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La version 4.2 du modèle Thembisa révèle des progrès limités dans la riposte au VIH en Afrique du Sud

28 juin 2019

L’Afrique du Sud travaille d’arrache-pied pour généraliser le dépistage du VIH et augmenter la suppression virale chez les patientes et patients suivant une thérapie antirétrovirale. Toutefois, l’actualisation annuelle du modèle Thembisa dévoilée au cours de la 9e conférence sud-africaine sur le sida organisée en juin indique que le pays n’a pas encore atteint ses objectifs en matière de couverture du traitement et de prévention du VIH.

Les résultats (version 4.2) ont été publiés par des chercheurs du Centre for Infectious Diseases Epidemiology and Research de l’université du Cap. Le modèle Thembisa sert à estimer l’état de l’épidémie du VIH et il est financé par l’ONUSIDA via une subvention octroyée par les United States Centres for Disease Control (CDC). Cette étude utilise des données en provenance de diverses sources dont des études récentes réalisées par le Human Sciences Research Council et le Medical Research Council of South Africa.

L’Afrique du Sud s’est engagée à atteindre l’objectif ambitieux 90–90–90 de l’ONUSIDA d’ici 2020. Le but de cette stratégie est d’assurer que 90 % des personnes vivant avec le VIH soient dépistées et connaissent leur statut, que 90 % des personnes vivant avec le VIH reçoivent un traitement et que 90 % des personnes recevant un traitement aient une charge virale supprimée. Les dernières estimations fournies par Thembisa montrent que la situation en Afrique du Sud à la mi-2018 était de 90–68–88. Cela signifie que la suppression totale de la charge virale parmi toutes les personnes vivant avec le VIH était de 55 %, soit 18 % en deçà de l’objectif de 73 %.

Le modèle Thembisa estime par ailleurs que le taux de dépistage du VIH et de traitement chez les hommes est inférieur à celui des femmes. Ainsi, en 2018, 47 % des hommes séropositifs voyaient leur charge virale supprimée contre 58 % pour les femmes. Cet écart est également visible dans le nombre annuel de décès imputables au sida. Il a certes reculé de moitié entre 2010 et 2018, mais la surreprésentation des hommes ne cesse d’augmenter.

Les femmes, quant à elles, représentaient 62 % des nouvelles infections au VIH chez les adultes entre 2017 et 2018. Le responsable du modèle Thembisa, Leigh Johnson, explique que deux facteurs entravent la réduction de l’incidence du VIH : d’une part, la faible couverture du traitement antirétroviral et la nécessité d’améliorer l’acceptation du traitement sur le long terme et les relations avec les malades, et d’autre part le recul notable de l’utilisation du préservatif. Il indique par ailleurs que les adolescentes et les jeunes femmes (15–24 ans) représentent 31 % des cas de transmission suite à une relation sexuelle et donc que cette tranche de la population mérite une attention toute particulière.

Les conclusions de l’étude Thembisa tirent la sonnette d’alarme face à la lenteur des progrès pour ce qui est de la réduction de l’incidence du VIH. Ce modèle estime à plus de 240 000 le nombre de nouvelles infections pour l’année dernière en Afrique du Sud, soit une baisse de moins de 40 % par rapport à 2010. L’objectif de l’ONUSIDA, cependant, est de réduire de 75 % les nouvelles infections par an entre 2010 et 2020. Pour y arriver, l’Afrique du Sud devrait passer sous la barre des 100 000 nouveaux cas d’ici mi-2020 ce qui la place face à un défi de taille.

Les conclusions du modèle Thembisa montrent que le KwaZulu-Natal, la province la plus touchée par l’épidémie du VIH, a réussi à réduire de 49 % les nouvelles infections par an entre 2010 et 2018. L’étude estime également qu’elles ont baissé de 55 % chez les enfants, passant de 29 000 en 2010 à 13 000 en 2018.

Pour en savoir plus sur l’étude et ses résultats, veuillez consulter le site Internet de Thembisa : https://thembisa.org/downloads

 

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Militer pour la réduction des risques au Burundi

25 juin 2019

Publication originale de cet article par l’OMS

Une délégation soutenue par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’est rendue récemment au Kenya afin d’apprendre comment fournir des services de réduction des risques et sauver la vie des consommateurs et consommatrices de drogues du Burundi. Une équipe de médecins, de militantes et de militants de la santé publique burundais s'est rendue dans la région de Mombasa au Kenya pour apprendre les bonnes pratiques directement auprès de l’un des pionniers du continent africain en matière de réduction des risques.

Sous l’égide de l’organisation à but non lucratif burundaise, Jeunes au Clair Médical (JCM), l’équipe va faire pression en faveur de l’introduction d’un programme complet d’interventions pour réduire les risques au Burundi. À l’instar de nombreux autres pays d’Afrique, l'injection de drogues est ignorée et aucune riposte de santé publique n'est mise en place.

À cela s’ajoute que la consommation de drogue est bien souvent criminalisée, stigmatisée et mal comprise dans toute sa complexité. L’OMS définit la réduction des risques comme une riposte de santé publique basée sur des données probantes. Elle inclut la mise en place de programmes de distribution d’aiguilles et de seringues, la thérapie de substitution aux opiacés (OST) ainsi que l'accès au dépistage et au traitement du VIH, de la tuberculose (TB) et de l’hépatite virale B et C.

L’équipe burundaise composée de médecins, d’un conseiller et d’un coordinateur national d’un réseau de personnes consommant des drogues avait au programme la visite du Reach Out Center Trust à Mombasa. Elle désirait en savoir plus sur l’expérience faite par les Kenyans afin d’élaborer un programme au Burundi. L'équipe a assisté à une prestation des programmes OST et à une formation au plaidoyer auprès des instances influentes locales, illustrant parfaitement le partage de connaissances sud-sud.

La réussite de la riposte du Kenya pour minimiser les effets négatifs de la consommation de drogue repose grandement sur l’engagement de la population et l’intégration d’acteurs incontournables. Cela facilite l’adhésion à la réduction des risques, mais elle est confrontée à des défis qui lui sont propres. Cette approche sur plusieurs niveaux passe également par une collaboration entre le gouvernement et la société civile, impliquant aussi bien les forces de l’ordre que les réseaux de personnes consommant des drogues.

Au cours d’une visite au Mombasa Inspectorate en charge des délits liés aux drogues, l’inspecteur en chef en personne a parlé de l’importance de l’engagement de la police. Il a souligné l’impact négatif de la consommation de drogue sur les jeunes et le besoin de stratégies efficaces. Aujourd’hui, une centaine de policières et policiers sont formés dans la ville à la réduction des risques. Ils centrent leur travail sur l’aide et non pas sur les sanctions.

Garantir l’efficacité et la pérennité des programmes de réduction des risques ne se limite pas à rallier la police à cette cause. Un axe supplémentaire consiste à identifier d’autres acteurs importants comme les chefs spirituels ou des villages, d'autres fonctionnaires et les personnes consommant des drogues.

Le plaidoyer n’était toutefois pas le seul point à l’ordre du jour du déplacement. L’équipe du Burundi a également vu en pratique le fonctionnement des cliniques kenyanes et la distribution de méthadone. L'équipe d'éducation a discuté avec ses collègues ainsi qu’avec des agents de proximité et a reçu une formation sur la collecte de données dans le cadre de la gestion de programme. Une leçon importante si elle veut fournir des preuves pour convaincre le gouvernement et les donateurs.

Le Kenya a plusieurs années d’avance en réduction des risques, mais les données locales permettront d'adapter ses enseignements à d'autres contextes.

« Le problème des drogues nécessite des interventions à la base et que l’éducation soit l’apanage de personnel formé afin d’éviter la dissémination de fausses informations », a déclaré le docteur Egide Haragirimana, cadre clinicien pour le JCM.

L’association est en train de mettre en pratique ses nouvelles connaissances et va impliquer les réseaux de personnes consommant des drogues pour mieux comprendre leurs besoins en vue d’élaborer les futures initiatives de réduction des risques.

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La riposte au sida donne de la voix

25 juin 2019

En septembre 2018, en marge du Forum pour la coopération sino-africaine (FOCAC) organisé à Pékin, la première dame de Chine, professeure Peng Liyuan, et ses homologues africaines ont allumé un ruban rouge au cœur du centre des conférences. Elles ont ainsi lancé officiellement l’initiative commune prise lors de la Réunion thématique Chine-Afrique sur la prévention et le contrôle du VIH/sida.

Le sommet 2018 du FOCAC a rassemblé plus de 20 chefs d’État et premières dames d’Afrique en vue d’instaurer des partenariats plus étroits entre l’Empire du Milieu et le continent, notamment dans des domaines liés à la santé. Professeure Peng a annoncé pendant la réunion thématique la mise en place à partir de 2019 d’une campagne de prévention du VIH sur trois ans à destination des adolescentes et des adolescents ainsi qu’un programme communautaire de promotion de la santé impliquant la Chine, plusieurs pays africains et des organisations internationales, dont l’ONUSIDA.

Depuis plus de 10 ans, professeure Peng centre son action sur la réduction de l’impact du VIH parmi les enfants et les ados, surtout parmi les orphelines et orphelins du sida. En 2016, elle a organisé le China-Africa Children Summer Camp qui a rassemblé des enfants vivant avec le VIH ou affectés originaires d’Afrique du Sud, de Chine, du Ghana et du Zimbabwe. Au cours cette colonie de vacances, la première dame a apporté son soutien à la publication de la version chinoise du Garçon le plus courageux que je connaisse. Il s’agit d’un livre qui aide les enfants à comprendre les questions liées au VIH ainsi qu’à réduire la stigmatisation et la discrimination auxquels les enfants affectés sont confrontés.

En 2015, professeure Peng a participé à la réunion de l’Organisation des premières dames d’Afrique contre le VIH/sida (OAFLA) qui s’est tenue en Afrique du Sud à Johannesburg. Elle a mis en avant l’importance de quatre thèmes essentiels pour mettre fin au sida d’ici 2030 : l’accès universel au traitement du VIH, l’information et l’éducation du public, les possibilités éducatives s’adressant aux ados et le développement économique en vue d’éliminer la pauvreté.

Depuis plusieurs années, elle visite des communautés en Chine, dont des écoles et des universités avec des ambassadeurs et des ambassadrices Ruban rouge nationaux. L’objectif est de sensibiliser la population sur le thème de la prévention du VIH et de réduire la stigmatisation et la discrimination associées au virus.

Soprane réputée, professeure Peng est reconnue pour être la voix des personnes vivant avec le VIH ou affectées par le VIH.

Elle est depuis 2011 Ambassadrice de bonne volonté pour la tuberculose et le VIH/sida de l’Organisation mondiale de la Santé. En 2017, elle a reçu le prix ONUSIDA des réalisations exceptionnelles pour sa contribution à la riposte.

« Un cœur attentionné est notre meilleure arme contre le sida », a-t-elle déclaré en acceptant la récompense. « Nous pouvons sauver des vies si nous agissons. Nous avons le devoir de réussir et nous allons y arriver. »

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En Chine, les communautés virtuelles viennent renforcer les services dédiés au VIH

21 juin 2019

Selon les estimations nationales, 1,25 million de personnes vivent avec le VIH en Chine, dont près de 400 000 ne le savent pas. L’épidémie dans l’Empire du Milieu touche en particulier les populations clés à plus haut risque en VIH, y compris les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Par conséquent, il est essentiel d’entrer en contact avec ces communautés là où elles se rencontrent, y compris dans les espaces virtuels comme les applications de rencontre gay.

C’est exactement ce que fait Danlan Public Welfare, une organisation non gouvernementale, qui lutte pour les droits des lesbiennes, des gays, des bisexuel(le)s et des transgenres. Elle œuvre aussi dans les coulisses de Blued, la plus grande application de rencontre gay en Chine avec plus de 28 millions d’utilisateurs. Danlan intègre à l'application des messages de prévention du VIH en provenance de la communauté et fournit des informations fondamentales sur le virus, ainsi que sur la prévention, les tests et les possibilités de traitement, où et comment entrer en contact avec les services compétents. Des questionnaires interactifs testent les connaissances des utilisateurs sur le VIH.

Outre cet outil virtuel efficace, Danlan anime des projets de proximité proposant des tests de dépistage rapides et gratuits en collaboration avec les centres municipaux de contrôle et de prévention des maladies. Les gens peuvent passer gratuitement un test du VIH et obtenir leurs résultats en 10 à 15 minutes seulement.

Face à la popularité croissante de l’application de rencontre Blued à travers le monde, Danlan étend actuellement son programme de prévention du VIH aux pays de la Nouvelle Route de la Soie. Les utilisateurs en Indonésie ont ainsi accès au « Blued Help Center » depuis mars 2019. Ce service est fourni en coopération avec une organisation locale de la société civile, « VictoryPlus. » Il permet aux utilisateurs de soumettre leurs questions sur les thèmes liés au VIH et de recevoir immédiatement une réponse. Le programme « We Care » de Blued apporte également des informations en ligne sur les services de VIH situés à proximité.

En Thaïlande, Danlan a travaillé avec « Impulse », une organisation civile, en vue d’encourager les programmes de prévention du VIH et de fournir des services de dépistage rapides et gratuits. Elle coopère par ailleurs avec la Mahidol University dans le cadre d’une étude comportementale sur les risques liés au VIH.

En avril 2019, Geng Le, directeur exécutif de Danlan, a reçu un prix récompensant un « modèle exceptionnel et innovant » décerné par la confédération des syndicats de Chaoyang, un district de Pékin. On estime que les organisations actives communautaires, comme Danlan, sont responsables du dépistage de 30 % des nouveaux cas de VIH dans la ville.

« Nous faisons de notre mieux pour utiliser les sciences et la technologie afin d’améliorer la vie et la santé des communautés lesbiennes, gays, bisexuel(le)s et transgenres », a déclaré Geng Le. « Nous pensons que tous les jeunes devraient pouvoir vivre dignement, sans stigmatisation ni discrimination, et aimer qui ils ou elles veulent, indépendamment de leur origine, de leur orientation sexuelle et de leur statut sérologique. »

Blued est devenue bien plus qu’une simple application de rencontre. Elle offre aussi un centre virtuel rassemblant des ressources de santé, qui œuvre pour le bien-être de la communauté LGBT.

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La riposte au sida du Botswana entre dans une nouvelle phase

20 juin 2019

En lançant deux nouvelles stratégies quinquennales, le Botswana a réaffirmé son engagement pour mettre fin d’ici 2030 à la menace que représente l’épidémie du sida pour la santé publique.

Jusqu’en 2023, le troisième National Strategic Framework for HIV/AIDS (cadre stratégique national pour le VIH/sida) et la Multi-sectoral Strategy for the Prevention of Non-communicable Diseases (stratégie multisectorielle de prévention des maladies non transmissibles) serviront de fil directeur à la riposte stratégique du gouvernement afin d’améliorer la santé de la population du pays.

Le Botswana a fait des progrès importants ces dernières années pour ce qui est de sa riposte à l’épidémie du VIH. En 2017, sur les 380 000 personnes vivant avec les VIH (estimation), 320 000 avaient accès à un traitement leur permettant de rester en bonne santé.

Le Botswana est le premier pays d’Afrique orientale et australe à fournir un traitement gratuit et universel aux personnes vivant avec le VIH. Il a adopté la stratégie Option B+ qui garantit aux femmes vivant avec le VIH un traitement à vie ainsi que la stratégie « Tester et traiter » qui délivre immédiatement un traitement aux personnes testées séropositives au virus.    

Au cours de sa visite de deux jours dans le pays, les 13 et 14 juin derniers, la Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA, Gunilla Carlsson, était présente lors de l’annonce présidentielle des nouvelles stratégies en matière de santé. 

« Le pays entier doit recentrer et revoir les priorités de sa feuille de route concernant la riposte au VIH. Nous souhaitons réaliser les objectifs pour 2020 et concrétiser notre vision de mettre fin d’ici 2030 à la menace que représente le sida pour la santé publique. Par ailleurs, des maladies non transmissibles atteignent les proportions d’une nouvelle épidémie qui menace la santé de notre nation ainsi que notre programme de développement national, » a déclaré le Président Mokgweetsi Masisi au cours de la cérémonie officielle.

À l’occasion de sa visite, Mme Carlsson a également nommé la Première Dame du Botswana, Mme Neo Masisi, Ambassadrice spéciale pour l’autonomisation et l’engagement des jeunes au Botswana. À ce titre, Mme Masisi défendra en priorité les besoins des jeunes ainsi que la promotion et la protection de leurs droits, mais aussi leur rôle fondamental en tant qu’acteurs du changement, en s’adressant en particulier aux jeunes femmes et aux filles.

« J’aimerais remercier l’ONUSIDA pour la confiance qu’ils me témoignent en me nommant à cette fonction. Elle m’aidera à utiliser mon rôle de Première Dame pour mettre fin à l’épidémie du sida parmi les jeunes et à donner plus de poids à mon travail actuel », a annoncé Mme Masisi.

Au cours d’une rencontre entre Mme Carlsson et des membres de la société civile au Botswana, les participants ont fait part de leur inquiétude vis-à-vis de la complaisance, en particulier parmi les jeunes, en matière de respect des traitements et de la prévention du VIH.

Suite à la décision historique de la Haute Cour du Botswana décriminalisant les relations homosexuelles, les membres de la communauté LGBT ont exprimé leur espoir, en indiquant toutefois qu’il reste encore fort à faire au sujet de la stigmatisation et de la discrimination, en particulier au sein des communautés et dans le cadre des soins de santé.

« La complaisance est le problème principal auquel le Botswana est confronté dans sa riposte au sida. Si le pays peut y mettre un terme, alors il montrera au monde entier que c’est possible », a indiqué Gunilla Carlsson, Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA.

Au cours de son déplacement, Mme Carlsson a également visité Ramotswa, un village en banlieue de Gaborone, afin de voir comment les communautés se regroupent pour accélérer la riposte au sida. Elle s’est par ailleurs rendue dans la clinique Tebelopele de Gaborone. Cet établissement apporte des services intégrés de santé et pour le VIH à des personnes d’horizons très différents, dont des professionnelles du sexe, des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, des adolescentes et des jeunes femmes.

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L'ONUSIDA continue d'appuyer la riposte à l'épidémie de VIH au Pakistan

18 juin 2019

L'ONUSIDA continue d'aider le Pakistan à faire face à l'épidémie de VIH à Larkana, au cours de laquelle plus de 800 personnes ont été nouvellement diagnostiquées avec le virus. Plus de 80 % des nouveaux cas concernent des enfants de moins de 15 ans, la plupart d'entre eux ayant moins de 5 ans. Au 17 juin, 396 personnes avaient reçu un traitement.

Le 14 juin dernier, les autorités ont présenté les résultats d’une enquête préliminaire sur l’épidémie au cours d’une conférence de presse. Elles sont venues à la conclusion que de mauvaises pratiques de contrôle des infections, notamment l’absence de stérilisation et la tendance à réutiliser les seringues et les perfusions, sont les facteurs principaux expliquant cette augmentation des nouvelles infections.

« Nous avons encore beaucoup à faire pour améliorer le contrôle des infections ainsi que pour aider les enfants malades et leurs familles », a déclaré le Directeur régional de l’ONUSIDA, Eamonn Murphy, au cours de la conférence de presse tenue à Karachi au Pakistan. Et d’ajouter : « L’ONUSIDA continuera d’aider et d’assurer la coordination au sein du système des Nations unies et avec d’autres partenaires afin de garantir que l’assistance nécessaire soit réellement fournie de manière efficace. »

Outre l'amélioration des procédures de lutte contre l'infection, l'enquête préliminaire a révélé que le renforcement de l'éducation communautaire est essentiel pour sensibiliser davantage à la prévention du VIH et pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination. Les conclusions d’une évaluation rapide des connaissances liées au VIH, présentées au cours de la conférence de presse, montrent que les communautés touchées ne disposent que d’informations très restreintes sur cette maladie. De nombreux parents et soignants n'ont appris l'existence du VIH que le jour où leurs enfants ont été diagnostiqués ou à cause des rapports des médias sur l'augmentation du nombre de cas. L’absence d’informations précises a également fait souffler un vent de panique et les familles d’enfants touchés par le virus ont parfois été ostracisées et isolées.

En réponse, l’ONUSIDA en partenariat avec l’UNICEF, l’UNFPA, l’Organisation mondiale de la santé et le JSI Research and Training Institute soutiennent des partenaires nationaux dans leurs efforts pour créer un plan de riposte communautaire afin de promouvoir l’éducation à la santé et réduire la stigmatisation et la discrimination. Le Sindh AIDS Control Programme en lien l’ONUSIDA et l’UNICEF a commencé à former des professionnels de la santé sur la gestion des cas pédiatriques. Des sessions d’éducation à la santé sont en train d’être mises en place en impliquant des organisations dirigées par les communautés et les leaders religieux. D’autres formations ciblent les médias locaux afin de les sensibiliser à leur responsabilité lorsqu’ils couvrent la question du VIH.

L’ONUSIDA collabore étroitement avec les gouvernements fédéraux et provinciaux afin de fournir une aide technique sur place. Il s’agit d’aider à apporter une réponse efficace à cette crise et de réduire son impact. Le ministère de la Santé du Sindh a également renforcé ses efforts pour empêcher les activités des cabinets médicaux informels et n’ayant pas d’autorisation d’exercer. Cette politique a déjà provoqué la fermeture de 900 cliniques et banques du sang sans autorisation.

L’enquête préliminaire a été menée par l’Organisation mondiale de la santé en partenariat avec des organisations comme le Sindh AIDS Control Programme, l’Aga Khan University, le Field Epidemiology and Laboratory Training Programme, la Dow Medical University de Karachi, la Microbiology Society of Infectious Disease et des agences de l’ONU, comme l’ONUSIDA, l’UNICEF et l’UNFPA.  

Avec 20 000 nouvelles infections par an en 2017, le Pakistan est le deuxième pays d’Asie-Pacifique où l’épidémie du Sida croît le plus vite. Le virus touche d’une manière disproportionnée les populations les plus vulnérables et marginalisées, en particulier les populations clés. L’ONUSIDA poursuit son travail avec le gouvernement et ses partenaires au Pakistan en vue de renforcer la riposte dans le pays.

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La jeunesse birmane profite d’avancées en matière de santé, d’éducation et d’égalité des sexes

14 juin 2019

Publication originale de cet article par l’UNESCO

Les jeunes, la tranche des 5-14 ans en tête, représentent plus de la moitié de la population birmane. Cette structure démographique est une chance incroyable pour alimenter la dynamique récente dans laquelle le Myanmar inscrit son développement. Cependant, des investissements sont nécessaires pour lever les obstacles, qui empêchent cette tranche de la population de prendre des décisions fondées concernant leur santé et leur bien-être.

Une étude montre que les jeunes Birmans ne disposent que de connaissances limitées sur la santé sexuelle et de la reproduction. 38 % des adolescents admettent ne pas avoir su qu’une femme puisse tomber enceinte dès le premier rapport et 16,67 % seulement des 15-24 ans sont correctement informés sur la prévention du VIH.

Afin de changer la donne, UNESCO Yangon, en collaboration avec le ministère local de l’Éducation, a organisé le 22 mars 2019 un séminaire politique. Plus de 50 représentants d’organisations gouvernementales et non gouvernementales se sont rassemblés pour partager des bonnes pratiques et identifier des axes pour renforcer la législation, les programmes scolaires et l’enseignement de l’éducation sexuelle au Myanmar.

Le séminaire a marqué le lancement en birman des Principes directeurs internationaux sur l’éducation à la sexualité dans sa version de 2018. Cet ouvrage a été rédigé par l’UNESCO en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé, l’UNICEF, l’UNFPA, l’ONUSIDA et l’ONU Femmes. Ces principes aident les administrations de l’éducation, de la santé et d’autres domaines pertinents à élaborer et mettre en place des programmes et des supports destinés à l’éducation sexuelle.

Le conseiller régional pour la santé et l’éducation de l’UNESCO, Kabir Singh, explique que les principes de l’ONU abordent un large éventail de thèmes. Ils ne se réduisent pas à la santé sexuelle et de la reproduction, mais incluent aussi des compétences sociales plus larges comme négocier le consentement et éviter les situations dangereuses.

« L’accès aux informations ainsi qu’aux services liés à la santé sexuelle et de la reproduction (SSR) est loin d’être aisé pour les jeunes Birmans. Cette situation est exacerbée par le fait que les normes sociales et de genre empêchent les enfants et les jeunes, en particulier les filles et les autres groupes vulnérables, d’être en bonne santé et de se sentir bien », indique-t-il.

« Voilà pourquoi il est essentiel que les enfants de 5 à 8 ans soient aussi pris en compte dans les programmes ECS, comme préconisé par les principes directeurs de l’ONU. Nous devons aider les enfants dès leur plus jeune âge à comprendre l’égalité des sexes, avoir des relations saines et se respecter eux-mêmes, mais aussi entre eux. »

L’éducation sexuelle au Myanmar

Le programme National Life Skills Education Curriculum au Myanmar, mis en œuvre par le ministre de l’Éducation en collaboration avec l’UNICEF, est intégré au programme fondamental des écoles primaires depuis 2006 et c’est une option obligatoire dans le secondaire depuis 2008. Dans les premières années du secondaire, ce programme aborde sept thèmes, dont la santé de la reproduction, le VIH et les MST, la consommation de drogues, la prévention contre les maladies et la nutrition.

Un contrôle du programme Life Skills Education effectué en 2012 dans des établissements du secondaire a révélé que les connaissances sur la santé de la reproduction restaient mauvaises. Les auteurs supputent ici que la sensibilité culturelle et l’absence de formation des enseignants sont des facteurs pouvant favoriser cette situation. Un récent sondage sur U-Report, un outil gratuit de l’UNICEF destiné à mener des campagnes de veille sociale par SMS et utilisé pour suivre la participation des jeunes au Myanmar, est également arrivé à la conclusion que la majorité des participants tire ses informations en matière d’éducation sexuelle des médias sociaux. Malheureusement, ces informations ne sont pas toujours exactes du point de vue scientifique ou adaptées à l’âge de la personne.

Lors du séminaire politique organisé par l’UNESCO en 2019, les représentants du gouvernement birman ont convenu de revoir le programme Life Skills Education dans le contexte des principes de l’ONU, assurant ainsi que les cours d’éducation sexuelle soient complets et adaptés à l’âge des enfants. Ils ont indiqué par ailleurs que l’éducation sexuelle complète (ECS) doit être renforcée et incluse dans les réformes en cours des programmes de l’éducation fondamentale et de la formation des enseignants.

Min Jeong Kim, Directeur du bureau de projet de l’UNESCO au Myanmar, a salué la collaboration étroite entre l’UNESCO et le ministère de l’Éducation pour mettre en place une éducation sexuelle complète dans le système éducatif.

« Les efforts faits par le ministère de l’Éducation pour aborder les problèmes vécus par les enfants et les jeunes, comme les inégalités entre les genres ainsi que la santé sexuelle et de la reproduction, révèlent une volonté forte de sa part. L’UNESCO partage cet engagement pour laisser une trace positive dans la vie des jeunes. L’organisation est heureuse de continuer à travailler en partenariat avec l’équipe dédiée aux programmes et les centres de formation des enseignants en vue d’intégrer l’ECS dans le nouveau cursus de formation des professeurs », indique Min Jeong Kim.

Les délégués présents au séminaire politique ont discuté des moyens de transmettre des informations complètes sur la sexualité et les compétences sociales afférentes aux générations actuelles et futures d’enfants et de jeunes au Myanmar. Ce séminaire a servi de plateforme en regroupant des acteurs clés comme les institutions du service public, les partenaires du développement et les organisations non gouvernementales. Son objectif était d’amorcer des échanges portant sur l’éducation sexuelle complète, de comprendre les manques et d’identifier la meilleure manière de mettre totalement en place l’ECS.

La version révisée des Principes directeurs internationaux sur l’éducation à la sexualité

Les principes directeurs internationaux originaux publiés en 2009 centraient d'abord l’éducation sexuelle au sein de la riposte au VIH. Cependant, alors que la prévention du VIH reste importante, la pratique prouve que l’éducation sexuelle touche aussi d’autres domaines. En effet, elle ne s’arrête pas à la santé sexuelle et de la reproduction des jeunes, mais concerne aussi leur bien-être général et leur développement personnel.

La version revue de ces Principes aborde la sexualité de manière positive. Elle reconnaît que l’ECS ne se limite pas à apporter des connaissances sur la reproduction, les risques et la maladie. Elle réaffirme la position de l’éducation sexuelle au sein du cadre des droits de l’homme et de l’égalité des sexes. Elle reflète la contribution de l’éducation sexuelle, d'une part, dans la réalisation de plusieurs engagements pris au niveau international en lien avec la santé sexuelle et de la reproduction, et d'autre part, pour atteindre les objectifs de l’agenda 2030 concernant la santé et le bien-être, la qualité et l’éducation inclusive, l’égalité des sexes ainsi que l’autonomisation et l’émancipation des femmes et des filles.

Les principes passent en revue l’éducation sexuelle dans le monde pour en déduire les bonnes pratiques dans différentes régions. Ils montrent que l’éducation sexuelle :

  • aide les jeunes à adopter une attitude et un comportement plus responsables pour ce qui est de leur santé sexuelle et de la reproduction
  • est essentielle pour éviter que les jeunes filles n'arrêtent l’école suite à un mariage précoce ou forcé, une grossesse adolescente, ainsi que des problèmes liés à la santé sexuelle et de la reproduction
  • est nécessaire, car dans certaines régions du globe, deux filles sur trois indiquent ne pas savoir ce qui leur arrive quand elles ont leurs premières règles et sont enceintes. Les complications lors de l’accouchement sont la deuxième cause de mortalité parmi les 15-19 ans
  • n’augmente pas l’activité sexuelle, les comportements sexuels à risque ou le taux d’infection aux MST/VIH. Les principes apportent aussi la preuve que les programmes reposant uniquement sur l’abstinence n’empêchent pas l’initiation précoce au sexe, ne réduisent pas la fréquence des relations sexuelles ni le nombre de partenaires parmi les jeunes.

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La Chine passe à la vitesse supérieure dans sa riposte au sida

13 juin 2019

Zhou Kai travaille depuis près de 13 ans pour l’ONUSIDA en Chine et est impliquée dans la riposte au sida depuis plus de 16 ans. Avant cela, elle a été professeure et chercheuse à l’université dans le domaine de la pédiatrie et de la santé des adolescents pendant dix ans.

L’histoire de Mme Zhou reflète l’évolution de la riposte au sida en Chine au fil du temps. Elle a débuté sa carrière en tant que chercheuse clinique au sein du Programme intégré de la Chine sur le sida (China Integrated Programme on AIDS), avant d’intégrer l’ONUSIDA en 2006 afin d’assurer la coordination entre les neuf agences qui cofinancent l’ONUSIDA en Chine.

« À cette époque, la stratégie de riposte au sida en Chine était très limitée », se souvient Mme Zhou.

Elle a commencé par mener des actions de prévention du VIH au sein des populations clés. Étant médecin de formation, elle a apporté aux acteurs nationaux une assistance technique non négligeable pour ce qui est du dépistage du VIH et de la prévention. Par ailleurs, elle a renforcé l’implication des communautés au sein des programmes de prévention. 

La riposte au sida en Chine s’est développée au cours des années. Le gouvernement de Pékin souhaitait partager son expérience et s’est mis à réfléchir sur des projets de développement, y compris dans le secteur de la santé, afin de renforcer la collaboration Chine-Afrique.

Un des axes de cette coopération consiste à échanger les bonnes pratiques entre la Chine et les pays africains. En 2018, avec l’aide de l’équipe d’assistance régionale de l’ONUSIDA pour l’Afrique orientale et australe ainsi que de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, Mme Zhou a fait en sorte de faciliter la visite d’officiels ougandais, kenyans et tanzaniens à Pékin et à Yuxi, ville située dans la province du Yunnan au sud-ouest du pays.

Au cours de cette rencontre, la délégation s’est rendue dans un centre de réadaptation pour toxicomanes et a obtenu des informations sur les programmes d’échange d’aiguilles et de seringues ainsi que sur les projets de traitements de substitution à base d’opiacés. Ces mesures ont en effet provoqué un recul significatif des infections parmi les personnes, qui consomment des drogues injectables.

Une autre mission de Mme Zhou consiste à promouvoir la production locale de médicaments et de produits de santé en Afrique. « Je crois que l’Afrique doit fabriquer ses propres produits pharmaceutiques si elle souhaite faire davantage de progrès dans sa riposte au sida et dans le domaine de la santé publique. Ce problème n’est pas qu’une question de santé, il est étroitement lié au développement industriel d’un pays. » Mme Zhou a commencé à se pencher sur cette question en 2014 avant d’être nommée en 2018 à son poste actuel de conseillère stratégique et juridique.

Ses efforts ont permis d’organiser plusieurs visites de part et d’autre qui ont débouché sur la signature de partenariats entre des entreprises pharmaceutiques chinoises et leurs homologues en Afrique.

Au niveau des pays, la coopération Chine-Afrique a également été renforcée. La Table ronde sur la coopération Chine-Afrique est devenue le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC). En passant à la vitesse supérieure, les échanges universitaires se sont transformés en une plateforme de débat sur différents sujets au niveau des pays.

Le projet de la Nouvelle Route de la Soie attire de plus en plus de pays et Mme Zhou y voit de nouvelles possibilités pour la coopération Sud-Sud. Elle pense également que davantage de pays asiatiques coopèreront sur les thèmes de santé publique et partageront des connaissances et leurs expériences.

L’ONUSIDA a signé un accord de partenariat stratégique avec la Chine pour renforcer la coopération autour de la Nouvelle Route de la Soie et de l’Agenda 2030 sur le développement durable, qui comprend l’augmentation de la production locale de médicaments et de produits de santé. 

« L’engagement de la Chine dans la coopération Sud-Sud ainsi que dans l’amélioration de la riposte au sida et de la santé publique renferme un potentiel extraordinaire pour le pays », conclut Mme Zhou. « Ce partenariat profitera aussi de la Nouvelle Route de la Soie. »

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Le leadership, processus de changement

11 juin 2019

Accélérer les progrès en matière d’égalité des sexes et d’émancipation des femmes est fondamental pour mettre fin à l’épidémie de sida. Et ça commence au sein de l’ONUSIDA.

L’ONUSIDA a publié l’année dernière son Plan d’action pour le genre 2018-2023. Il vise, d’une part, à améliorer l’efficacité de l’ONUSIDA en promouvant le leadership des femmes dans l’organisation et, d’autre part, à veiller à ce que l’ensemble du personnel, femmes et hommes, soit informé des problèmes qui augmentent les risques d’infection au VIH chez les femmes.

Le premier rapport annuel de progrès du Plan d’action pour le genre 2018-2023 souligne les progrès accomplis en vue d’atteindre les objectifs, mais il reste encore beaucoup à faire. « Le Plan d’action pour le genre est un outil de changement », affirme Gunilla Carlsson, Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA. « Nous devons maintenir la dynamique et assurer la pérennité des acquis en nous appuyant sur les progrès impressionnants réalisés rien que pendant la première année de sa mise en œuvre. »

Parmi les 30 actions identifiées pour atteindre les quatre objectifs fixés par le Plan quinquennal d’action pour le genre, l’ONUSIDA a fait des progrès remarquables sur 20 d’entre elles pendant la première année. « Le Plan d’action pour le genre est important parce qu’il se penche sur les thèmes de l’égalité, de l’équilibre, de la justice et de l’équité », déclare Helene Badini, Conseillère communautaire régionale dans l’équipe de soutien régionale ONUSIDA à Dakar, au Sénégal.

Ce Plan inclut des possibilités de formation et de mentorat, des objectifs professionnels liés au genre imposés et un soutien dans l’ensemble de l’organisation. « Tout le personnel de mon bureau a un objectif d’apprentissage sur le genre et je lutte contre toutes les violences basées sur le genre », affirme Françoise Ndayishimiye, Directrice Pays ONUSIDA au Gabon. « En qualité de membre de UN Plus, j’apprécie d’être en lien avec d’autres femmes séropositives au VIH qui travaillent à l’ONUSIDA. Nous pouvons ainsi unir nos forces et agir ensemble », ajoute-t-elle.

Dans les régions d’Afrique occidentale et centrale, les hommes forment la majorité du personnel de l’ONUSIDA, mais la moitié des directeurs Pays de l’ONUSIDA sont des femmes. Elles dirigent de petites équipes déployées dans l’un des foyers les plus actifs de l’épidémie du sida et confrontées à de graves défis humanitaires, de sécurité et liés aux catastrophes naturelles. Marie Engel, Conseillère du programme régional de l’ONUSIDA à Dakar, est convaincue que le fait de « disposer d’un réseau de collègues féminines représente un outil puissant et exceptionnel pour faire progresser le leadership des femmes. C’est ce qui explique que dans ma fonction actuelle, j’encourage la collaboration entre les alumni d’Afrique occidentale et centrale du Programme de leadership des femmes ».

Le Plan d’action pour le genre rappelle que l’égalité des sexes fait partie des droits de l’homme et qu’elle est essentielle pour la performance et l’efficacité de l’ONUSIDA. L’importance de faire progresser l’égalité des sexes, y compris en atteignant la parité entre les femmes et les hommes, est désormais largement reconnue.   

Ce Plan, initialement conçu pour le personnel, s’est rapidement transformé en action programmatique. En République démocratique du Congo, par exemple, l’ONUSIDA aide les femmes impliquées dans les réseaux de personnes vivant avec le VIH de la société civile à développer leurs compétences ainsi qu’à atténuer l’autodiscrimination et l’autostigmatisation. Certaines participantes de ces réseaux se sont rendues à New York en 2018 pour participer à la Commission de la condition des femmes et partager leurs expériences. La femme à l’œuvre derrière cette initiative s’appelle Natalie Marini Nyamungu. Elle est Conseillère en droits humains et en égalité des sexes au bureau national de l’ONUSIDA.

« J’ai développé des compétences pour créer un environnement de travail favorable axé sur l’égalité et le respect de la diversité, exempt de toute discrimination ou de tout préjudice », affirme Natalie Marini Nyamungu. « J’ai également aidé nos partenaires de la société civile à développer les nouvelles compétences et ressources ainsi que la confiance en soi nécessaires pour dynamiser leur propre leadership. »

Soutenir le leadership des femmes est au cœur du Plan d’action pour le genre. L’expérience des collaboratrices de l’ONUSIDA a convaincu de nombreuses personnes que le leadership est plus une question d’influence qu’une position dans l’organigramme.

Aminata Ouattara, responsable exécutive dans l’équipe de soutien régionale de l’ONUSIDA à Dakar, résume ainsi la situation :

« Les répercussions du Plan d’action pour le genre de l’ONUSIDA sont similaires à l’utilisation des transports en commun. Plutôt que de prendre votre voiture, le bus franchit les obstacles de la circulation à votre place et vous dépose où vous le souhaitez beaucoup plus rapidement. »

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Riposter à l'épidémie de VIH à Larkana

11 juin 2019

Ahmed (nous avons changé son nom) a peur de raconter son histoire : Mukhtar, son fils âgé de cinq ans, vient d'être diagnostiqué séropositif au VIH. Ahmed fait partie du personnel médical d'un hôpital de la ville de Ratodero au sud-est du Pakistan. Il a emmené Mukhtar pour un dépistage du VIH lorsque les médias locaux ont commencé à tirer la sonnette d'alarme devant l'augmentation des infections au VIH parmi les enfants vivant dans sa région, la province du Sindh.

Fin avril, les services officiels de santé ont intensifié leurs efforts de dépistage du VIH dans le district de Larkana suite aux avertissements lancés par une médecin de Ratodero qui a vu augmenter rapidement le nombre d'enfants testés positifs au VIH parmi ses patients. Après plus de six semaines de tests, la barre des 750 nouvelles infections au VIH diagnostiquées a été dépassée, parmi lesquelles 80 % d'enfants, dont le fils d'Ahmed. Avant cette épidémie, on comptait un peu plus de 1 000 enfants ayant le VIH dans tout le pays. Même si une enquête est en cours pour découvrir les causes de cette explosion des cas, les experts pensent que cela pourrait être dû en partie à de mauvaises pratiques de contrôle des infections, comme l'absence de stérilisation et la tendance à réutiliser les seringues et les perfusions.

Mukhtar est assis tranquillement sur les genoux de son père pendant que ce dernier continue de raconter son histoire.

« Lorsque j'en ai parlé à ma femme, elle a commencé à me poser des questions : d'où cela vient-il ? Pourquoi cela est-il arrivé à mon fils ? Et mon fils va-t-il survivre ? » L'angoisse et la peur grandissent au sein de la famille d'Ahmed et dans toute la province.  Chaque jour, des centaines de parents font la queue devant les centres de dépistage et se précipitent dans les hôpitaux et les cliniques pour faire tester leurs enfants. Beaucoup sont ignorants ou presque sur ce qu'est le VIH.

Une riposte immédiate à l'épidémie a été apportée par le Sindh AIDS Control Programme (SACP). Cette organisation mène une campagne de dépistage de grande envergure qui se traduit par l'agrandissement des centres de dépistage du VIH et la création d'une nouvelle unité de dépistage au Taluka Headquarter Hospital de Ratodero. Ces mesures ont permis de tester plus de 26 000 personnes, dont une majorité d'enfants.  Le ministère de la Santé du Sindh renforce également ses efforts pour empêcher les activités des cabinets médicaux informels et n'ayant pas d'autorisation d'exercer. Cette politique a déjà provoqué la fermeture de 900 cliniques et banques du sang sans autorisation.

Afin de garantir un accès immédiat au traitement contre le VIH, une nouvelle clinique de traitement antirétroviral destinée aux enfants a vu le jour à Larkana et des professionnels des soins de santé supplémentaires ont été détachés. Ces efforts sauvent des vies. 356 personnes, dont le fils d'Ahmed, ont déjà rejoint des services de soins contre le VIH et ont commencé une thérapie antirétrovirale. « J'avais peur au début, mais mon enfant a reçu le traitement dont il avait besoin », explique Ahmed. « Nous devons maintenant nous assurer que le traitement ARV sera disponible à l'avenir dans notre district. »

Les Nations Unies au Pakistan collaborent étroitement avec les gouvernements fédéraux et provinciaux afin de fournir une aide technique sur place. Il s'agit d'aider les partenaires locaux à apporter une réponse efficace à l'épidémie de VIH et de réduire l'impact de cette crise. Avec l'entière participation de l'Organisation mondiale de la Santé, de l'UNICEF, de l'ONUSIDA, de l'UNFPA et d'autres agences de l'ONU, les Nations Unies apportent leur soutien à la mise en place du « Sindh HIV Outbreak Response Plan, May 2019-Apr 2020 ». Ce programme d'action inclut des mesures à court et long terme pour identifier les causes de l'épidémie de VIH, les combattre et renforcer les quatre piliers que sont la prévention du VIH, le traitement, les soins et les services d'aide.

Une équipe regroupant le SACP et d'autres partenaires nationaux a été la première à intervenir avec le soutien des Nations Unies. L'aide et l'expertise internationales sont ensuite arrivées à la demande du gouvernement fédéral afin de réaliser une enquête épidémiologique. L'objectif consiste à mesurer l'ampleur de l'épidémie, à identifier sa source et la chaîne de transmission du VIH et à émettre des recommandations. L'enquête, dont les premiers résultats seront présentés le 14 juin, est menée par l'OMS avec l'aide de l'Aga Khan University (AKU), du Field Epidemiology and Laboratory Training (FELTP) Programme, de l'ONUSIDA, de l'UNICEF, de la Dow Medical University de Karachi et de la Microbiology Society of Infectious Disease in Pakistan.

Les Nations Unies aident également les partenaires nationaux à mettre en place un plan de riposte communautaire. Il s'agit d'impliquer les communautés à tous les niveaux afin de réduire la stigmatisation et la discrimination qui dominent actuellement et de promouvoir l'éducation à la santé. Le SACP formera des professionnels de la santé sur la gestion des cas pédiatriques. Des sessions d'éducation à la santé et de sensibilisation vont être programmées en impliquant des organisations dirigées par les communautés et les leaders religieux. D'autres formations ciblent les médias locaux afin de les sensibiliser à leur responsabilité lorsqu'ils couvrent la question du VIH. « Nous devons nous assurer d'aborder les causes de cette épidémie afin d'éviter qu'une telle tragédie ne se répète, » déclare Ahmed.

Avec 20 000 nouvelles infections par an en 2017, le Pakistan est le deuxième pays d'Asie-Pacifique où l'épidémie du sida croît le plus vite. Le virus touche d'une manière disproportionnée les populations les plus vulnérables et marginalisées, en particulier les populations clés. L'ONUSIDA continue de plaider pour un renforcement de la riposte à l'épidémie.

« Nous devons travailler sans relâche avec les parties prenantes nationales et internationales afin de combler les principales lacunes dans la prévention de nouvelles infections au VIH et pour garantir la santé et le bien-être des personnes vivant avec le VIH au Pakistan. Ainsi, le pays ne restera pas à la traîne dans nos efforts pour mettre un terme au sida », conclut Maria Elena F. Borromeo, Directrice pays de l'ONUSIDA au Pakistan.

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