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Objectif 100 avec la stratégie 20–50–80 en Ukraine

06 novembre 2020

L’Ukraine vient d’annoncer que les programmes de prévention, de soins et d’assistance au sein de sa riposte nationale au VIH sont financés aujourd’hui à 80 % par l’État.

Dans le cadre de son plan de transition 20–50–80 lancé en 2018, le gouvernement s’était donné trois ans pour augmenter sa participation au financement des programmes de prévention, de soins et d’assistance du VIH qui étaient auparavant financés à 100 % par des donateurs internationaux. La part du gouvernement était fixée à 20 % la première année, les 80 % restants étant financés par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial). La seconde année prévoyait la parité et la troisième année un financement à 80 % par l’État et à 20 % par le Fonds mondial. Ce niveau de financement est désormais atteint et l’argent provient aussi bien de budgets nationaux que locaux. Il est destiné d’une part à des programmes de prévention, de soins et d’assistance au sein de la riposte nationale contre le VIH et la tuberculose, et d’autre part à l’approvisionnement en services fournis pas des organisations communautaires.

Le plan de transition a été proposé par un groupe d’organisations publiques et communautaires sous la houlette de 100% Life, une association connue auparavant sous le nom de All-Ukrainian Network of People Living with HIV. Dmytro Sherembey, président du conseil de 100% Life, explique qu’autrefois la majorité des financements de la riposte nationale au VIH provenait de donateurs, le Fonds mondial en tête. La formule 20–50–80 a apporté une ligne directrice claire couplée à un calendrier approuvé par le gouvernement. Ce dernier était tenu d’augmenter les financements nationaux, car le plan prévoyait un arrêt des financements par les donateurs si jamais il ne satisfaisait pas ses obligations.

« Cette décision n’a pas été aisée. Signer pour une aide du Fonds mondial aurait été beaucoup plus facile. Mais nous avons compris que si le gouvernement n’augmentait pas ses financements, près de 500 000 utilisateurs et utilisatrices des services se retrouveraient démuni-es », raconte M. Sherembey. Le gouvernement n’étant pas en mesure de fournir lui-même une offre variée de services de prévention, de soins et d’assistance contre le VIH, des organisations communautaires avaient commencé à le suppléer. Toutefois, on craignait une baisse du financement destiné aux organisations communautaires, car cela aurait marqué la fin de certains services et, par conséquent, empêché des milliers de personnes d’avoir accès aux soins.

Un groupe stratégique pour la mise en œuvre du plan de transition composé du Centre de santé publique du ministère ukrainien de la Santé, 100% Life, l’ONUSIDA, l’ICF Alliance for Public Health, Renaissance et Deloitte a alors élaboré de nouveaux mécanismes permettant aux organisations communautaires locales de coopérer avec les administrations locales. Le Soumy et la Poltava ont été les premières régions en Ukraine à financer les programmes du VIH et de la tuberculose à partir de sources nationales. En 2018, le budget national ukrainien a attribué l’équivalent de 650 000 $ aux programmes.

« Le plan de transition est l’occasion de resserrer les liens entre le gouvernement et les organisations non gouvernementales pour ce qui est de la fourniture de services de qualité aux personnes vivant avec le VIH et la tuberculose. Le rôle des organisations non gouvernementales connaît aussi une transformation. Il consiste de moins en moins à militer comme à leur début, et de plus en plus à fournir un travail social professionnel et à prendre leur part de responsabilité dans les résultats. Et l’État, de son côté, achète leurs services par le biais du système public d’appels d'offres », indique Igor Kuzin, directeur adjoint du Centre de Santé publique du ministère de la Santé en Ukraine.

La mise en œuvre du plan de transition s’est concrétisée grâce au soutien du ministère ukrainien des Finances. En 2019, l’enveloppe représentait près de 4 millions de dollars, soit la moitié des financements, et 25 régions en Ukraine en ont bénéficié. En 2020, on estime que le gouvernement aura déboursé près de 12,5 millions de dollars pour le traitement et d’autres services, ce qui représente 80 % des financements de ce type de programmes.

« En collaboration avec le Centre de Santé publique du ministère ukrainien de la Santé, avec des partenaires internationaux et la société civile, nous allons assurer une veille minutieuse et analyser les résultats de ce nouveau modèle de fourniture de services liés au VIH afin de garantir sa pérennité, son efficacité et sa cohérence », déclare Raman Hailevich, directeur pays de l’ONUSIDA pour l’Ukraine.

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Le quotidien de deux cliniques en Jamaïque pendant la COVID-19

03 novembre 2020

Une femme séropositive se rend au Centre for HIV Research and Education Services (CHARES) à Kingston en Jamaïque. D’habitude, elle reçoit des antirétroviraux pour trois mois, mais pas cette fois-ci. La médecin lui explique que, depuis avril, les pharmacies d’État délivrent des médicaments uniquement pour un mois de traitement.

À une vingtaine de minutes de là en voiture, à la Comprehensive Health Clinic, un homme attend que son nom soit appelé. Il n’utilise pas l'un des bancs en bois réservés aux patients venant consulter pour des questions de santé sexuelle. Il s’assoit un peu plus loin sur un siège et écoute attentivement.

Les prestataires de services du VIH en Jamaïque luttent cette année sur deux fronts : répondre aux nouveaux défis apportés par la COVID-19 et gérer les difficultés chroniques pour assurer leur mission. La directrice pays de l’ONUSIDA, Manoela Manova, souhaitait se faire une meilleure idée des problèmes sur le terrain. Elle a décidé de se rendre sur ces deux sites afin de parler avec tout le monde, depuis l'équipe d'observation du traitement jusqu’aux médecins.

Hébergé dans le University Hospital of the West Indies, le CHARES est un établissement modèle pour le traitement du VIH en Jamaïque. L’année dernière, sur l’île, 79 % des personnes suivant un traitement avaient une charge virale indétectable. Au CHARES, la proportion est encore plus élevée avec 9 patient-es sur 10, dont la charge virale indétectable leur permet de vivre en bonne santé sans contaminer personne.

La COVID-19 a toutefois aussi mis des bâtons dans les roues de ce programme bien établi.

Les capacités dans les laboratoires ont été redirigées en faveur du coronavirus, par conséquent la réception des résultats des tests de la charge virale a pris du retard.

Le CHARES délivrait habituellement des ordonnances pour trois mois à ses patient-es stabilisé-es, mais depuis l’arrivée de la COVID-19, les pharmacies gérées par l’État ne fournissent des médicaments que pour un mois. Cela fait partie de la stratégie du gouvernement pour prévenir les ruptures de stock, car la chaîne d’approvisionnement connaît actuellement des difficultés. Toutefois, pour les personnes sous traitement, cela signifie qu’elles doivent sortir plus souvent pour obtenir leurs médicaments. En réponse, le CHARES a commencé à faire des livraisons à domicile, en particulier pour les personnes âgées qui sont moins enclines à sortir de chez elles à cause du risque présenté par le nouveau coronavirus. 

Par ailleurs, les mesures d’endiguement de la COVID-19 ont augmenté les besoins en assistance psychosociale. La perte de revenus, la fermeture des écoles et les couvre-feux sont des fardeaux supplémentaires auxquels sont confrontés des milliers de foyers jamaïcains, y compris des personnes vivant avec le VIH. Néanmoins, même lorsque des patient-es sont renvoyé-es vers une assistance psychiatrique à l’hôpital central, rares sont celles et ceux à y aller par peur de la discrimination. Et ce n’est pas tout. Depuis que l’hôpital hébergeant le CHARES est devenu un centre de traitement de la COVID-19, certaines personnes ont décidé de ne plus venir.

« Nous avons besoin d’observer et d’évaluer de plus près les difficultés liées à la gestion des patient-es à l’heure actuelle en vue de trouver des solutions », déclare la responsable du programme CHARES, Racquel Brown. « Dans l’idéal, nous aimerions employer quelqu’un pour analyser les données des patient-es afin de prendre de meilleures décisions stratégiques concernant la prise en charge et le traitement. »  

Le Comprehensive Health Centre apporte ses services à de nombreuses personnes vivant avec le VIH ou touchées par d’autres infections sexuellement transmissibles. Ici aussi, il n’est plus possible de fournir un traitement pour plusieurs mois depuis l’arrivée de la COVID-19. Nombre de patient-es demandent une aide alimentaire au cours de cette période. Certain-es avaient leurs antirétroviraux, mais pas de nourriture pour les prendre.  

Mais d’autres problèmes existaient déjà avant la COVID-19. Deux patient-es sur cinq ne viennent pas au rendez-vous de suivi. Certain-es fournissent une mauvaise adresse aux prestataires de services. Et le taux de suppression de la charge virale de la clinique stagne à 70 %, en deçà de la moyenne nationale. Certain-es arrêtent leur traitement contre l’avis de leur médecin.

Mme Manova explique que de nombreuses difficultés rencontrées par les deux établissements sont liées à l’autostigmatisation et à la discrimination, les deux grands défis de la riposte au VIH en Jamaïque. Dans tout le pays, 43 % à peine de toutes les personnes vivant avec le VIH suivaient un traitement en 2019 malgré une couverture plutôt bonne du dépistage.

« La honte, la peur et les préjugés sapent nos efforts, aussi bien avant que pendant l’épidémie de COVID-19 », remarque Mme Manova. « Pour apporter une riposte de santé publique efficace, nous devons bien réfléchir et faire preuve de cohérence afin d’instaurer la confiance auprès des communautés et combattre toute forme de stigmatisation et de discrimination qui empêchent des personnes d’accéder aux soins. »

« Passer du temps avec ces prestataires de soin a été une expérience inspirante et qui m’a donné beaucoup à réfléchir », continue Mme Manova. « La Jamaïque considère à juste titre que le personnel communautaire de santé est essentiel. Ce personnel au sein des communautés comprend des intermédiaires, des équipes de travail social, des conseillers et conseillères pour l'observation du traitement et des responsables de dossiers. Il est tout aussi important que les médecins et le personnel infirmier. Leurs efforts sont essentiels à l’heure actuelle pour répondre aux besoins et aux émotions qui pourraient avoir des répercussions sur le suivi du traitement. »

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COVID-19 : l'impact se réduit sur la transmission verticale du VIH

27 octobre 2020

Des données obtenues récemment révèlent que la pandémie de COVID-19 a des répercussions considérables sur les services de dépistage du VIH, mais son impact sur le traitement du VIH a été moindre que ce qui était craint à l’origine. La situation concernant les services de prévention de la transmission verticale du VIH (de la mère à l’enfant) est néanmoins contrastée. À partir d’avril, les pays ont enregistré de manière générale un recul du nombre de femmes faisant un dépistage du VIH lors de leur première visite prénatale dans un établissement de santé, mais cette tendance s’est inversée dès le mois de juin.

L’ONUSIDA, l’Organisation mondiale de la Santé et le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance ont lancé en août 2020 une campagne de collecte de données afin de recenser les perturbations causées par la COVID-19 et affectant les services réguliers de la lutte contre le VIH au niveau national, régional et mondial. Parmi les 43 pays ayant fourni des informations concernant la prévention de la transmission verticale du VIH, 17 ont partagé des données qui ont permis d’identifier des tendances.

Un ratio a été calculé en utilisant janvier comme point de comparaison afin de mesurer l’impact de la COVID-19 sur les services de prévention de la transmission verticale du VIH. Autrement dit, si le nombre de femmes accueillies en avril est resté constant par rapport à janvier, alors ce ratio est de 1. S’il a reculé, alors ce taux est inférieur à 1.

Ratio par rapport à janvier du nombre de femmes enceintes ayant fait un test du VIH au cours des soins prénataux, à partir de février

En avril par rapport à janvier, tous les pays sauf le Mozambique et la Jamaïque ont signalé un déclin du nombre de femmes faisant un test du VIH lors de leur première visite prénatale dans un établissement de santé. À partir de juin ou juillet, 14 des 17 pays avaient de nouveau atteint le niveau de février (tous sauf l’Indonésie, le Botswana et la Sierra Leone).

Parmi les 15 pays ayant fourni des informations sur le traitement de femmes enceintes vivant avec le VIH, le nombre de femmes sous traitement est revenu au niveau de février pour tous les pays sauf 5 (Botswana, Afrique du Sud, Sierra Leone, Togo et Guatemala).

Ratio par rapport à janvier du nombre de femmes enceintes vivant avec le VIH et suivant une thérapie antirétrovirale en vue d’éviter la transmission verticale, à partir de février

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La 51e Conférence mondiale de l’Union sur la santé respiratoire s’ouvre aujourd’hui alors que la COVID-19 menace d’inverser la baisse du nombre de victimes de la tuberculose

20 octobre 2020

La 51e Conférence mondiale de l’Union sur la santé respiratoire placée sous le thème « Advancing Prevention » s’est ouverte aujourd’hui. Pour la première fois depuis sa création il y a 100 ans, la conférence est organisée en ligne à cause de la pandémie de COVID-19. Cette manifestation fournira des informations scientifiques récentes sur la tuberculose, la pollution de l’air et la lutte antitabac. Elle proposera également des sessions dédiées à la COVID-19 et aux domaines où elle coïncide avec la santé respiratoire et les maladies infectieuses. Son Altesse Impériale, la princesse consort Akishino du Japon, l’ancien président Bill Clinton, Shannon Hader, Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA, et Divya Sojan, une infirmière et survivante de la tuberculose, pour ne citer que quelques noms, interviendront au cours de cette conférence.

Selon le Rapport 2020 sur la lutte contre la tuberculose de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le nombre de décès liés à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH a reculé de 63 % depuis 2010. Ce résultant encourageant n’est plus très loin de l’objectif mondial (-75 %) adopté avec la Déclaration politique des Nations Unies de 2016 sur la fin du sida. Toutefois, ce document révèle également que la tuberculose reste la principale cause de mortalité parmi les personnes vivant avec le VIH. Un peu plus de 200 000 victimes lui étaient imputables en 2019, soit 30 % de tous les décès des suites d’une maladie opportuniste.

Moins de la moitié des 815 000 personnes environ vivant avec le VIH et ayant contracté la tuberculose en 2019 a été identifiée, diagnostiquée et recensée par les programmes nationaux comme recevant un traitement pour les deux maladies. La majorité d’entre elles passent soit entre les mailles des programmes, ne sont pas diagnostiquées ou soignées correctement ou encore leur traitement n’est pas consigné comme il le devrait. Néanmoins, dans plus de 80 pays et territoires, une fois un diagnostic établi, 90 % au moins des personnes souffrant de tuberculose connaissent leur statut sérologique et 88 % des personnes vivant avec le VIH et suivant un traitement de la tuberculose reçoivent une thérapie antirétrovirale qui les maintient en bonne santé.

La tuberculose peut être soignée et il est possible d’empêcher les contaminations. L’OMS recommande depuis 2004 un traitement préventif de la tuberculose pour toutes les personnes qui viennent d’apprendre leur séropositivité. Ainsi, cela évite qu’elles ne contractent la tuberculose, ce qui sauve des vies. Jusqu’à récemment, cette couverture était pourtant totalement inadaptée. Néanmoins, la combinaison d’efforts militants, d’un volontarisme politique, d’une meilleure disponibilité d’options de traitement plus courtes et plus faciles à respecter, d’un financement adapté et de l’engagement des communautés s’est traduite par une augmentation impressionnante du nombre de personnes vivant avec le VIH recevant un traitement préventif de la tuberculose.

En 2019, l’OMS indiquait que 3,5 millions d’entre elles avaient commencé un traitement préventif contre la tuberculose, alors qu’elles n’étaient que 1,8 million un an auparavant. Ces 5,3 millions de personnes au total pour ces deux années représentent déjà 88 % de l’objectif 2022 fixé à 6 millions dans la Déclaration politique des Nations Unies sur la tuberculose, ce qui donne bon espoir d’atteindre cet objectif avant l’heure.

« Il a fallu des dizaines d’années pour effacer les doutes du personnel de santé et des communautés, pour mobiliser des financements dédiés au traitement préventif de la tuberculose et pour investir dans la recherche en vue de mettre au point des traitements plus courts, plus efficaces et mieux acceptés », a déclaré Shannon Hader, Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA. « Il est l’heure à présent de mettre la barre plus haut et d’élargir l’accès et l’utilisation de meilleurs traitements préventifs à quiconque en a besoin. »

La COVID-19 perturbe toutefois déjà les services destinés au VIH et à la tuberculose en venant s’ajouter à la double stigmatisation qui entrave parfois l’accès à ces services. Par ailleurs, les mesures de confinement dressent un obstacle supplémentaire au dépistage ou à la collecte d’un traitement de la tuberculose et du VIH, et cette nouvelle pandémie détourne des ressources humaines, financières et des laboratoires de la lutte contre la tuberculose et le VIH.

Dans le monde, on estime qu’un confinement de trois mois et un retour à la normale de 10 mois pourraient ajouter 6,3 millions de cas de tuberculose en plus et 1,4 million de décès supplémentaires imputables à cette maladie au cours des cinq prochaines années. La pandémie de COVID-19 ferait prendre un retard de cinq à huit ans au moins à la lutte contre la tuberculose, ramenant l’incidence de cette infection et les décès liés dans le monde en 2021 à des niveaux enregistrés pour la dernière fois respectivement en 2013 et en 2016.

« Aujourd’hui plus que jamais, il est temps que les communautés du VIH et de la tuberculose joignent leurs efforts et lancent un appel pour des investissements dans des traitements préventifs et curatifs plus courts, ainsi que pour un meilleur contrôle des infections, le tout renforcé par une protection socio-économique et des droits humains nécessaires aux populations », a poursuivi Shannon Hader, Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA. « La solidarité mondiale est indispensable pour maîtriser les pandémies de la COVID-19, de la tuberculose, du VIH et les épidémies futures. Ensemble, nous devons mettre en place et distribuer de manière équitable une prévention combinée, y compris des vaccins, et un traitement pour toutes et tous. Autrement dit, garantir un accès véritablement universel qui accorde la priorité à celles et ceux qui en ont le plus besoin. »

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Craintes partiellement infondées concernant l’impact de la COVID-19 sur le traitement du VIH

16 octobre 2020

Même si des données obtenues récemment révèlent que la pandémie de COVID-19 a des répercussions considérables sur les services de dépistage du VIH, son impact sur le traitement du VIH est moindre que ce qui était craint à l’origine.

L’ONUSIDA, l’Organisation mondiale de la Santé et le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance ont lancé en août 2020 une campagne de collecte de données afin de recenser les perturbations causées par la COVID-19 et affectant les services réguliers de la lutte contre le VIH au niveau national, régional et mondial. Parmi les 85 pays ayant communiqué des informations relatives au traitement du VIH, 22 ont partagé des données sur une période suffisamment longue pour identifier des tendances.

Évolution mensuelle du nombre de personnes signalées sous traitement, 1 = données de janvier 2020 (Pays comptant fin 2019 entre 200 000 et 1,2 million de personnes séropositives sous traitement)

L’impact de la COVID-19 sur les services de traitement du VIH a été mesuré à l’aide d’un ratio utilisant les données de janvier comme référence. Autrement dit, ce ratio est de 1 si le nombre de personnes sous traitement en avril est resté constant par rapport à janvier, et il est inférieur à 1 si ce nombre a baissé.

Seuls cinq pays ont signalé un recul sur un ou plusieurs mois à partir d’avril du nombre de personnes suivant un traitement. Il s’agit du Zimbabwe en juin, du Pérou et du Guyana en juillet, de la République dominicaine en avril et de la Sierra Leone de mai à juillet. Les 18 autres pays n’ont signalé aucune baisse et certains d’entre eux ont même enregistré une augmentation constante (p. ex. Kenya, Ukraine, Togo et Tadjikistan).

Évolution mensuelle du nombre de personnes signalées sous traitement, 1 = données de janvier 2020 (Pays comptant fin 2019 entre 60 000 et 200 000 personnes séropositives sous traitement)

Il est toutefois difficile d’identifier des tendances pour ce qui est du nombre de personnes actuellement sous traitement, car, dans de nombreux pays, l'arrêt de la thérapie n’est constaté qu’au bout de trois mois. Autrement dit, il peut arriver que des personnes ayant interrompu leur traitement en avril ne figurent que dans les chiffres de juillet.

Parmi les 22 pays disposant de données sur l’évolution des nouvelles personnes sous traitement, tous sauf la Jamaïque signalent une baisse sur un mois au minimum par rapport à janvier. Seuls huit d’entre eux environ présentent une reprise du nombre de traitements commencés entre janvier et juillet.

Évolution mensuelle du nombre de personnes signalées sous traitement, 1 = données de janvier 2020 (Pays comptant fin 2019 entre 1 400 et 36 000 personnes séropositives sous traitement)

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Un chatbot répond aux questions que se posent les jeunes sur le VIH, la santé et les relations

15 octobre 2020

Un chatbot répondant au nom d’Eli est capable de répondre à des questions sur le passage à l’âge adulte, l’amour, les relations et la santé sexuelle, y compris la prévention et le traitement du VIH. Ce service a été lancé sur le réseau social VKontakte et vient s’ajouter aux ressources de santé mises à disposition des jeunes en Europe de l’Est et en Asie centrale.

Créé par l’Institut pour l’application des technologies de l’information à l’éducation (ITIE) de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), Eli répond à des questions dans six domaines : la psychologie, la physiologie, le sexe, les relations, la famille et la santé. La base de connaissances a été élaborée par une équipe éditoriale en collaboration avec du personnel de santé et des psychologues. L’équipe a puisé dans des documents de l’UNESCO, de l’ONUSIDA et d’autres agences des Nations Unies portant, par exemple, sur la santé sexuelle et reproductive, le bien-être psychologique, ainsi que la prévention, le dépistage et le traitement du VIH.

Une grande partie des connaissances d’Eli concernent la prévention, le dépistage et le traitement du VIH. Au cours d’une conversation avec un utilisateur ou une utilisatrice, Eli explique pourquoi il est conseillé que les jeunes sexuellement en activité fassent un test du VIH, il indique les tests disponibles, où et comment se faire dépister et pourquoi il est essentiel de commencer une thérapie antirétrovirale immédiatement après avoir découvert que le résultat est positif. Eli aide à surmonter les peurs et les appréhensions des jeunes et les encourage à se tourner vers une aide médicale.

« L’utilisation de technologies de l’information modernes et innovantes est un indispensable pour sensibiliser les jeunes sur le VIH et pour assurer la prévention du VIH. Dans ce domaine, l’UNESCO est un partenaire incontournable », explique Alexander Goliusov, directeur par intérim de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui régional à l’Europe de l’Est et l’Asie centrale.

L’équipe a eu recours à des technologies d’apprentissage automatique pour créer ce chatbot. Les jeunes ont la possibilité de poser leurs propres questions ou de choisir parmi une liste de suggestions. L’intelligence artificielle génère la réponse en prenant en compte les éventuelles corrélations. Par exemple, lorsqu’Eli parle des infections sexuellement transmissibles, le chatbot fournit des informations sur les symptômes et les méthodes de diagnostic, mais il explique également aux jeunes quoi faire si jamais leur partenaire ne veut pas se protéger.

Dans ses réponses, Eli fait preuve d’expertise et de respect envers les jeunes qui l'utilisent et opte pour des formulations aussi neutres que possible au niveau du genre et sans stigmatiser.

« Eli est un compagnon irremplaçable pour les jeunes qui grandissent et découvrent des sentiments et des formes de relations inconnus jusqu’alors. Les jeunes ont souvent besoin d’informations fiables, sans stéréotypes ni leçons de morale. Eli représente une nouvelle étape dans la concrétisation de la stratégie mondiale de l’UNESCO visant à donner les moyens aux filles et aux garçons de se constituer un bagage d’informations sur leur santé. Eli leur permet aussi d’établir et de préserver des relations saines, respectueuses et enrichissantes », déclare Tigran Yepoyan, responsable ICT et de l’éducation à la santé auprès de l’UNESCO ITIE.

Au cours de la première semaine de son lancement, plus de 4 000 personnes se sont inscrites au groupe Eli sur VKontakte et Eli a répondu à plus de 150 000 questions posées par plus de 10 000 utilisateurs et utilisatrices. Des jeunes ont aussi laissé un commentaire : « Un thème cool et important ! » « Eli apprend et partage ses connaissances avec nous ! Continue comme ça, Bot ! » « C’est super cool, les gars ! » « Je souhaite remercier les personnes derrière ce projet. Vous faites du bon boulot ! »

Eli est disponible dès à présent et des explications sont fournies pour quiconque n’a jamais utilisé ce type de service.

Eli va servir de prototype avant de créer cette année des chatbots similaires en russe et dans les langues nationales du Kazakhstan et du Kirghizstan, puis, à l’avenir, dans d'autres langues d’Europe de l’Est et d’Asie centrale.

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La COVID-19 a un effet négatif sur le dépistage du VIH dans la plupart des pays

13 octobre 2020

Des données mensuelles fournies régulièrement à l’ONUSIDA portant sur les perturbations au niveau des services de dépistage du VIH et de traitement font état d’un recul significatif des services de dépistage du VIH dans pratiquement tous les pays apportant des informations.

L’ONUSIDA, l’Organisation mondiale de la Santé et le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance utilisent une plateforme en ligne (https://hivservicestracking.unaids.org) pour collecter des données nationales depuis le début de la pandémie de COVID-19 afin d’identifier les perturbations au niveau national, régional et mondial causées par le coronavirus et touchant les services habituels de lutte contre le VIH.

56 pays ont eu recours à la plateforme pour fournir des données sur le dépistage du VIH au moins pour un mois entre janvier et juillet 2020 et 17 ont fourni suffisamment de données pour reconnaître des tendances sur cette période. Un ratio a été calculé en utilisant janvier comme point de comparaison afin de mesurer l’impact de la COVID-19 sur les services de dépistage du VIH. Autrement dit, si le nombre de tests en avril est resté constant par rapport à janvier, alors ce ratio est de 1. S’il a reculé, alors ce taux est inférieur à 1.

Un recul marqué et durable des services de dépistage du VIH a été constaté dans tous les pays sauf le Rwanda et cette tendance est apparue en avril dans la plupart des pays. Dans cinq pays, le Myanmar, le Mozambique, Madagascar, le Rwanda et l’Arménie, le nombre de dépistages a retrouvé son niveau d’avant-crise, alors qu’il reste bas dans d’autres pays comme le Guyana et le Pérou.

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Prévention du VIH en Chine : la jeunesse investit le devant de la scène

13 octobre 2020

« De mon temps, les maladies comme ça, ça n’existait pas ! C’est à cause des mœurs dépravées des jeunes à l’université comme vous que le sida est apparu. » C’est par ces mots qu’un vieil homme a un jour invectivé un groupe d’étudiants qui faisait de la prévention du VIH au bord du Lac de l’Ouest en Chine. « Apprenez à vous tenir correctement ! Nous n’avons pas besoin d’écouter vos sornettes ! »

Près de trois ans plus tard, en 2020, ces mots résonnent toujours clairement dans la tête de Zhao Honghui, un étudiant en troisième année de médecine à la Zhejiang University et responsable du groupe, même s’il savait à cette époque qu’il n’avait rien à se reprocher. « J’aurais aimé pouvoir dire à ce vieil homme que, dans les faits, les nouvelles infections au VIH parmi les personnes âgées augmentent également », explique-t-il. « Mais aussi que la haine et le déni ne permettront jamais de résoudre le problème du VIH. »

M. Zhao a eu récemment la chance d’exprimer ce qu’il aurait aimé dire et de partager ses expériences, bonnes et mauvaises, de bénévole de la prévention du VIH. Il est en effet intervenu en direct sur Internet devant plus de 71 000 personnes dans toute la Chine.

Cinq autres jeunes bénévoles et lui ont participé à une discussion en ligne organisée par l’ONUSIDA et Tencent, une entreprise chinoise du domaine des technologies. Cet évènement sur le thème de la jeunesse et du VIH faisait partie d’une série de discussions destinées aux jeunes et organisées par les Nations Unies en Chine et Tencent dans le cadre de la Journée internationale de la jeunesse et du 75e anniversaire des Nations Unies. Il s’agissait de permettre aux jeunes de donner leur avis sur les Objectifs de développement durable.

En Chine, les statistiques du gouvernement indiquent une recrudescence des nouvelles infections au VIH parmi les jeunes âgés de 15 et 24 ans au cours des dernières années. En invitant de jeunes bénévoles à partager leur expérience, la discussion organisée par l’ONUSIDA avait pour but de sensibiliser davantage les jeunes sur le risque d’infection, de les informer sur les manières de se protéger et de protéger les autres, ainsi que d’encourager des jeunes à venir grossir les rangs de la prévention du VIH.

Mei Junyan, étudiant en deuxième année à la South China University of Technology, a partagé son expérience d’éducateur sur les thèmes de l’éducation sexuelle et de la prévention du VIH avec d’autres étudiant-es. Sun Yinghui a quant à elle raconté au public que son équipe de recherche médicale à la Zhongshan University s’est penchée sur l’impact de la COVID-19 sur les personnes vivant avec le VIH et sur la manière de les aider à surmonter les difficultés. « Cette rencontre me donne espoir, car maintenant je sais que je ne mène pas seule cette bataille », a déclaré Mme Sun. « Cette discussion est une source d’inspiration pour chacune et chacun d’entre nous qui s’engage dans la prévention du VIH », a ajouté M. Mei.

Toutes et tous sont également satisfaits de la qualité des échanges avec les autres intervenants. L’acteur Huang Xiaoming, ambassadeur de bonne volonté en Chine de l’ONUSIDA, a déclaré que faire du bénévolat n’était pas une chose facile. De son côté, le directeur de la Chinese Association of STD and AIDS Prevention and Control, Hao Yang, a encouragé tous les participant-es à continuer sur leur lancée. Par ailleurs, il a ajouté que l’éducation par les pairs vient compléter les informations apprises à l’école et a également encouragé les étudiant-es à faire davantage de bénévolat.  

Andy Liu (nous avons changé son nom) était un invité à part. Il vit depuis cinq ans avec le VIH après avoir été infecté à 21 ans. Aujourd’hui, sa charge virale est indétectable depuis qu’il suit méthodiquement une thérapie antirétrovirale et il aide maintenant bénévolement d’autres personnes séropositives. Malheureusement, il ne s’est toutefois pas senti capable d’allumer sa caméra pour témoigner à visage découvert, car la stigmatisation envers les personnes vivant avec le VIH reste ancrée en Chine. La fin de la rencontre a été marquée par un moment chargé d’émotions, lorsque M. Huang a dit à M. Liu espérer qu’un jour ce dernier n’aura plus peur de se montrer. Il a continué en disant être persuadé que cela sera possible dans un futur proche. De son côté, il continuera de défendre les personnes vivant avec le VIH et de lutter contre la stigmatisation et la discrimination.

M. Zhao espère que cette discussion entre les jeunes se tiendra tous les ans afin de permettre aux jeunes bénévoles de la cause du VIH d’échanger leurs idées. « Cette rencontre nous permet de savoir ce que font d’autres bénévoles et de tirer des leçons des différentes expériences. Je remercie l’ONUSIDA de nous mettre à disposition cette plateforme et j’espère qu’elle deviendra un évènement régulier », a-t-il terminé.

Amakobe Sande, Directrice pays de l’ONUSIDA pour la Chine, a déclaré que l’organisation s’engage à servir la jeunesse en collaboration avec le gouvernement chinois et des organisations communautaires partenaires. « J’espère que les jeunes qui ont participé à la rencontre d’aujourd’hui inspireront aussi d’autres à se joindre à nos efforts. Ensemble, nous pouvons atteindre l’objectif d’une génération sans VIH. Nous pouvons mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique. » 

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Enseignements tirés du projet PPrE Ashodaya en Inde

07 octobre 2020

Le projet pilote Ashodaya sur la prophylaxie pré-exposition (PPrE) à destination des professionnelles du sexe dans le sud de l’Inde a montré comment renforcer les programmes de PPrE et de prévention du VIH, mais aussi la manière d’accélérer leur mise en œuvre à l’issue de la phase pilote.

Même s’il a été prouvé que la protection offerte par la PPrE frôle les 100 % lorsque le traitement est pris correctement, la mise en place de programmes correspondants efficaces reste difficile. Les efforts de prévention du VIH auprès des professionnel-les du sexe mettent généralement l’accent sur l’utilisation du préservatif. Toutefois, si de nombreuses stratégies contribuent au recul des nouvelles infections dans la région Asie-Pacifique, cette population continue d’être surreprésentée au niveau des contaminations. En 2019, 9 % des 300 000 nouvelles infections au VIH estimées pour la région Asie-Pacifique concernaient des professionnel-les du sexe et, à l’échelle mondiale, leur risque relatif d’infection est 30 fois supérieur au reste de la population.

La PPrE figure depuis relativement peu de temps sur la liste des options de prévention du VIH disponibles. Cette solution consiste en la prise d’antirétroviraux par une personne séronégative avant une exposition éventuelle au VIH. Même si l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) la recommande depuis 2015 à toute personne exposée à un risque non négligeable de contamination, la PPrE reste inaccessible à la plus grande partie des populations clés, notamment aux professionnel-les du sexe et à leurs partenaires en Asie et dans la région Pacifique. Le recours à la PPrE chez les femmes, en particulier chez les professionnelles du sexe, en Asie-Pacifique est très peu documenté.

Le projet pilote Ashodaya PPrE est l'un des deux programmes menés et gérés par des communautés qui avaient pour objectif de fournir la PPrE à des professionnelles du sexe. Il a bénéficié du soutien de la Bill & Melinda Gates Foundation (l’autre projet était dirigé par le Durbar Mahila Samanwaya Committee Kolkata). Les professionnel-les du sexe en Inde s’inquiètent du fait que leur communauté reste touchée par les nouvelles contaminations au VIH malgré l’usage répandu du préservatif.

« Notre projet montre que la distribution de la PPrE par les communautés peut être intégrée efficacement aux services existants de prévention et de soins du VIH destinés aux professionnel-les du sexe. Cela favorise la rétention et le suivi du traitement. Les décisionnaires doivent nous consulter, nous écouter et nous faire confiance, car nous savons ce qui fonctionne pour nous et comment y parvenir. Nous avons le devoir de rendre la PPrE disponible d’une manière sécurisée et pérenne en tant qu’outil de prévention supplémentaire et nous nous engageons en ce sens », a déclaré Bhagya Lakshmi, secrétaire d’Ashodaya Samithi.

Le projet pilote sur la PPrE s’est déroulé entre avril 2016 et janvier 2018 et a enregistré de bons résultats au cours de cette période. La prise de PPrE a été très bien suivie : 99 % des 647 participantes prenaient encore leur traitement à l’issue des 16 mois. La protection de ces femmes dépend de la prise quotidienne de PPrE. Alors que le suivi n’affichait que 70 % au troisième mois, il est passé à 90 % au sixième mois et à 98 % à la fin du projet. Les participantes évaluaient elles-mêmes leur adhésion au traitement et un contrôle sanguin sporadique a servi à la vérifier au troisième et au sixième mois.

Ce projet a non seulement permis de dissiper certaines peurs répandues sur la PPrE, mais il a également été bénéfique en réduisant certaines lacunes de la prévention. L’usage du préservatif est resté constant, malgré la crainte de le voir reculer. Son utilisation était élevée avec les clients occasionnels, soit dans 98 % des cas environ, mais plus basse avec les clients réguliers (entre 87 et 96 %) et les partenaires réguliers (63 %). Aucune augmentation des infections sexuellement transmissibles symptomatiques ni aucun cas de contamination au VIH n’a été constaté à l’issue du projet.

Plusieurs facteurs ont contribué au succès du projet Ashodaya PrEP, en particulier :

  • l’intégration totale de la PPrE au sein d’une gamme existante de services de santé, d'actions de proximité et de la mobilisation de la communauté. Cette stratégie est partie du principe que la PPrE n’est pas uniquement un médicament ou un service indépendant, mais qu’elle fait partie d’un panel de solutions de prévention et de santé, comprenant les services de santé sexuelle et reproductive.
  • Les communautés montrent la voie : planification, mise en œuvre et surveillance. 
  • Préparer la communauté et garantir son implication sur la durée. Une phase de préparation en profondeur de la communauté et un engagement sur la durée ont permis aux travailleuses du sexe de prendre des décisions fondées avant de participer au projet.
  • S’adresser dès le début aux groupes exclus. Sachant que de nombreux membres de la communauté n’allaient pas avoir accès au projet, la communauté a indiqué très tôt que tous les membres ne seraient pas éligibles à participer au projet pilote sur la PPrE à cause du nombre limité de places et des modalités.
  • Mettre l’accent sur l’adhésion au long terme plutôt que sur le suivi à la lettre du traitement. Puiser dans le réseau de membres d’Ashodaya sur le terrain a permis de personnaliser les stratégies d’aide au respect du traitement afin de répondre au mieux aux besoins des utilisatrices de la PPrE. Il s’agissait aussi bien de renforcer l’aide apportée lorsqu’une baisse du suivi du traitement était observée que de renvoyer vers la gamme complète de services sociaux et de santé offerts par Ashodaya, en plus de la PPrE.

« Nous n’arriverons pas à juguler les nouvelles infections au VIH en Asie et dans le Pacifique si nous ne changeons pas notre façon de faire », déclare Eamonn Murphy, directeur de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Asie et le Pacifique. « La PPrE satisfait un besoin inassouvi et élargit les options de prévention disponibles pour les personnes confrontées à un risque élevé de VIH. Nous devons faire connaître la PPrE en tant que nouvel outil efficace de prévention du VIH. Les prémisses du projet pilote Ashodaya PrEP sont un modèle non seulement pour l’Inde, mais pour toute la région. Les leçons tirées de ce projet sont essentielles pour fournir des informations afin de faire avancer la feuille de route de la prévention. »

La communauté a élaboré, planifié, mis en œuvre et assuré le suivi du projet Ashodaya PrEP. Ce dernier a pris fin en 2018 et une analyse des résultats a été réalisée avec le soutien de l’ONUSIDA en Inde et de l’OMS. Depuis lors, Ashodaya a formé un groupe de membres de la communauté afin de militer en faveur de la PPrE en partenariat avec All India Network of Sex Workers et avec le soutien d’AVAC. Ashodaya, avec le soutien de l’ONUSIDA, de l’OMS, du Durbar Mahila Samanwaya Committee et du All India Network of Sex Workers, poursuit également son action en faveur de la PPrE avec l’Indian National AIDS Control Organization (NACO). Ashodaya cherche également d’autres moyens de franchise sociale et de commercialisation par les communautés de la PPrE afin de démocratiser son accès. La NACO a rédigé un avant-projet réglementaire et de directives relatif à la PPrE au niveau national. La communauté attend avec impatience la reprise des services de PPrE.

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Échanges interreligieux sur la manière de faire progresser la riposte au VIH

06 octobre 2020

Un millier de croyants et croyantes de diverses confessions qui s'impliquent dans la lutte contre le VIH se sont rassemblé-es récemment au cours de la conférence œcuménique en ligne sur le VIH : Resilience & Renewal: Faith in the HIV Response.

« Il est important aujourd’hui plus que jamais que les communautés confessionnelles et leurs responsables  soient des relais efficaces pour les populations. Autrement dit, à l’heure de la COVID-19, il s’agit de prendre conscience que les appels à lutter contre la COVID-19 et ceux contre le VIH doivent se compléter et déboucher sur des synergies. Ils ne sont pas en concurrence. Nous allons nous appuyer sur les partenaires confessionnels afin qu’ils soient des relais efficaces et fidèles pour aider les personnes vivant avec le VIH », a déclaré Shannon Hader, Directrice exécutive adjointe de l’ONUSIDA responsable des programmes.

Au cours de cette rencontre de trois jours, les participantes et participants ont identifié des mesures communes pour lutter contre des défis et des problématiques émergentes liés à l’atteinte des objectifs 2020 et 2030 de la lutte contre le VIH. Les responsables des différentes confessions étaient invité-es à signer la déclaration en ligne d’engagement en faveur de la riposte au VIH : Our Promise to Action—Resilience & Renewal: Faith in the HIV Response

Cette conférence a également servi de cadre au lancement de la 13 Million Campaign. L’objectif de cette campagne consiste à impliquer les personnalités importantes, les personnes et les communautés confessionnelles afin de promouvoir l’accès aux services de santé auprès des 13 millions d’enfants, de femmes et d’hommes vivant avec le VIH et qui ne suivent pas encore de thérapie antirétrovirale.

La Directrice exécutive de l’ONUSIDA, Winnie Byanyima, a rappelé aux personnes présentes que près de 40 ans de riposte au VIH nous ont appris combien la solidarité mondiale est essentielle pour surmonter la pandémie de COVID-19. Tout comme le VIH, cette nouvelle pandémie ne se limite pas à une maladie. Elle a en effet des répercussions sociales, économiques, éthiques et politiques sur la société et seule une approche multisectorielle, notamment en impliquant les communautés confessionnelles, peut aider l’humanité à y mettre un terme. 

Jessie Milan Jr, directeur exécutif d’AIDS United, a souligné que les communautés marginalisées sont davantage vulnérables aux deux épidémies. Les injustices raciales aggravent par ailleurs les souffrances. « Notre communauté religieuse est d’autant plus pertinente lorsque la foi que nous portons en nos systèmes et en nos sociétés est ébranlée », a-t-il indiqué.

L’archevêque sud-africain, Thabo Makgoba, a souligné que les institutions religieuses servent les plus faibles, en particulier au niveau national, et fournissent une part considérable des services et coopèrent activement avec les agences gouvernementales. Il a proposé que 5 % des financements internationaux de la lutte contre le VIH soient alloués aux initiatives liées à une confession.

Katy Godfrey représentant le Plan présidentiel américain d’aide d’urgence à la lutte contre le sida (PEPFAR) a partagé son expérience pour ce qui est de la fourniture de services liés au VIH à 15,7 millions de personnes grâce à une collaboration étroite avec les gouvernements et les communautés confessionnelles. Elle a rappelé que l’efficacité des services ne peut être assurée qu’en apprenant continuellement, en étant à l’écoute des besoins des communautés et en collaborant avec elles. Les services doivent faire la part belle à une prise en charge convenable des personnes sans oublier de se préoccuper du personnel soignant et des aidants et aidantes.

Les groupes confessionnels ont partagé leurs bonnes pratiques concernant la fourniture de services de lutte contre le VIH au cours de la COVID-19. La conférence a été aussi l’occasion pour eux de découvrir les avancées de la science et de la recherche ainsi que les informations présentées lors de la Conférence internationale sur le sida de 2020. Des témoignages apportés par des personnes impliquées dans la riposte au VIH ont alimenté les discussions et ont permis de tirer des enseignements de leur expérience et de leur vécu. Des chants, des prières et des pétitions signées par des enfants ont attiré l’attention sur le retard qu'accuse actuellement la riposte au VIH auprès des enfants et des ados.

Des responsables de communautés ont également joué un rôle central au cours de cette conférence.

Parmi les participantes figuraient neuf femmes nigérianes en situation de handicap appartenant au BOLD (Beautiful Outstanding Ladies with Disabilities) Hearts Network. Ndifreke Andrew-Essien, coordonnatrice du BOLD Hearts Network, a déclaré : « Cela fait chaud au cœur d’écouter et de voir des personnes ayant un handicap et vivant avec le VIH raconter comment elles renforcent leur résilience. Elles ont été une source d’inspiration pour beaucoup. Cette conférence nous a énormément appris. Nous espérons qu’à l’avenir, l’interprétation en langue des signes permettra à nos membres mal entendant-es d’y avoir accès. »

« J’ai été très impressionnée par les bonnes pratiques au Kenya, en particulier celles consistant à mettre en relation les personnes séropositives qui ont réussi à supprimer leur charge virale. Recourir à une stratégie reposant sur une célébration, plutôt que sur des punitions, est une source d’inspiration pour moi », a expliqué Aarti Parab, l'une des six ados vivant avec le VIH qui ont pu participer à la conférence.

Un groupement d’organisations confessionnelles d’horizons variés et de personnes vivant avec le VIH venant du monde entier a organisé cette rencontre qui s’est tenue du 22 au 24 septembre avec le soutien de l’UNAIDS/PEPFAR Faith Initiative.

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