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Des moyens pour les communautés marginalisées et vulnérables en Namibie

13 août 2012

Thusnelda Guruses, Coordonnatrice de projet de Hui Da Re, une organisation communautaire financée par l'intermédiaire du Small Grants Fund de l'ONUSIDA, incitant les participants à avoir une réflexion critique sur les relations avec des partenaires multiples et la transmission du VIH en racontant de petites histoires.

Le projet communautaire Khaibasen a été mis en place en Namibie dans le but de favoriser la prise de conscience, d'éduquer et de donner la parole aux communautés vulnérables, en particulier les filles qui s'engagent dans des transactions sexuelles pour pouvoir joindre les deux bouts.

« Je me suis sentie émotionnellement et mentalement plus forte après les sessions de discussion organisées par le projet communautaire Khaibasen. Les réunions du groupe d'appui psycho-social m'ont apporté des connaissances importantes sur mes droits et sur la façon de prendre soin de moi-même », raconte Gan-Gans, une professionnelle du sexe de 24 ans qui assiste régulièrement à ces réunions. Le projet communautaire soutient les femmes et les filles des bidonvilles de Keetmanshoop afin de leur permettre de mieux défendre leurs droits et de traiter des problèmes critiques tels que la santé sexuelle et reproductive, la violence sexiste et les services de prévention, de soins et de traitement anti-VIH.

« Avec l'aide financière et le renforcement des capacités fournis par l'ONUSIDA, nous sommes en mesure d'atteindre les femmes vulnérables dans les bidonvilles de Keetmanshoop », explique Desiree Haman, Coordonnatrice du projet communautaire Khaibasen. Le projet vise à fournir des conseils, une formation et un appui en matière de VIH pour les femmes, notamment les professionnelles du sexe, les transsexuelles, les lesbiennes et les jeunes, en particulier dans la région de Karas.

Ce fonds est extrêmement important et sans cette aide financière et de renforcement des capacités, les groupes locaux qui travaillent avec les communautés dans les bidonvilles ne pourraient pas agir sur le long terme

Jennifer Gatsi Mallet, Directrice du Réseau namibien pour la santé des femmes

Des réunions d'échange d'informations et des ateliers sont également organisés pour aider les femmes à comprendre leurs droits fondamentaux en matière d'accès aux services publics et leur apprendre à mobiliser et à éduquer les autres femmes au sein de leurs quartiers. « Ce fonds est extrêmement important et sans cette aide financière et de renforcement des capacités, les groupes locaux qui travaillent avec les communautés dans les bidonvilles ne pourraient pas agir sur le long terme », explique Jennifer Gatsi Mallet, Directrice du Réseau namibien pour la santé des femmes. Selon Mme Mallet, les programmes communautaires soutenus par l'ONUSIDA ont permis des avancées significatives dans l'intensification et la promotion de l'appropriation par les communautés, du leadership et de la continuité dans de petits groupes à assise communautaire qui changent sans cesse, notamment ceux qui sont dirigés par de jeunes hommes et femmes.

Depuis 2002, l'ONUSIDA a versé de petites subventions à plus de 175 organisations en Namibie, qui exercent des activités catalytiques de prévention et de soins anti-VIH au niveau local. En Namibie, la riposte au VIH dans les communautés des bidonvilles reste financée en majeure partie par les partenaires de développement. Le gouvernement finlandais a fait don de 800 000 euros à l'ONUSIDA pour la mise en œuvre d'actions locales dans le sud de la Namibie durant cette période. Des mécanismes de surveillance et d'évaluation ont également été mis en place afin de veiller à ce que les fonds soient correctement utilisés pour aider les communautés les plus pauvres et les plus vulnérables.

« L'approche finlandaise du développement, fondée sur les droits de l'homme, vise à garantir que même les plus pauvres connaissent leurs droits et soient capables de les exercer », explique Anne Saloranta, Chargée d'affaires à l'Ambassade de Finlande en Namibie. « Le développement implique des possibilités plus nombreuses et de meilleure qualité permettant aux gens d'influer sur leur propre vie pour la rendre meilleure ».

En 2011, ce programme (également appelé Small Grant Fund, fonds de petites subventions) a été repositionné de manière à combler une niche stratégique dans le paysage de financement de la lutte contre le VIH en Namibie : apporter des fonds et un appui pour le renforcement des capacités aux organisations communautaires qui tentent de lutter contre la vulnérabilité au VIH des populations marginalisées des bidonvilles des régions de Khomas, Karas et Hardap. L'accent est mis plus particulièrement sur les jeunes femmes et les filles, les personnes handicapées et les personnes vivant avec le VIH.

L'approche finlandaise du développement, fondée sur les droits de l'homme, vise à garantir que même les plus pauvres connaissent leurs droits et soient capables de les exercer

Anne Saloranta, Chargée d'affaires à l'Ambassade de Finlande en Namibie

Le programme a montré qu'il ne faut pas nécessairement des milliards de dollars pour faire une différence dans la vie des gens. L'appui fourni par cette initiative a permis à ces organisations de renforcer les interventions locales de lutte contre les problèmes liés au VIH au niveau communautaire.

L'Association nationale namibienne des Personnes sourdes et malentendantes (Namibian National Association of the Deaf – NNAD) a également bénéficié de ce programme. Cette association est une organisation novatrice, réactive et dynamique de développement dont l'objectif est de garantir la protection et la défense des droits, des besoins et des préoccupations des personnes sourdes et malentendantes en Namibie. Elle apporte un nouvel espoir à la communauté des personnes sourdes et malentendantes en Namibie, qui sont souvent marginalisées en raison de leur handicap. La prise de conscience s'est accrue concernant les problèmes qui touchent les personnes sourdes à tous les niveaux, de la mise à disposition des informations à la sensibilisation aux thèmes de la santé sexuelle et reproductive, de la planification familiale et de la violence sexiste. Réduire le poids du VIH dans les communautés de personnes sourdes des régions de Khomas, Hardap et Karas et les aider à se protéger du VIH et des IST : tels ont été les principaux axes de ce programme. Paul Nanyeni, Président de la NNAD, se dit reconnaissant pour l'appui apporté par l'ONUSIDA. « Nous sommes contents de l'ONUSIDA car nous pouvons maintenant proposer à la communauté des personnes sourdes des formations sur le VIH et la violence sexiste qui, autrement, pourraient ruiner la vie de ces personnes », explique M. Nayeni. « Avec cet appui, l'association peut proposer de meilleurs services aux personnes sourdes et malentendantes ».

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Mettre les jeunes au cœur de la riposte au VIH

10 août 2012

Cette année, à la veille de la Journée internationale de la Jeunesse, les Nations Unies ont organisé six vidéo-bulles Google+ diffusées en direct, dans le but d'échanger des informations et des bonnes pratiques et de susciter le débat sur le rôle des Nations Unies, des États membres et de la société civile dans l'amélioration du développement de partenariats avec les jeunes. L'une de ces vidéo-bulles porte plus particulièrement sur la santé sexuelle et reproductive.

La Journée internationale de la Jeunesse a été célébrée dans le monde entier ce dimanche 12 août, nous rappelant le rôle crucial que jouent aujourd'hui les jeunes dans la riposte mondiale au sida. Les jeunes gens âgés de 15 à 24 ans constituent le groupe le plus touché par le sida, représentant 40 % de l'ensemble des infections à VIH chez les adultes. Près de 5 millions d'entre eux vivent avec le VIH dans le monde, avec plus de 2 400 nouvelles infections chaque jour recensées en 2011 chez les 15-24 ans. Bien que les chiffres montrent une baisse de la prévalence du VIH chez les jeunes sur les dix dernières années, il est clair qu'il reste beaucoup à faire.

De nombreux changements positifs se sont produits dans le comportement sexuel des jeunes, avec une baisse significative du nombre de jeunes ayant des partenaires multiples ou des relations sexuelles avant leur 15e anniversaire, ainsi qu'une augmentation de l'usage du préservatif, mais la réalité est très différente selon les pays. Selon les dernières enquêtes en population dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, seulement 24 % des jeunes femmes et 36 % des jeunes hommes ont une connaissance adéquate de la prévention et de la transmission du VIH. Ce manque d'information est une source d'inquiétude, notamment dans les régions où persiste une forte prévalence du VIH.

Tous les jeunes gens, en particulier ceux qui vivent avec le VIH, devraient avoir accès à des services de santé reproductive, de prévention et de soins anti-VIH spécialement conçus pour eux, avec des services adaptés aux jeunes femmes, qui représentent 63 % de tous les jeunes vivant avec le VIH. L'éducation est fondamentale : lorsque les jeunes reçoivent les outils et les incitations qui s'imposent pour adopter des comportements à moindre risque, ils démontrent systématiquement leur capacité à faire des choix responsables et à encourager les autres à faire de même.

Plusieurs jeunes militants ont réitéré l'importance de l'implication des jeunes aux postes de décision dans la lutte contre le sida. Ils ont appelé les gouvernements du monde entier à abolir les restrictions de déplacement pour les personnes vivant avec le VIH, à décriminaliser les populations LGBTI et à assurer l'accès universel aux services de santé pour toutes les populations.

Gabriel Munene, bénévole présent à la Conférence internationale sur le sida, Washington D.C., juillet 2012

L'expérience montre que les programmes de lutte contre le VIH qui ciblent les jeunes sont plus efficaces lorsque ces jeunes sont impliqués en tant que partenaires et peuvent participer à leur élaboration et à leur mise en œuvre. La Déclaration politique de 2011 sur le VIH/sida a appelé tous les pays à soutenir l'implication active et le leadership des jeunes dans la riposte mondiale et les ripostes régionales et nationales. Bien que 150 pays aient déjà fait part de l'inclusion des jeunes dans leurs plans stratégiques nationaux de lutte contre le sida, seuls 91 d'entre eux ont affecté des budgets aux programmes et activités concernant les jeunes. En impliquant les jeunes dans le processus de prise de décision, nous responsabilisons des personnes qui prennent davantage conscience que les autres de ce qui doit être fait.

La Conférence internationale sur le sida, qui a eu lieu cette année à Washington fin juillet, a servi de cadre à plusieurs événements axés sur la participation des jeunes à la riposte au sida, notamment une pré-conférence organisée par YouthForce, un pavillon de la jeunesse et le lancement de Youth Score avec le Directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé.

Les jeunes ont eu la possibilité de faire entendre leurs préoccupations concernant leur rôle dans l'épidémie et les mesures à prendre. Gabriel Munene était l'un des nombreux jeunes bénévoles présents lors de la conférence : « Pendant toute la durée de la conférence, le pavillon de la jeunesse a été une véritable ruche, avec une forte participation de jeunes venus du monde entier. Plusieurs jeunes militants ont réitéré l'importance de l'implication des jeunes aux postes de décision dans la lutte contre le sida. Ils ont appelé les gouvernements du monde entier à abolir les restrictions de déplacement pour les personnes vivant avec le VIH, à décriminaliser les populations LGBTI et à assurer l'accès universel aux services de santé pour toutes les populations ».

La Conférence internationale sur le sida, qui a eu lieu cette année à Washington fin juillet, a servi de cadre à plusieurs événements axés sur la participation des jeunes à la riposte au sida, notamment Youth Score, qui a attiré plus de 200 jeunes gens venus pour participer à des ateliers et des activités en compagnie de Lorrie Fair, de l'équipe nationale féminine de football des États-Unis, Steve Zakuani du Seattle Sounders FC et Michael Adams, ancien joueur de la NBA.
Photo : ONUSIDA/Y.Gripas

L'ONUSIDA reconnaît l'importance du travail avec les jeunes pour parvenir à une génération sans sida et a lancé plusieurs programmes visant à responsabiliser les jeunes et à les impliquer dans l'élaboration des plans qui les concernent. CrowdOutAIDS a été lancé en octobre 2011 en tant que politique collaborative et a permis aux jeunes de définir un ensemble de recommandations sur la façon dont le Secrétariat de l'ONUSIDA pouvait travailler plus efficacement pour faire participer les jeunes à la riposte au VIH : plus de 5 000 jeunes militants venus de 79 pays ont pris part à cette initiative. Le mois dernier, à Washington, CrowdOutAIDS s'est associé à Youth Force pour présenter une Déclaration pour le changement : comment les jeunes vont réussir à faire naître une génération sans sida, qui encourage les jeunes à collaborer, à travers les réseaux sociaux, sur une liste de priorités qui pose les jalons de la manière dont les organisations, les réseaux et les militants de la jeunesse vont travailler ensemble pour parvenir aux objectifs fixés pour 2015 par la Déclaration politique.

Cette année, à la veille de la Journée internationale de la Jeunesse, les Nations Unies ont organisé six vidéo-bulles Google+ diffusées en direct, dans le but d'échanger des informations et des bonnes pratiques et de susciter le débat sur le rôle des Nations Unies, des États membres et de la société civile dans l'amélioration du développement de partenariats avec les jeunes. L'une de ces vidéo-bulles porte plus particulièrement sur la santé sexuelle et reproductive.

Les jeunes hommes et femmes, qui représentent un cinquième de la population mondiale, détiennent la clé pour parvenir à la vision de l'ONUSIDA de zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida.

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Donner les moyens de se protéger aux personnes malentendantes : un pas vers l'objectif des trois zéros

09 août 2012

Ephraim Baliya, Président du conseil d'administration de la ZIMNAD, expliquant l'utilisation des signes pour la rédaction du dictionnaire sur le VIH.

Lorsque Marwei (24 ans) est tombée enceinte, elle n'a pas pu révéler son état en raison des tabous culturels associés à la grossesse hors mariage au Zimbabwe. Pour ne rien arranger, elle est née sourde et muette. Marwei est décédée à l'âge de 25 ans, négligée de tous, dans la ferme rurale de sa mère. Elle n'a jamais dit qui l'avait mise enceinte. Des croyances traditionnelles négatives mettent les personnes handicapées à la merci des abus commis par des membres de leur famille, des proches ou d'autres prédateurs sexuels. Pire encore, les personnes malentendantes et atteintes de troubles de la parole sont souvent laissées de côté par les programmes de lutte contre le VIH.

Le rapport intitulé The Forgotten Tribe, People with Disabilities in Zimbabwe (La tribu oubliée – Les personnes handicapées au Zimbabwe) et publié par Progressio en 2006 établit le constat suivant : « Les interventions de sensibilisation qui comportent essentiellement des composants informatifs, éducatifs et de communication ne tiennent pas compte des besoins des personnes malvoyantes et malentendantes, ni des personnes handicapées mentales ou souffrant de handicaps physiques graves ».

Dans certaines cultures africaines, il est souvent difficile de discuter ou de verbaliser librement les questions de sexualité, mais le langage des signes constitue une nouvelle possibilité de s'exprimer sur les problèmes liés au VIH sans crainte des tabous. Pourtant, au Zimbabwe, cette possibilité est largement sous-exploitée, car les personnes souffrant de troubles de la parole et de l'audition sont souvent dépeintes ou perçues comme des mineurs perpétuels ayant peu voire aucun désir sexuel.

Malgré ces obstacles majeurs au Zimbabwe, les adultes malentendants et atteints de troubles de la parole ont fait un premier pas important vers l'émancipation en prenant l'initiative de répondre efficacement à leurs propres besoins spécifiques déterminants pour leur accès aux services anti-VIH par l'intermédiaire de leur organisation, l'Association nationale zimbabwéenne des Personnes sourdes et malentendantes (Zimbabwe National Association for the Deaf – ZIMNAD).

Il y a tellement de gens malentendants et ce dictionnaire va beaucoup nous aider pour améliorer notre communication sur les questions liées au VIH

Ephraim Baliya, Président du conseil d'administration de la ZIMNAD, Association nationale zimbabwéenne des Personnes sourdes et malentendantes

« Les programmes de sensibilisation au VIH tiennent rarement compte des besoins spécifiques des personnes atteintes de troubles de la parole et de l'audition », explique Christine Sithole, Directrice nationale de la ZIMNAD.

« Fournir des informations ne suffit pas pour changer les attitudes et les comportements, il est nécessaire de transposer ces informations pour s'adapter à la situation et aux expériences personnelles des réalités vécues par ces personnes », ajoute-t-elle.

En guise de première étape créative, avec l'aide du Conseil national sur le sida et l'ONUSIDA, l'organisation locale a réuni des formateurs des dix provinces du pays afin d'élaborer un dictionnaire de langage des signes sur le VIH harmonisé au niveau national, qui servira de base solide pour un programme national spécifique de lutte contre le VIH.

« Il y a tellement de gens malentendants et ce dictionnaire va beaucoup nous aider pour améliorer notre communication sur les questions liées au VIH », a indiqué Ephraim Baliya, Président du conseil d'administration de la ZIMNAD, qui est atteint lui aussi d'un trouble de la parole et de l'audition.

Selon Progressio, le Zimbabwe compte 1,4 million de personnes handicapées, mais aucune information n'est disponible concernant le nombre de personnes souffrant de troubles de la parole et de l'audition.

« Nous voulons que l'objectif des trois zéros se concrétise et que personne ne soit laissé au bord de la route. De nombreuses personnes malentendantes ont été laissées de côté », insiste Mme Sithole. « Il s'agit d'un pas en avant vers l'objectif des trois zéros. Mais nous ne pourrons pas y parvenir si une partie importante de la population est exclue ».

Raymond Yekeye, Directeur des opérations du Conseil national sur le sida, a répété que le gouvernement était pleinement conscient des besoins particuliers des personnes handicapées. Il a indiqué que le Plan stratégique national de lutte contre le sida II (2011-2015) du Zimbabwe a été élaboré de manière à favoriser un environnement programmatique et juridique propice pour les populations vulnérables.

Les troubles de l'audition et la surdité constituent un handicap majeur, qui limite l'accès d'un individu à l'éducation et l'emploi et son intégration sociale en général. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que 4,5 % de personnes dans les pays en développement souffrent de handicaps auditifs.

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Les femmes du monde entier ont droit au consentement éclairé

08 août 2012

Traitement antirétroviral pour les femmes enceintes.
Photo : ONUSIDA/J.Naar

En janvier 2008, lorsque les membres du personnel de la Communauté internationale des femmes vivant avec le VIH/sida (ICW) ont lancé une série de tables rondes avec des femmes vivant avec le VIH en Namibie pour discuter de leurs expériences, ils étaient loin de se douter de ce qu'ils allaient découvrir. Sur les 230 femmes interrogées, la plupart ont raconté avoir été victimes d'une forme ou l'autre de discrimination au sein des services de santé et près de 20 % ont affirmé avoir subi une stérilisation forcée. Plusieurs femmes ont dit avoir été obligées de signer des formulaires de consentement alors qu'elles souffraient terriblement ou après le travail, sans avoir été correctement informées avant l'opération de stérilisation. « Nous avons été choqués par ce que nous avons entendu », déclare Jenifer Gatsi-Mallet, membre de l'ICW et Directrice du Réseau namibien pour la santé des femmes. « La capacité d'avoir des enfants joue un rôle majeur dans le statut des femmes et leur position dans la société ».

La publication des conclusions de cette étude namibienne a permis de porter un nouveau regard attentif sur les pratiques coercitives à l'encontre des femmes vivant avec le VIH et conduit à effectuer des enquêtes similaires dans d'autres pays et régions. Depuis 2008, des cas de stérilisation forcée ont été signalés au Chili, en République dominicaine, au Kenya, au Mexique, en Afrique du Sud, au Venezuela et en Zambie, entre autres. Une étude sur plusieurs pays menée au Bangladesh, au Cambodge, en Inde, en Indonésie, au Népal et au Viêtnam par le Réseau asiatique des personnes vivant avec le VIH a également révélé que « globalement, 30 % des femmes interrogées ont été incitées à envisager la stérilisation à cause de leur séropositivité au VIH ».

« Il n'existe aucune justification à la stérilisation forcée des femmes vivant avec le VIH », a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA. « En ayant accès à un traitement antirétroviral, les femmes vivant avec le VIH peuvent continuer de vivre une vie productive et en bonne santé et porter des enfants qui naîtront sans le VIH ».

30 ans de sensibilisation accrue au VIH et de percées significatives dans la prévention, le traitement et les soins anti-VIH ont permis d'accomplir d'énormes progrès dans la réduction des nouvelles infections à VIH et l'élargissement de l'accès aux services anti-VIH. Rien que sur les deux dernières années, les nouvelles infections chez les enfants ont chuté d'environ 24 % car davantage de femmes enceintes vivant avec le VIH ont eu accès à un traitement antirétroviral, qui abaisse le risque de transmission du virus à leur enfant en dessous de 5 %.

Il n'existe aucune justification à la stérilisation forcée des femmes vivant avec le VIH. En ayant accès à un traitement antirétroviral, les femmes vivant avec le VIH peuvent continuer de vivre une vie productive et en bonne santé et porter des enfants qui naîtront sans le VIH.

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA

Malgré ces avancées, la stigmatisation, la discrimination et les violations des droits humains en raison de l'état sérologique d'une personne vis-à-vis du VIH constituent encore des obstacles majeurs à l'intensification de la riposte.

Les femmes qui vivent avec le VIH restent particulièrement vulnérables aux violations de leurs droits, notamment non-respect illégal du secret médical, refus de l'accès aux services de santé, dépistage obligatoire du VIH et dans certains cas stérilisation forcée.

Bien trop souvent, les femmes vivant avec le VIH n'ont pas les moyens ni le soutien nécessaires pour se défendre face à ces violations de leurs droits. Toutefois, en Namibie, grâce à l'aide du Centre d'assistance juridique, une organisation locale de défense des droits de l'homme, trois femmes vivant avec le VIH ont entamé une action en justice pour avoir été stérilisées sans leur consentement éclairé.

Au bout de quatre années de procédure, la Haute Cour de Namibie a statué le 30 juillet 2012 en déclarant que les médecins avaient « l'obligation légale d'obtenir le consentement éclairé d'un patient » et que le consentement obtenu durant le travail ne représentait pas un consentement éclairé. Bien que la Cour n'ait établi aucun lien entre la stérilisation et la séropositivité au VIH de ces femmes, sa décision affirme clairement le droit de toutes les personnes à un consentement éclairé vis-à-vis des procédures médicales, y compris la stérilisation. Cette affaire a largement attiré l'attention des médias, des groupes de défense des droits de l'homme et des organisations qui travaillent sur les questions des femmes et du VIH dans le monde entier. La décision de justice a été saluée comme un pas en avant dans la reconnaissance des droits de toutes les femmes en matière de santé reproductive, quel que soit leur état sérologique.

« C'est une décision qui fera date pour les femmes de Namibie et du monde entier », a déclaré M. Sidibé. « Les pays doivent mener des enquêtes et signaler tous les cas de stérilisation forcée et autres pratiques coercitives à l'encontre des femmes, y compris les femmes vivant avec le VIH. Nous n'atteindrons pas nos objectifs communs pour la riposte au sida si les gens perdent confiance envers le système de santé en raison de la peur de ces pratiques de coercition ».

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La nouvelle stratégie anti-VIH de la Jamaïque : « Faire des droits de l'homme une réalité »

06 août 2012

Dane Richardson (à gauche), Responsable de développement programme, et Kandasi Levermore, Directeur exécutif de Jamaica AIDS Support for Life (JASL), évoquent l'utilisation de l'Outil d'estimation des coûts des droits de l'homme dans le cadre de leur participation au projet pilote.

Le nouveau Plan stratégique national (PSN) de lutte contre le VIH 2012-2017 de la Jamaïque est axé sur la création d'un environnement propice et sur les droits de l'homme. Ce plan a été élaboré en 2011 à l'issue d'un processus de consultation intensif auquel ont participé le gouvernement, le secteur privé, des organisations confessionnelles, des jeunes, des personnes vivant avec le VIH et des partenaires de développement internationaux. 

Le PSN jamaïcain veut faire des droits de l'homme une réalité. Les PSN incluent souvent les droits de l'homme en tant que principes directeurs ou priorités transversales. Cependant, le PSN jamaïcain comporte des actions concrètes et des mesures programmatiques chiffrées en faveur des droits de l'homme, pour lutter contre la stigmatisation et créer un environnement juridique propice à la riposte au VIH. Cela a été possible grâce à l'utilisation du nouvel outil d'estimation des coûts des droits de l'homme de l'ONUSIDA (HRCT – Human Rights Costing Tool) .

L'estimation des coûts du PSN a été réalisée par le Programme national de lutte contre le VIH et les IST, avec l'assistance technique de l'ONUSIDA, et s'est appuyée sur les outils financiers de l'ONUSIDA, notamment l'Outil d'estimation nationale des dépenses relatives au sida (NASA), le Modèle des besoins en ressources (RNM) et le HRCT.

Selon le Dr Pierre Somse, Coordonnateur de l'ONUSIDA pour la Jamaïque, les Bahamas et le Bélize : « L'Outil d'estimation des coûts des droits de l'homme est un puissant catalyseur qui rassemble toutes les parties prenantes travaillant sur les droits de l'homme et permet un dialogue efficace entre elles tout en déterminant des objectifs quantifiables. Il permet aux gens de voir ce qu'est l'approche basée sur les droits de l'homme en réalité. Cela permet donc d'en faire un élément tangible de la planification stratégique, tout en définissant plus précisément ce qu'est une campagne basée sur les droits de l'homme. »

L'Outil d'estimation des coûts des droits de l'homme a été intégré dans le processus d'estimation des coûts du PSN pour trois raisons : estimer à la fois les dépenses et les besoins en ressources en matière de droits de l'homme de manière plus précise dans le but d'éclairer le Modèle des besoins en ressources (RNM) ; promouvoir l'utilisation de l'outil par la société civile et les acteurs travaillant sur les droits de l'homme ; et faciliter la participation de la société civile et des différents acteurs travaillant sur les droits de l'homme au développement du PSN.

L'Outil d'estimation des coûts des droits de l'homme est un puissant catalyseur qui rassemble toutes les parties prenantes travaillant sur les droits de l'homme et permet un dialogue efficace entre elles tout en déterminant des objectifs quantifiables

Dr Pierre Somse, Coordonnateur de l'ONUSIDA pour la Jamaïque, les Bahamas et le Belize

Le processus d'estimation des coûts des activités de défense des droits de l'homme a impliqué plusieurs étapes. Deux ateliers ont été organisés, le premier avec un groupe de base de techniciens et un second avec un groupe élargi de parties prenantes, notamment des représentants de la société civile, des ONG internationales, des membres de l'Équipe commune des Nations Unies, des universitaires, des responsables de réseaux de personnes vivant avec le VIH et le sida, des représentants des populations les plus touchées, ainsi que les responsables du Programme national de lutte contre le VIH et les IST. Ces ateliers ont été l'occasion de discuter du processus d'incorporation de l'outil dans la riposte nationale au VIH, de rechercher des fonds et de rationaliser son application à la composante droits de l'homme du Plan stratégique national de lutte contre le VIH 2012-2017 de la Jamaïque. Les institutions participantes ont trouvé cet outil utile et convivial et se sont engagées à rationaliser l'utilisation de l'outil de manière à obtenir une estimation réelle du niveau des dépenses relatives aux droits de l'homme au sein de leurs propres organisations, y compris dans le cadre d'un effort collectif d'évaluation du niveau des dépenses relatives aux droits de l'homme et des besoins en ressources dans la riposte jamaïcaine en général.

Quelques problèmes ont toutefois été rencontrés dans l'application de l'outil, notamment en raison du nombre limité de programmes et d'activités existants pour alimenter l'outil. Bien que la composition des programmes et des activités soit personnalisable, la limite de 7 programmes et 6 activités par programme s'est avérée être un obstacle dans certains cas, dans la mesure où une simple reformulation de l'intitulé du programme ou de l'activité n'a pas toujours permis de résumer avec succès toute la portée du programme de l'institution ou de ses activités correspondantes. Pour y remédier, les différentes organisations ont été invitées à modifier le menu Liste autant que possible pour trouver les paramètres les mieux adaptés à leurs programmes et activités respectifs : une démarche considérée comme la solution pour surmonter cette difficulté.

Le recours au HRCT s'est aussi révélé bénéfique pour le processus du NASA et du RNM. Il a servi d'outil de collecte de données incroyablement efficace pour les coûts de la riposte en termes de droits de l'homme et facilité l'identification de lacunes importantes dans les estimations des ressources tout en éclairant les mises à jour effectuées au niveau du NASA 2010-2011.

Le HRCT a été conçu à l'origine pour être utilisé par des organisations indépendantes afin d'estimer le coût de leurs programmes de défense des droits de l'homme. Toutefois, les acteurs jamaïcains ont décidé d'adapter cet outil pour estimer le coût des activités de défense des droits de l'homme au niveau national en réalisant une évaluation composite des coûts. Cela s'est révélé très utile dans le processus d'élaboration du PSN. Avec le temps, on a observé une adhésion importante en faveur de la mise en œuvre de l'outil à des fins d'utilisation par les acteurs de la société civile. Cela impliquera la collecte de données qui seront agrégées et utilisées pour actualiser l'estimation des coûts du PSN. Ce processus se terminera par une réunion nationale de validation au cours de laquelle les résultats seront diffusés, avec un consensus sur le chiffre national relatif à l'estimation des coûts de la défense des droits de l'homme.

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Investir dans l'avenir : vaincre le sida en éliminant les nouvelles infections à VIH chez les enfants au Zimbabwe

03 août 2012

M. et Mme Chikonyora en compagnie de leurs jumelles, toutes deux testées séronégatives au VIH.
Photo : ONUSIDA

Madziva-Anoziva et Anotida Chikonyora sont deux vraies jumelles âgées d'un an, nées d'un couple sérodifférent (un couple dans lequel l'un des deux conjoints est séropositif au VIH et l'autre pas) à Centenary, une localité située à environ 120 kilomètres au nord de Harare, la capitale du pays. Souriantes dans les bras réconfortants de leurs parents, les jumelles ont toutes les deux été testées séronégatives au VIH, grâce au programme d'élimination des nouvelles infections à VIH chez les enfants soutenu par le gouvernement.

« Nous sommes reconnaissants du soutien que reçoit notre communauté pour prévenir la transmission de la mère à l'enfant. Je pense aussi qu'il ne faudrait pas que les gens soient dépendants des dons sur le long terme, mais qu'il faut leur donner les moyens de mettre sur pied leurs propres projets », explique Innocent Chikonyora, le père des deux jumelles.

Elizabeth Tafira, une amie de la famille Chikonyora, a vécu une histoire similaire. Leur amitié remonte au début des années 1990, lorsqu'elle a été diagnostiquée séropositive au VIH et a rejoint un groupe d'appui pour les personnes vivant avec le VIH. Selon Mme Tafira, les choses ont beaucoup changé depuis cette époque.

Elle raconte : « Dans les années 1990, lorsque j'ai appris que j'étais séropositive, il y avait peu d'espoir, le traitement était tout à fait inabordable, il y avait beaucoup de stigmatisation et de discrimination et mettre un bébé au monde n'était absolument pas envisageable pour moi. » Elle évoque le manque d'information et de soutien de la part des professionnels de santé et de la communauté qui empêchait les femmes vivant avec le VIH d'accéder à certains services. « Par le passé, j'ai hésité à étudier les possibilités qui sont apparues pour mettre au monde des enfants sans leur transmettre le VIH », reconnaît Elizabeth.

Elizabeth a récemment accouché d'une petite fille, Anashe, et elle attend avec anxiété les résultats de son test de dépistage du VIH. Elle s'est inscrite au programme gouvernemental de prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant (PTME) et elle est sûre que le test sera négatif. Après avoir obtenu le résultat, elle se rendra au dispensaire voisin pour s'entretenir avec les membres du personnel médical qui lui avaient déconseillé d'avoir un enfant. « Je veux leur montrer qu'une femme séropositive au VIH peut effectivement avoir des enfants séronégatifs ».

Par l'intermédiaire de son Ministère de la Santé et de l'Enfance et du Conseil national sur le sida, le gouvernement du Zimbabwe travaille en collaboration avec divers partenaires au niveau des communautés dans le but de fournir un large éventail de services anti-VIH.

Le Plan stratégique national de lutte contre le sida du Zimbabwe II (2011-2015) fait de la PTME une priorité et vise à réduire le taux de transmission de la mère à l'enfant de 14 % en 2010 à 7 % en 2013 et moins de 5 % d'ici 2015.

Selon le Chef Chiveso de la province du Mashonaland Central, même si les résultats sont encourageants, les autorités gouvernementales du Zimbabwe, les communautés et les partenaires de développement devraient intensifier leurs efforts pour permettre à un plus grand nombre de mères d'accéder à des services de qualité.

« Mon peuple n'a plus peur de se faire dépister. Mais nous n'avons pas encore de services adéquats pour le conseil et le dépistage du VIH, la numération des CD4 et le dépistage systématique de la tuberculose », souligne le Chef Chiveso.

Il insiste également sur le fait que l'information, l'éducation et la communication en faveur d'un changement des comportements sont aussi des éléments clés de cet effort, en ajoutant : « les accouchements à domicile demeurent un problème dans la lutte contre les nouvelles infections chez les enfants ».

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AIDS 2012 se termine sur un élan en faveur des objectifs de la lutte contre le sida pour 2015

27 juillet 2012

Bill Clinton s'adressant aux délégués lors de la session de clôture de la XIXe Conférence internationale sur le sida à Washington, D.C. La conférence s'est tenue du 22 au 27 juillet.
Photo : ONUSIDA/C. Kleponis

La XIXe Conférence internationale sur le sida s'est achevée vendredi à Washington D.C., après cinq jours d'une centaine de sessions, d'activités, d'ateliers, de présentations et d'événements parallèles dont le but était de mettre en avant les dernières réflexions et développements sur la riposte mondiale au VIH.

La conférence, qui s'était ouverte le 22 juillet, avait pour thème « Inverser ensemble le cours de l'épidémie ». Des hauts responsables gouvernementaux aux dirigeants d'organisations internationales, en passant par les leaders de la société civile et les scientifiques, tous les intervenants de la Conférence AIDS 2012 sont parvenus à la conclusion que, pour la première fois dans l'histoire du sida, la fin de l'épidémie se profile à l'horizon. Toutefois, les intervenants ont mis en garde sur le fait que de nombreux obstacles doivent encore être surmontés avant que la communauté internationale ne parvienne à zéro nouvelle infection à VIH et zéro décès dû au sida.

Pendant toute la conférence, l'attention s'est portée principalement sur les 10 objectifs mondiaux de la lutte contre le sida convenus par les États membres de l'ONU lors de la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur le sida en juin 2011, en particulier l'objectif d'éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants, de réduire de moitié le taux de transmission du VIH par voie sexuelle et d'assurer un traitement antirétroviral à 15 millions de personnes d'ici 2015. Les représentants des organisations internationales et de la société civile ont insisté sur le fait que sans augmentation des investissements dans la riposte au VIH, les objectifs ne seront pas atteints.

Sur les 16,8 milliards de dollars actuellement investis chaque année dans cet effort, plus de la moitié provient des pays affectés eux-mêmes, et ils méritent pour cela tout notre respect.

Président Bill Clinton

Juste avant l'ouverture d'AIDS 2012, l'ONUSIDA a publié un nouveau rapport intitulé Ensemble nous vaincrons le sida, qui décrit les récentes avancées réalisées pour atteindre les objectifs mondiaux de la lutte contre le sida, y compris les augmentations de couverture pour le traitement contre le VIH et les investissements nationaux dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

Les leaders renouvellent leur engagement pour une génération sans sida

La conférence a également donné l'occasion à de nombreuses personnalités du monde politique, des milieux scientifiques, de la société civile et des arts de réitérer leur soutien en faveur de l'effort pour stopper les nouvelles infections à VIH chez les enfants d'ici 2015 et maintenir leurs mères en vie. Un événement qui s'est tenu à la veille de la conférence, baptisé Uniting for an AIDS-free generation (Unis pour une génération sans sida), a réuni des musiciens, des politiques, des scientifiques et des militants pour appeler à plus de soutien en faveur de cet objectif.

Elly Katabira, Président de l'IAS et Président d'AIDS 2012, présentant la lauréate du Prix Nobel de médecine Françoise Barré-Sinoussi, nouvelle Présidente de l'IAS.

Lors de la conférence, différentes sessions ont été organisées pour échanger sur les progrès réalisés à ce jour pour stopper la transmission du VIH de la mère à l'enfant. Le Directeur exécutif de l'ONUSIDA Michel Sidibé et l'Ambassadeur Eric Goosby, Coordonnateur de la lutte mondiale contre le sida pour le gouvernement américain, ont participé à de nombreux événements pour tenir au courant les partenaires des avancées du Plan mondial, une initiative conjointe ciblant les 22 pays dans lesquels se produisent 90 % des nouvelles infections à VIH chez les enfants, dont 21 se trouvent en Afrique subsaharienne.

AIDS 2012 s'achève mais les délégués pensent déjà à AIDS 2014

La session de clôture du 27 juillet a vu la présentation de plusieurs requêtes de militants de premier plan dans la riposte mondiale au VIH. Parmi les intervenants figuraient : Diane Havlir, Co-présidente américaine d'AIDS 2012 ; Nancy Pelosi, Chef de l'opposition à la Chambre des représentants des États-Unis ; Anna Zakowicz, Global Network of People Living with HIV (GNP+) ; Elly Katabira, Président de l'IAS et Président d'AIDS 2012 ; la lauréate du Prix Nobel de médecine Françoise Barré-Sinoussi, nouvelle Présidente de l'IAS ; Tanya Plibersek, Ministre australienne de la Santé ; et le Président Bill Clinton.

À l'issue de la séance d'ouverture, la conférence a été confiée aux représentants officiels du comité organisateur de la XXe Conférence internationale sur le sida qui se tiendra à Melbourne, en Australie, en 2014.

AIDS 2012 était la première Conférence internationale sur le sida organisée aux États-Unis en 22 ans. La décision du Président Obama de supprimer l'interdiction de déplacement liée au VIH en 2009 a été largement saluée par tous les délégués comme un signe de poursuite de l'engagement bi-partisan du gouvernement américain dans la riposte au VIH, au plan national comme au plan international.

Environ 23 000 participants venus de près de 200 pays et 1 800 représentants des médias ont assisté à la conférence AIDS 2012. Des centaines de sessions, d'activités, d'ateliers, de présentations et d'événements parallèles ont été organisées entre le 22 et le 27 juillet.

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Les dirigeants africains mettent en avant les progrès accomplis et les difficultés rencontrées dans la riposte au VIH

26 juillet 2012

Des participants à la table ronde de haut niveau pour l'évaluation des progrès enregistrés contre les sida et des défis restant à relever. Washington, D.C., 26 juillet 2012.
Photo : ONUSIDA

Comment les pays d'Afrique subsaharienne se débrouillent-ils pour riposter à l'épidémie de VIH ? Quelles autres mesures sont nécessaires pour parvenir à l'objectif de l'accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et à l'appui en matière de VIH dans la région ? Ce sont quelques-unes des questions clés abordées lors d'une table ronde de haut niveau de dirigeants africains dans le cadre de la XIXe Conférence internationale sur le sida à Washington, D.C.

Les co-présidents de la session, Robert Soudré, Président de la Société africaine anti-sida, et Morolake Odetoyinbo, Directrice exécutive de Positive Action for Treatment Access (PATA), une organisation non gouvernementale nigériane, ont souligné dans leurs discours d'ouverture les avancées significatives dans la réduction des nouvelles infections à VIH et l'élargissement de l'accès au traitement anti-VIH sur tout le continent.

Au cours de la dernière décennie, le taux de nouvelles infections à VIH a baissé de plus de 25 % dans 22 pays d'Afrique subsaharienne. Dans la région, on estime à 6,2 millions le nombre de personnes ayant bénéficié d'un traitement antirétroviral en 2011, contre seulement 100 000 en 2003. L'avancée la plus spectaculaire concerne l'Afrique du Sud, où au moins 300 000 nouvelles personnes ont pu accéder à un traitement anti-VIH pour la seule année 2011.

Les programmes de prévention efficaces représentent un moyen infaillible pour nous conduire à l'élimination de la transmission de la mère à l'enfant et l'objectif de zéro nouvelle infection à VIH chez les enfants

Madame Penehupifo Pohamba, Première dame de Namibie et Présidente de l'Organisation des Premières dames d'Afrique contre le VIH/sida

Jackline Akinyi Odongo, mère référente au sein du groupe d'aide par les pairs Mothers2Mothers à l'hôpital provincial de Nyanza au Kenya, a décrit son désarroi lorsqu'elle a appris qu'elle était séropositive au VIH et enceinte. Elle a rejoint le groupe d'aide, suivi les directives pour la prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant, et pris régulièrement ses médicaments antirétroviraux. Sa fille est née séronégative au VIH.

Madame Penehupifo Pohamba, Première dame de Namibie et Présidente de l'Organisation des Premières dames d'Afrique contre le VIH/sida, a mis en avant les bénéfices considérables de la réduction des nouvelles infections à VIH chez les enfants. On estime à 300 000 le nombre d'enfants infectés par le VIH en Afrique subsaharienne en 2011, soit une baisse de 26 % depuis 2009. Pourtant, plus de 90 % des enfants vivant avec le VIH dans le monde continuent de résider en Afrique subsaharienne.

Madame Pohamba a appelé à renforcer le rôle des femmes africaines dans la lutte pour l'élimination des nouvelles infections à VIH chez les enfants d'ici 2015. « Les programmes de prévention efficaces représentent un moyen infaillible pour nous conduire à l'élimination de la transmission de la mère à l'enfant et l'objectif de zéro nouvelle infection à VIH chez les enfants », a-t-elle expliqué.

Alioune Gueye, Président du Réseau ouest-africain des jeunes leaders pour les Objectifs du Millénaire pour le développement, a souligné le rôle fondamental que les jeunes peuvent jouer dans la révolution pour la prévention du VIH sur le continent. « Les jeunes sont au cœur de l'épidémie de sida et les initiatives menées par la jeunesse méritent d'être encouragées et soutenues au niveau national et international », a déclaré M. Gueye.

Entre 2001 et 2010, la prévalence du VIH a baissé chez les jeunes (âgés de 15 à 24 ans) dans au moins 21 des 24 pays qui payent un lourd tribut au VIH. Cependant, on estime à 2 400 le nombre de nouvelles infections à VIH qui se produisent chaque jour dans cette catégorie de la population.

Organisée par le Groupe de travail pour l'Afrique subsaharienne de la Conférence AIDS 2012, la table ronde de haut niveau a également tenté de définir un ensemble de solutions pratiques pour apporter le progrès à travers la santé et le développement. S'exprimant au nom du Directeur exécutif de l'ONUSIDA, le Dr Djibril Diallo, Conseiller principal de l'ONUSIDA et Président du Groupe de travail pour l'Afrique subsaharienne, a fait remarquer que la coopération entre l'ONUSIDA, l'Union africaine et le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) a conduit à l'adoption de la feuille de route de référence sur la responsabilité partagée et la solidarité mondiale au Sommet de l'UA ce mois-ci.

Il a indiqué que la feuille de route défend des solutions propres à l'Afrique qui vont renforcer la riposte au sida, définit des objectifs clairs et les résultats escomptés et détermine les rôles et les responsabilités de chaque partie prenante ; elle s'articule autour de trois piliers : gouvernance pour la santé, financement diversifié et accès aux médicaments.

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Mogadiscio : le VIH en temps de crise

27 juillet 2012

Une femme déplacée dans son pays avec son nourrisson âgé de 8 jours
Photo : ONUSIDA

« Je veux que mon enfant naisse sans le VIH », a déclaré M. Mohamoud Mohamed Ahmed, accompagné de son épouse souriante et visiblement enceinte, Mme Nasteho Farah Elmi, lors d'une récente discussion avec des personnes vivant avec le VIH à Mogadiscio. Cette ville aux murs délabrés et criblés de balles possède un réseau de 500 personnes vivant avec le VIH. M. Ahmed Mohamed Jimale, directeur proactif de ce réseau créé par la Commission Centre Sud sur le sida de Somalie, répond à ce genre de préoccupations en dirigeant les femmes vers des cliniques dotées de services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l'enfant. Pourtant, il existe une grande frustration due au manque de financement pour de tels services.

On en sait peu sur la situation du VIH en Somalie, et encore moins à Mogadiscio, car les problèmes de sécurité limitent la collecte de données. Les données vérifiables les plus récentes datent de 2004. Depuis, les estimations placent le taux de prévalence entre 0,7 et 1 %. Toutefois, une analyse des données provenant des centres de conseil et de dépistage volontaires et des cliniques recevant les patients atteints de tuberculose indique des taux d'infection à VIH allant jusqu'à 18 % chez les personnes atteintes de tuberculose et 5,2 % chez les professionnelles du sexe. Dans toute la Somalie, les conditions sont réunies pour une progression de l'épidémie : accroissement des échanges commerciaux, migration et expansion du commerce du sexe aux frontières et dans les ports.

La Ministre du Développement des femmes et de la Famille, Mme Maryam Aweis Jama, fait part de sa profonde inquiétude quant au manque de ressources : « Le gouvernement somalien dispose déjà de très peu de ressources pour gérer le pays, alors ne pensons même pas aux programmes de financement de la lutte contre le VIH. Nous avons un besoin urgent de ressources pour combattre la stigmatisation, la discrimination et la violence envers les femmes vivant avec le VIH et leurs familles ». Les chefs religieux, hommes et femmes, sont de plus en plus actifs dans la sensibilisation au problème du VIH. « En tant que chefs religieux, nous pouvons avoir une influence majeure sur la société en favorisant la sensibilisation aux questions sur le VIH lors des sermons du vendredi », indique M. Sharif Ibrahim Abdullahi. Une responsable religieuse, Mme Hawo Siidow Abdi, renchérit en expliquant qu'elle s'adresse aux femmes dans les mosquées en tête à tête pour les aider à mieux comprendre l'épidémie de VIH. Mme Hind Khatib, Directrice de l'équipe de l'ONUSIDA d'appui aux régions pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, a déclaré : « Il est gratifiant de savoir que ces chefs religieux, après avoir participé aux événements régionaux de formation à la lutte contre le VIH, relayent ces messages auprès de leurs communautés ».

Avec l'amélioration relative de la sécurité à Mogadiscio, la ville attire de plus en plus de personnes déplacées en quête d'une vie meilleure. Elles vivent dans des conditions épouvantables, avec peu de protection et d'accès aux services de base. Les centres de distribution du Programme alimentaire mondial s'occupent des populations déplacées et vulnérables. « Les nombres importants de personnes qui se rendent dans ces centres pourraient constituer une cible prioritaire pour la sensibilisation au VIH », a fait remarquer M. Kilian Kleinschmidt, Coordonnateur humanitaire adjoint des Nations Unies, lors d'une récente visite sur place.

Mogadiscio se caractérise par un environnement hautement militarisé, avec une police et une milice visibles partout. M. Abdinor Osman Weheliya, de l'ONG Organisation for Somalis Protection and Development, raconte qu'il arrive souvent que le soir, les femmes attendent à l'extérieur des casernes et des bases militaires en quête d'une opportunité d'échanger des services sexuels contre un peu d'argent pour survivre, ce qui les rend extrêmement vulnérables à une infection à VIH.

Plus inquiétant encore, au sein des communautés visitées comme dans la population en général, il existe une absence criante de sensibilisation et de compréhension de l'épidémie de VIH. « Si la prévention du VIH n'est pas mise en œuvre comme urgence prioritaire, le VIH pourrait bien devenir une autre bombe à retardement susceptible d'exploser à Mogadiscio », conclut le Dr Renu Chahil-Graf, Coordonnateur de l'ONUSIDA en Somalie.

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La campagne CONDOMIZE! s'invite à la Conférence internationale sur le sida 2012

24 juillet 2012

La campagne CONDOMIZE! tend à sensibiliser le public sur l'importance d'utiliser des préservatifs de façon vivante et ludique.
Photo : Scott Henderson

Les préservatifs sont de nouveau à l'honneur à l'occasion de la XIXe Conférence internationale sur le sida qui se tient à Washington, DC du 22 au 27 juillet, par le biais du nouveau lancement d'une campagne visant à promouvoir leur utilisation et leur disponibilité et distribuant 850 000 préservatifs.

La campagne CONDOMIZE! vise à souligner l'efficacité des préservatifs, masculins et féminins, dans la prévention du VIH et appelle les gouvernements, les donateurs et les utilisateurs à intensifier l'accès, et la demande, à des préservatifs de qualité comme principal rempart contre le VIH.  Elle milite pour que les parties prenantes investissent des ressources et des supports significatifs pour promouvoir l'utilisation des préservatifs comme technologie la plus efficace et disponible dans la riposte mondiale au sida. La lutte contre la stigmatisation qui entoure encore les préservatifs est également l'un des principaux objectifs de la campagne.

« N'oublions pas que le préservatif reste le moyen le moins cher et le plus efficace dont nous disposons pour mettre fin à la propagation du VIH », a déclaré le directeur exécutif de l'ONUSIDA, Michel Sidibé, insistant sur l'importance des préservatifs lors de son discours d'ouverture à la conférence. « Il est grand temps de démocratiser le préservatif », a-t-il ajouté.

L'initiative a vu le jour à l'occasion de la Conférence internationale sur le sida 2010 à Vienne, dans le cadre d'un partenariat entre l'UNFPA et le Condom Project, en étroite collaboration avec la Croix Rouge des Bahamas; DKT International, une ONG de marketing social, la Female Health Company, la Société internationale du sida et l'ONUSIDA.

Outre la distribution massive de préservatifs, du rap et de courts clips ont été créés, communiquant des messages clés de grands dirigeants sur l'importance de l'utilisation de préservatifs. Ces messages sont diffusés sur des écrans de télévision tout au long de la conférence.

Franck DeRose, directeur exécutif du Condom Project et coordinateur mondial de la campagne CONDOMIZE!, a déclaré : « Nous aidons les gens à prendre conscience de choses très graves et de la nécessité de promouvoir l'utilisation des préservatifs de façon moderne et ludique. Nous devons veiller à ce que ceux qui utilisent des préservatifs y aient accès lorsqu'ils en ont besoin et dans un lieu où ils se sentent à l'aise. La campagne de sensibilité à la Conférence internationale sur le sida 2012 est l'une des mesures visant à transformer cela en réalité. »

N'oublions pas que le préservatif reste le moyen le moins cher et le plus efficace dont nous disposons pour mettre fin à la propagation du VIH. Il est grand temps de démocratiser le préservatif

Michel Sidibé, directeur exécutif de l'ONUSIDA

La campagne a indiqué que la disponibilité de préservatifs avait considérablement baissé dans certains pays. Par exemple, en 2011 en Afrique subsaharienne, il n'y avait que neuf préservatifs disponibles par homme par an, et seul un préservatif féminin pour 10 femmes. Ces préservatifs étaient essentiellement fournis par des donateurs aux pays à revenu faible ou intermédiaire ne disposant pas de ligne budgétaire pour l'acquisition de préservatifs.

Selon l'UNFPA, le soutien et les financements de la part des gouvernements doivent être renforcés pour augmenter la disponibilité de préservatifs masculins et féminins. Ils doivent mettre en place des initiatives de sensibilisation et encourager les gens à utiliser des préservatifs dans le cadre d'une approche de prévention combinée du VIH qui utilise toutes les méthodes avérées pour éviter l'infection.

« Nous savons que la transmission sexuelle représente plus de 80 % des nouvelles infections au VIH dans le monde ; nous pouvons réduire l'incidence du VIH en encourageant les rapports sexuels protégés », a déclaré Bidia Deperthes, conseillère technique principale sur le VIH auprès de l'UNFPA.

Le marketing social de ces moyens de prévention s'illustre par l'engagement de DKT International, dont le président, Philip Harvey, a déclaré vouloir rendre les préservatifs aussi « intéressants et faciles à acheter que le Coca-Cola ». Le fabricant de préservatifs Durex saisit l'occasion de s'engager dans une intervention de sensibilisation.  Charles Shepherd, le directeur de promotion de la santé du groupe a indiqué : « Nous sommes ravis de pouvoir aider, non seulement en faisant don d'un million de préservatifs au programme CONDOMIZE! à l'occasion de la Conférence internationale sur le sida 2012, mais également en nous impliquant dans des séances éducatives. »

Les organisateurs indiquent que de nombreux participants de la conférence ont affiché un intérêt certain et leur ont demandé de déployer la campagne à échelle nationale.

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