 000 enfants des suites du sida, et seulement 54 % sur 1,7 million enfants vivant avec le VIH dans le monde entier ont accès à un traitement. Ces chiffres sont désastreux », a précisé Gunilla Carlsson, Directrice exécutive par intérim de l'ONUSIDA. « L'implication des partenaires de santé associés à un groupe religieux est capitale pour aider les gouvernements à transformer leurs engagements envers le VIH en de véritables actions sur le terrain. »

Cette rencontre matinale a offert une plateforme aux partenaires. Ils ont ainsi partagé leurs idées et leurs expériences concernant des stratégies innovantes pour que les services de prévention et de traitement du VIH atteignent les jeunes hommes, les adolescentes, les jeunes femmes et les enfants vivant avec le VIH. Elle a également encouragé des échanges fructueux sur la manière d'empêcher les violences sexuelles dont sont victimes les enfants et d'y apporter une réponse, car ces abus augmentent considérablement leur risque de contamination.

« Les discussions menées aujourd'hui vont mettre à jour ce qu'il est possible de faire. Fort de ces informations, nous n'aurons plus d'excuses pour ne pas le mettre en œuvre pour chacun, en tout lieu et en tout temps », a déclaré Deborah Birx, coordinatrice de la lutte contre le sida dans le monde et représentante spéciale des États-Unis pour la diplomatie sanitaire.

Feature Story

Les jeunes agissent et inspirent le changement

25 septembre 2019

Près de 19 000 jeunes, source d'inspiration, se sont réunis le 25 septembre pour la Journée UNIS afin de fêter ensemble le travail incroyable qu'ils font pour changer positivement leurs communautés et le monde entier. Les jeunes qui participaient avaient gagné leur ticket d'entrée en s'engageant pour une cause locale et une autre internationale de leur choix. Organisée dans la ville américaine de New York au cours de la soixante-quatrième session de l'Assemblée générale des Nations Unis, l'édition 2019 de la Journée UNIS a vu le jour en collaboration avec l'ONUSIDA, le Pacte mondial des Nations Unies et ONU Femmes.

L'ONUSIDA entretient depuis des années un partenariat avec les Journées UNIS. L'organisation aide à informer les jeunes sur le sida et soutient leurs efforts empreints de conscience sociale en vue de transformer durablement leurs sociétés et le monde entier. À travers le travail colossal des Journées UNIS, l'action de l'ONUSIDA touche plus de 20 000 écoles aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Canada.

Au cours de son allocution devant le jeune public réuni au Barclays Center Stadium de New York, Gunilla Carlsson, Directrice exécutive par intérim de l'ONUSIDA, a déclaré : « Le sida n'est pas éradiqué, mais c'est possible ! Vous pouvez être la génération qui mettra fin au sida et qui amènera la planète à remplir les Objectifs de développement durable, afin de créer un monde meilleur pour les générations à venir. »

Mme Carlsson a profité de l'occasion pour rappeler aux jeunes l'importance de réaliser les ODD et de parler du VIH afin d'éliminer les stigmatisations liées à l'épidémie. Son intervention a été précédée par une animation publiée récemment  par l'ONUSIDA. Ce clip montre l'interconnexion et l'interdépendance du VIH et des Objectifs de développement durable, ainsi que la manière dont les efforts pour mettre fin au sida peuvent renforcer une transformation sociale mettant les individus au cœur des préoccupations.

Les jeunes et la riposte au sida

Feature Story

L'Éthiopie veut changer la donne, un district après l'autre

24 septembre 2019

L'économie éthiopienne perd 250 millions de dollars par an à cause des citoyennes et citoyens qui vont se faire soigner à l'étranger. En effet, près de 40 % des centres de santé du pays n'ont pas l'électricité et 50 % n'ont pas accès à l'eau propre. Malgré toutes ces difficultés, le pays s'efforce d'améliorer son système de santé afin qu'il satisfasse les besoins de toutes et tous. Cette politique est conforme à l'engagement mondial pour parvenir à la couverture de santé universelle d'ici 2030, engagement pris lors de la réunion de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations Unies du 23 septembre.

L'Éthiopie suit une approche innovante pour fixer ses priorités et elle s'est imposé des objectifs ambitieux. Il est urgent de trouver de nouvelles technologies et d'innover notamment dans les domaines de la santé et de l'énergie.

En octobre, le gouvernement va lancer un programme de collaboration entre dix ministères afin de définir et d'établir les priorités pour chaque district. Cette approche implique un partenariat entre le secteur privé, les communautés et les partenaires internationaux de développement. Le ministre éthiopien de la Santé, M. Amir Aman, s'engage à changer la donne en travaillant avec l'ONUSIDA et d'autres partenaires internationaux afin d'identifier et de mettre en place les innovations adaptées.

« Je reconnais la volonté de l'ONUSIDA et du Health Innovation Exchange à sa juste valeur. Ils souhaitent aider l'Éthiopie à mettre en place des innovations, en particulier pour le diagnostic de la tuberculose, du VIH et de l'hépatite B, l'utilisation de panneaux solaires dans les établissements de santé et l'intégration de l'intelligence artificielle afin d'accélérer l'accès aux services de santé, mais aussi pour faciliter la production locale de médicaments et de matériel médical », a déclaré M. Aman.

Ce partenariat avec l'ONUSIDA a été conclu en mai dernier à Genève lorsque M. Aman a visité l'exposition présentant des innovations organisée pour le lancement de la plateforme gérée par l'ONUSIDA, Health Innovation Exchange. Cette plateforme créée et exploitée par l'ONUSIDA vise à identifier les défis auxquels sont confrontés les prestataires de santé et à leur proposer des innovations à fort potentiel. Elle crée aussi des liens avec les investisseurs pour diffuser les innovations et mettre au point des solutions durables.

M. Aman a invité l'Health Innovation Exchange à travailler avec son pays pour identifier un ensemble de solutions potentielles pour ses priorités et faciliter les liens entre le gouvernement et les partenaires locaux. L'ONUSIDA a formé une délégation d'innovateurs et d'investisseurs qui s'est rendue en Éthiopie du 3 au 6 septembre. L'objectif était d'analyser les chances d'intégrer des solutions et des technologies innovantes pour la santé au sein des efforts de développement du pays. Ces pionniers et ces entreprises ont apporté des solutions dans différents domaines tels que le diagnostic du VIH et de la tuberculose, l'énergie solaire pour les besoins de santé, l'intelligence artificielle pour les diagnostics et la recherche, la production de produits pharmaceutiques et la manipulation sans danger des seringues à l'hôpital, ainsi que des modèles hybrides de formation afin de constituer une force de travail sanitaire en Éthiopie.

Les solutions d'énergie solaire proposées par les membres de la délégation de l'Health Innovation Exchange ont été bien accueillies, car l'accès à une source d'énergie moderne et efficace est nécessaire pour apporter les services de santé de base aux mères et aux nouveau-nés. Sans électricité, de nombreux services de maternité indispensables ne peuvent pas être utilisés efficacement. Les objectifs de taux de mortalité maternelle visés ainsi que d'autres cibles des Objectifs de développement durable s'en trouvent gravement entravés.

« Avec l'entremise de l'ONUSIDA, nous avons pu créer directement des liens avec les ministres et les décisionnaires clés en Éthiopie. Nous sommes en mesure d'élaborer une stratégie pour fournir des technologies qui auront potentiellement un impact sur l'Éthiopie et le marché africain. Nous sommes prêts à changer la donne et nous apprécions l'énergie et l'exemplarité du gouvernement éthiopien pour réaliser des changements sans précédent, » a expliqué Mauro Pantaleo, PDG de P&P Patents and Technologies.

Au cours d'une réunion avec la délégation, M. Aman s'est engagé à soutenir l'intégration de certaines solutions proposées au sein des programmes nationaux, mais aussi de garantir que la réglementation et les procédures seront favorables aux nouveaux partenaires du secteur privé travaillant avec le pays.

Related information

Feature Story

Le Botswana étend aux citoyennes et citoyens étrangers la gratuité du traitement contre le VIH

24 septembre 2019

Le gouvernement du Botswana a décidé d'étendre aux résidents étrangers la gratuité du traitement contre le VIH. Cette étape marque un changement politique majeur et  vient combler une lacune importante de la riposte du pays à l'épidémie.

La population étrangère vivant avec le VIH au Botswana est estimée à 30 000 personnes. Moins d'un quart d'entre elles ont actuellement accès à une thérapie, car elles n'ont bien souvent pas les moyens de payer les médicaments ou de rentrer chez elles pour trouver une assistance médicale. 

Le Botswana est le troisième pays au monde pour ce qui est de la prévalence du VIH avec plus d'un adulte sur cinq entre 15 et 49 ans porteur du virus. En 2016, le gouvernement a adopté une stratégie de traitement généralisé en étendant la gratuité à l'ensemble des personnes vivant avec le VIH, une décision qui a déjà livré des résultats considérables. Depuis 2010, les décès imputables au sida ont diminué d'un tiers, alors que les nouvelles infections au VIH ont reculé de 36 % au cours de la même période.

« Je félicite le Botswana pour avoir étendu la gratuité du traitement aux résidents étrangers vivant avec le VIH », a déclaré Gunilla Carlsson, Directrice exécutive par intérim de l'ONUSIDA. « Cette décision sauvera des vies et soutiendra les efforts du pays en entier pour mettre fin à l'épidémie de sida. C'est un nouvel exemple de la motivation du Botswana et de sa détermination à n'oublier personne dans sa riposte au VIH. »

Le ministère national de la Santé et du Bien-Être a élaboré cette nouvelle réglementation après consultation étroite avec l'ONUSIDA, le Plan présidentiel américain d'aide d'urgence à la lutte contre le sida, l'Organisation internationale pour les Migrations, d'autres agences des Nations Unies ainsi que des partenaires de développement.

Il publiera une directive spéciale reprenant les termes de la décision du gouvernement afin d'autoriser les établissements de santé à fournir le traitement à toutes les personnes vivant avec le VIH dans le pays.

Le mois dernier, le président du Botswana, Mokgweetsi Masisi, a annoncé sa volonté de réorienter la politique après que cette question a été abordée par le groupe Champions for an AIDS-Free Generation in Africa au cours de sa visite dans le pays.

Region/country

Feature Story

Réduire, réutiliser, recycler : les jeunes Ghanéens disent Oui à la réduction des déchets

20 septembre 2019

Les jeunes au Ghana s’engagent en faveur d’un environnement durable en réduisant le volume de déchets qu’ils produisent, aussi bien chez eux qu’à l’école.

Dans leur démarche militante, les jeunes ont rencontré la Directrice nationale de l’ONUSIDA au Ghana, Angela Trenton-Mbonde. La réunion organisée à Accra avait pour thème« Reduce, reuse, recycle » (Réduire, réutiliser, recycler). Chaque militant et militante a promis d’adopter de meilleures pratiques de gestion des déchets afin de promouvoir le développement durable.

« Je m’engage à avoir ma gourde réutilisable et à éviter d’utiliser les bouteilles en plastique jetables. Je suis convaincue que cela protègera la planète pour tout le monde », a déclaré Pricilla Addo.

Un autre militant, Samuel Nyarko, a promis de son côté : « Je m’engage à veiller moi-même à ce que les déchets produits dans mon foyer soient triés correctement afin de faciliter la collecte et le recyclage des plastiques. Je vais inviter mes camarades de classe et ma communauté à faire de même. »

Mme Trenton-Mbonde a encouragé les jeunes à respecter leurs engagements en faveur de la planète. « Pour un environnement durable, chacun d’entre nous doit prendre ses responsabilités et commencer avec un seul engagement, peu importe s’il semble insignifiant au début, car en définitive, tout est lié : l’humanité et la planète », a-t-elle déclaré.

Cette délégation militante comprenait des jeunes de Hope for Future Generations, une organisation non gouvernementale à but non lucratif ghanéenne visant à autonomiser et à émanciper les femmes, les enfants et les jeunes.

Region/country

Feature Story

Toujours au service des consommateurs de drogues injectables dans les rues de Glasgow

18 septembre 2019

La généralisation des programmes de prévention du VIH et de réduction des risques ainsi que le déploiement des traitements antirétroviraux en Écosse ont démontré leur efficacité en endiguant la propagation du VIH depuis les années 1980. Toutefois, en 2015 une épidémie de VIH préoccupante a frappé les consommateurs et consommatrices de drogues injectables à Glasgow, voyant le nombre de nouveaux diagnostics tripler en seulement trois ans.

L'ONUSIDA donne la parole à Ruth McKenna de Waverley Care, principale association écossaise qui fournit des soins de lutte contre le VIH et l'hépatite C, ainsi que des soins de santé sexuelle et offre un accompagnement. Madame McKenna détaille certaines mesures de l'association pour riposter à l'épidémie.

« Glasgow dispose d'un programme d'échange de seringues et d'aiguilles tout à fait satisfaisant, nous nous sommes donc interrogés sur les raisons de cette augmentation », se rappelle Mme McKenna. Des informations publiées récemment l'associent, en fait, à l'absence de domicile, à l'incarcération et au passage massif à l'injection de cocaïne à Glasgow. Les effets de cette drogue sont de courte durée, ce qui peut augmenter la fréquence des injections. Utiliser davantage d'aiguilles accroît le risque de partage, donc de contracter le VIH. »

L'équipe sur le terrain de Waverley Care a commencé à travailler en décembre 2018 grâce à un financement spécifique, mais malheureusement ponctuel, du National Lottery Community Fund. Elle fonctionne en binômes qui arpentent les rues de Glasgow pour accompagner les personnes qui mendient et leur proposer des services de santé, de l'aide, un peu de temps pour discuter et beaucoup d'écoute.

Selon Mme McKenna, la pauvreté et les traumatismes expliquent souvent la consommation de drogues et la vie dans la rue. L'équipe sur le terrain rapporte que nombre de personnes sans domicile racontent leurs traumatismes survenus souvent dès le plus jeune âge. Beaucoup de récits se ressemblent, ajoute-t-elle, enfance dans des foyers, violences physiques, sexuelles ou émotionnelles et une vie marquée par les délits et les peines de prison. Les drogues permettent de fuir les traumatismes pendant quelques instants.

Glasgow doit encore combler de nombreux manques d'informations à propos du VIH. L'équipe de terrain rencontre beaucoup de gens qui ne savent pas que les personnes soignées pour le VIH et dont la charge virale est indétectable ne peuvent pas transmettre le virus. L'équipe constate que les gens sont bien mieux informés sur l'hépatite C, parce que sa prévalence est plus forte parmi les consommateurs et consommatrices de drogues injectables.

Avant de commencer leur journée, les binômes s'assurent que leur sac à dos contient les outils nécessaires : feuilles d'alu, matériel d'injection stérile, acide citrique pour nettoyer la peau, préservatifs, serviettes hygiéniques, naloxone (pour prévenir les overdoses) et des kits de dépistage du VIH.

« Environ 500 consommateurs de drogues injectables vivent dans les lieux publics à Glasgow, ajoute Mme McKenna. Nous leur proposons un test lorsque nous jugeons qu'elles sont exposées à un risque de contamination au VIH. Les résultats sont disponibles au bout de 10 à 15 minutes, ce qui nous laisse du temps pour discuter et leur expliquer que les traitements ont beaucoup progressé et qu'avoir le VIH ne signifie plus être condamné à une mort certaine comme le pense encore beaucoup de personnes. »

L'équipe procède en moyenne à trois dépistages par semaine. Depuis janvier 2019, elle a accompagné 17 personnes vivant avec le VIH dans la ville. 28 autres leur ont été signalées, malheureusement toutes ne sont pas identifiables ou prêtes à se laisser accompagner.

Au Royaume-Uni, le traitement contre le VIH est gratuit via le National Health Service (NHS), et l'équipe de Waverley Care travaille en étroite collaboration avec le personnel sur le terrain du NHS pour s'assurer que les signalements nécessaires sont effectués afin que les personnes poursuivent leur traitement.

« Nous accompagnons toujours les personnes affectées par le VIH ou l'hépatite C, affirme Mme McKenna. Même si elles ne veulent pas de notre aide ce mois-ci, peut-être auront-elles changé d'avis le mois prochain. Nous n'abandonnons jamais personne. »

Related information

External links

S'abonner à Feature Story