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Les Nations Unies préconisent une approche globale de l’éducation sexuelle

10 janvier 2018

Près de 10 ans après leur première édition, l’UNESCO publie aujourd’hui la nouvelle version des Principes directeurs internationaux sur l’éducation sexuelle. Ces principes encouragent la mise en œuvre d’une éducation sexuelle complète de qualité afin de promouvoir la santé et le bien-être, le respect des droits humains et l’égalité des genres. Ils suggèrent également aux jeunes des moyens afin de mener une vie saine, sûre et productive.

« Ces Principes directeurs internationaux qui s’appuient sur les dernières données scientifiques, réaffirment la place de l’éducation sexuelle dans le cadre des droits humains et de l’égalité des genres », a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay. « Ils encouragent un apprentissage en matière de sexualité et de relations qui soit positif et fondé sur l’intérêt supérieur des jeunes. En décrivant les composantes des programmes d’éducation sexuelle qui ont fait leur preuve, les Principes directeurs permettent aux pouvoirs publics d’élaborer des programmes qui auront un impact positif sur la santé et le bien-être des jeunes ».

Cette publication< est conçue pour aider les responsables des politiques de l’éducation dans tous les pays à élaborer et à mettre en œuvre des programmes d’éducation sexuelle pertinents et adaptés pour les élèves âgés de 5 à 18 ans et plus.

Fondée sur un examen de l’état actuel de l’éducation sexuelle à travers le monde et s’inspirant des meilleures pratiques dans le monde, la publication souligne notamment que l’éducation sexuelle :

  • Aide les jeunes à adopter des attitudes et des comportements plus responsables en matière de santé sexuelle et reproductive.
  • Est un élément essentiel dans la lutte contre l’abandon scolaire des filles à l’adolescence en raison de mariages précoces ou forcés, de grossesses précoces et de problèmes de santé sexuelle et reproductive.
  • Est nécessaire car dans certaines régions du monde, deux filles sur trois ont indiqué n’avoir eu aucune idée de ce qu’il leur arrivait lorsqu’elles ont eu leurs règles pour la première fois et parce que les complications liées à la grossesse et à l’accouchement représentent la deuxième cause de décès chez les filles de 15 à 19 ans.
  • N’augmente ni l’activité sexuelle, ni les comportements sexuels à risque ni les taux d’infections sexuellement transmissibles (IST) dont le VIH. Par ailleurs, le rapport démontre que les programmes uniquement axés sur l’abstinence ne parviennent pas à prévenir l’initiation sexuelle précoce, ni à réduire la fréquence des rapports sexuels ou le nombre de partenaires chez les jeunes.

La publication pointe également la nécessité d’offrir une éducation sexuelle complète et de qualité auprès des jeunes :

  • Pour offrir un accès à des informations et des conseils sur le passage de l’enfance à l’âge adulte et sur les difficultés d’ordre physique, social et émotionnel auxquelles ils sont confrontés ;
  • Pour relever les défis posés par les questions de santé sexuelle et reproductive, qui sont particulièrement complexes durant la puberté comme l’accès à la contraception, la grossesse précoce, la violence fondée sur le genre, les IST et le VIH/SIDA.
  • Pour sensibiliser les jeunes à la prévention et la transmission du VIH compte tenu du fait que, dans le monde, seuls 34 % d’entre eux font preuve de connaissances précises dans ce domaine ;
  • Pour compléter ou réfuter la grande quantité d’informations de qualité variable que les jeunes trouvent sur internet, et aider ces derniers à faire face au cyber-harcèlement, un phénomène grandissant.

La publication a été produite en collaboration étroite avec ONUSIDA, le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), ONU-Femmes et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

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Traduire les actions communautaires en résultats

15 décembre 2017

Aisha Abdallah ne manque jamais ses rendez-vous médicaux réguliers auprès du centre de soins et de traitement du VIH géré par l’Association pour l’éducation des jeunes, l’environnement et l’aide au développement de Zanzibar (ZAYEDESA), situé dans les faubourgs de Stone Town, à Zanzibar.

Elle a été diagnostiquée séropositive au VIH en 2006. « Je suis allée passer un test de dépistage avec un groupe d’amis. J’avais envie de connaître mon statut à cause de mon style de vie. Et j’ai été diagnostiquée séropositive au VIH », explique-t-elle. 

Mme Abdallah est une professionnelle du sexe. « J’étais engagée dans une relation stable avec le père de ma fille », raconte-t-elle. « Mais quand il a commencé à me maltraiter, j’ai dû fuir le continent en Tanzanie pour rejoindre Zanzibar et trouver un moyen de vivre seule ». Elle avoue pleurer souvent à l’idée d’avoir abandonné sa fille.

La ZAYEDESA gère le seul dispensaire anti-VIH à base communautaire de Zanzibar. Mme Abdallah a appris l’existence de ce nouveau dispensaire en 2014 par une travailleuse communautaire de proximité, elle-même ancienne professionnelle du sexe. « Dans le premier centre de soins et de traitement où j’avais l’habitude d’aller, j’étais traitée comme une enfant et je ne recevais pas les services dont j’avais besoin. À la ZAYEDESA, les agents de santé s’adressent à moi de façon amicale et comprennent mes inquiétudes », explique-t-elle. Au centre, elle a également bénéficié d’un dépistage et d’un traitement de la tuberculose, ainsi que de services de planning familial, notamment de préservatifs. « J’ai confiance en ce dispensaire. Je sais que si je tombe malade, je serai bien reçue ici ».

La ZAYEDESA a créé quatre centres de santé pour les jeunes sur les deux îles de Zanzibar, Unguja et Pemba, ainsi qu’une ligne d’assistance anonyme et gratuite sur le sida et un service de messagerie pour l’envoi de SMS contenant des informations sur le VIH et la santé sexuelle et reproductive. L’association se trouve au cœur de la riposte communautaire au sida à Zanzibar et joue un rôle essentiel dans l’apport de services sans stigmatisation ni discrimination aux populations clés et vulnérables.

La stigmatisation demeure l’un des principaux obstacles à l’accès aux services de prévention, de traitement et de soins à Zanzibar. Mme Abdallah aimerait faire passer le message suivant : « Je veux que les gens comprennent que le VIH peut toucher n’importe qui, n’importe où ».

Mme Abdallah, qui préfère ne pas donner son vrai nom, suit un traitement anti-VIH qui lui sauve la vie. « Je sais à quel point il est important de bien suivre mon traitement antirétroviral. Ma mère m’aide beaucoup, elle m’appelle tous les jours pour voir comment je vais et me rappeler de prendre mes médicaments ».

L’ONUSIDA a soutenu la rénovation des centres pour les jeunes gérés par la ZAYEDESA. Actuellement, l’ONUSIDA aide la ZAYEDESA à assurer sa participation pertinente au développement, à la mise en œuvre et à la révision du Programme commun des Nations Unies contre le VIH à Zanzibar et à pérenniser ses efforts de mobilisation des ressources.

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Adolescents vivant avec le VIH : une voix pour s’exprimer sans crainte

13 décembre 2017

Suhaila Msham Mwarimwana a 19 ans et elle vit à Zanzibar. Elle est née avec le VIH et elle a perdu ses deux parents à l’âge de 9 ans. Pourtant, malgré les difficultés qu’elle traverse, elle est une source d’inspiration pour les autres adolescents et enfants vivant avec le VIH. 

« Vers l’âge de 12 ans, j’ai entendu des voisins dire que j’étais séropositive au VIH. J’ai donc interrogé ma sœur aînée et elle m’a dit que j’avais une maladie des os », raconte-t-elle. « Mais j’ai senti que ce n’était pas vrai, alors au bout de quelque temps j’ai insisté pour qu’elle m’emmène auprès de l’Association des personnes vivant avec le VIH/sida de Zanzibar, où j’ai appris que j’étais séropositive au VIH ».

Suhaila Msham Mwarimwana explique que sa première pensée a été pour son plus jeune frère, lui aussi diagnostiqué séropositif au VIH. Elle s’est sentie déprimée et désespérée. « Je pensais que le VIH était une condamnation à mort », déclare-t-elle.

Au club des enfants de l’Association des personnes vivant avec le VIH/sida de Zanzibar (ZAPHA+), Suhaila Msham Mwarimwana a reçu des informations et des conseils pour bien vivre avec le VIH. Elle a alors entamé un traitement anti-VIH et depuis, elle s’en tient au protocole imposé, malgré une nutrition inadéquate, qui rend l’observance du traitement difficile, selon elle.

Après avoir terminé ses études secondaires, elle devient bénévole auprès de la ZAPHA+. Elle anime des clubs pour les enfants et les adolescents. « Nous échangeons des idées, nous partageons nos problèmes et nous nous conseillons les uns les autres », explique-t-elle. Son seul souhait serait que le club dispose de plus de place et puisse proposer des rafraîchissements, en particulier pour les plus jeunes enfants. « Nous restons ici et nous parlons pendant de longues heures ! » s’exclame-t-elle.

Elle est aussi membre du Réseau des jeunes reporters, un consortium national de projets radiophoniques d’enfants à base communautaire, qui atteint des millions d’auditeurs. Avec d’autres jeunes reporters, elle produit toutes les deux semaines une émission de 30 minutes qui s’appuie sur des journaux de bord audio, des commentaires et des entrevues pour échanger des expériences.

Suhaila Msham Mwarimwana a de grandes ambitions et prévoit d’étudier le journalisme. Elle est fière de sa contribution à la riposte au sida dans son pays. « Mon rôle dans l’accomplissement de l’objectif zéro (zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination et zéro décès dû au sida) est de faire connaître mon histoire pour lutter contre la stigmatisation et la discrimination et pour attirer l’attention sur les questions communautaires qui touchent les enfants et les jeunes », explique-t-elle.

Rétrospectivement, Suhaila Msham Mwarimwana se dit qu’elle aurait aimé que ses parents lui révèlent qu’elle était séropositive au VIH. Selon elle, il est très important que les enfants connaissent leur état sérologique vis-à-vis du VIH. « J’aurais pu commencer le traitement encore plus tôt », dit-elle. « Les parents d’enfants séropositifs au VIH doivent informer la société pour qu’elle sache que le VIH peut toucher n’importe qui et qu’il n’y a pas de honte à avoir ».

Elle est convaincue que les maladies liées au sida sont une cause majeure de décès chez les adolescents en Afrique orientale et australe parce que de nombreux adolescents ignorent qu’ils sont séropositifs au VIH et ne savent pas qu’il existe des traitements qui peuvent leur sauver la vie et des structures de soutien qui sont là pour eux. « ZAPHA+ est ma seconde maison », explique-t-elle. « Je leur suis très reconnaissante du soutien que j’ai reçu ici ».

Le message qu’elle veut faire passer à ses pairs est simple. « Acceptez votre séropositivité au VIH, parlez en ouvertement, ayez confiance et croyez en vous-même ». 

L’ONUSIDA soutient ZAPHA+ depuis sa création par l’intermédiaire de ressources financières et techniques. L’ONUSIDA soutient le secrétariat de ZAPHA+ dans la coordination de ses activités dans les 10 groupes de quartier afin d’assurer une participation intelligente de ZAPHA+ au développement, à la mise en œuvre et à la révision du Programme commun des Nations Unies sur le VIH à Zanzibar. L’ONUSIDA soutient également ses actions de mobilisation des ressources. D’autres agences des Nations Unies sont également impliquées de près, en particulier le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance.

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Après un périple de 1 000 kilomètres pour la sensibilisation au VIH, les jeunes arrivent à l’ICASA

07 décembre 2017

Les jeunes se précipitent hors du car, contents d’avoir atteint la Côte d’Ivoire. Non seulement ils peuvent enfin se dégourdir les jambes après la dernière étape de leur voyage, mais en plus ils sont arrivés à leur destination finale, la Conférence internationale sur le sida et les IST en Afrique (ICASA). Partie du Nigeria avec 10 jeunes à bord, la Caravane des jeunes a ensuite fait escale au Bénin pour en embarquer 10 de plus, puis au Togo et au Ghana.

Trois jours de voyage, 1 000 km, et plus d’une quarantaine de jeunes qui en ont ainsi profité pour échanger leurs histoires et leurs expériences, parler du VIH, de la stigmatisation et de l’autonomisation des jeunes dans les villes.

Jefferson Kudolo, un des participants venu du Ghana, n’en revient pas à quel point le voyage a été sympathique, malgré la distance: « le trajet nous a rapprochés et nous avons oublié les kilomètres », raconte-t-il. Un autre participant, Dayo Sunday du Nigeria, confirme. Il a adoré rencontrer des gens d’autres pays ayant des histoires similaires.

Chaque jour, la Caravane des jeunes a organisé ou participé à un événement, notamment la projection de films parlant du VIH, une rencontre avec la Première dame du Bénin, des débats et un concours de danse international.

M. Sunday explique que la musique et la danse ont non seulement permis au groupe de se détendre, mais aussi d’interagir avec d’autres jeunes sur leur chemin. Pair-éducateur au sein de l’organisation non gouvernementale Nigerian Teens and Kids, il constate : « La danse est l’un des meilleurs outils pour attirer les gens qui pourraient être trop timides pour se rendre à des événements sur le VIH ».

« Je sais ce qui marche, et la musique, ça marche très bien », ajoute M. Kudolo, en expliquant comment lui-même et les autres participants de la Caravane des jeunes ont distribué des préservatifs et délivré de nombreux conseils pratiques lors de ces différents événements. L’ONUSIDA et ses partenaires ont commencé à recruter des participants pour la Caravane des jeunes il y a près d’un an.

Kodo Ngabane, Responsable de l’ONUSIDA chargé des organisations de jeunes et sociales pour la région Afrique occidentale et centrale, rayonne de fierté au moment de l’arrivée du car à Abidjan. « Nous ne cessons de répéter que les jeunes doivent être impliqués, et voici un exemple clair de ce que cela représente », déclare-t-il. « Nous les avons écoutés et ce sont eux qui conduisent ». Il s’empresse d’ajouter : « je veux dire au sens figuré, ils n’ont évidemment pas conduit le car ! ».

Eric Gunn, qui accompagne de jeunes participantes d’une association de filles du Togo, Action de soutien au développement et à l’éducation de la jeune fille, se dit ému de voir un tel enthousiasme. « C’est un véritable esprit de corps qui les anime, quels que soient le pays, la langue, le sexe et l’orientation sexuelle », constate-t-il. « Même nous autres leurs aînés nous nous sommes joints à la fête et nous avons été bombardés de questions ».

La Caravane des jeunes a été accueillie au Village communautaire de l’ICASA par la Ministre ivoirienne de la Santé, Raymonde Goudou-Coffie, le Roi Oyo d’Ouganda, le Directeur exécutif de l’ONUSIDA Michel Sidibé et d’autres personnalités.

Après une standing ovation et des applaudissements prolongés pour les participants, M. Sidibé s’est adressé à la foule. « Nous comptons sur vous ! Vous n’êtes pas les leaders de demain, vous êtes les leaders d’aujourd’hui », a-t-il lancé. « Nous ne viendrons pas à bout du sida sans les jeunes ».

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Diagnostic précoce du VIH chez le nourrisson : changer la vie des mères et de leurs bébés

07 décembre 2017

La première fille de Mahabad Asanova a été diagnostiquée séropositive au VIH après avoir été emmenée d’urgence à l’hôpital suite à une forte poussée de fièvre. Lors de la sa deuxième grossesse, Mme Asanova a dû attendre 18 mois avant que son fils soit déclaré séronégatif au VIH.

Mais au moment de sa troisième grossesse, les choses ont radicalement changé. Un mois à peine après l’accouchement, Mme Asanova a su que sa fille était séronégative au VIH. La mise en place d’une méthode révolutionnaire de dépistage du VIH chez les nourrissons, qui utilise des prélèvements de sang desséché, a permis de réduire considérablement le délai de diagnostic.

« Attendre 18 mois pour connaître le statut de mon enfant vis-à-vis du VIH a été terrible », raconte Mme Asanova. « Je suis tellement soulagée, le dépistage avec le sang desséché a complètement changé ma vie ». Avant cette méthode de dépistage, il fallait attendre au moins un an pour tester les enfants.

Le dépistage par prélèvement de sang desséché est simple : il ne nécessite ni équipement sophistiqué, ni moyens invasifs. Une piqûre est pratiquée au niveau du talon du nouveau-né pour prélever une goutte de sang sur un papier filtre, qui est ensuite séchée. L’échantillon est envoyé dans un laboratoire pour analyse et les résultats sont connus avant que le nourrisson ait atteint l’âge d’un mois, ce qui permet d’entamer immédiatement un traitement avec des médicaments antirétroviraux vitaux chez les nourrissons vivant avec le VIH.

« Avant la mise en place du dépistage par prélèvement de sang desséché au Kirghizistan en 2013, seuls 15 % environ des nourrissons bénéficiaient d’un diagnostic précoce », explique Edil Tilekov, Responsable du programme VIH auprès du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF). « En 2017, ce chiffre a atteint près de 90 % ».

Aujourd’hui, les connaissances scientifiques sur le VIH et les méthodes de diagnostic sont de plus en plus avancées. L’UNICEF encourage les méthodes de diagnostic du VIH sur le lieu des soins pour les nourrissons, qui permettront d’établir un diagnostic deux heures seulement après le prélèvement de sang.

La mise en place de la méthode par prélèvement de sang desséché et une meilleure formation des médecins ont permis de mettre un frein à la stigmatisation à l’encontre des personnes vivant avec le VIH.

« La stigmatisation au sein du personnel médical a commencé à reculer avec l’intégration des médicaments antirétroviraux dans le système des soins de santé primaires », explique Elmira Narmatova, Directrice du Centre de lutte contre le sida Och Oblast. « C’est un peu devenu comme une maladie chronique, et la mortalité a baissé ».

Les enfants qui sont traités de façon précoce s’en sortent mieux et plus les médicaments fonctionnent, plus les parents sont confiants. Aujourd’hui, grâce au dépistage par prélèvement de sang desséché, plus de 95 % des enfants vivant avec le VIH à Och, au Kirghizistan, ont accès au traitement antirétroviral.

Malgré tout, il reste encore des poches de résistance. En dépit du diagnostic précoce, tous les nourrissons ne reçoivent pas les médicaments dont ils ont besoin. « Nous interrogeons les parents et le personnel médical pour savoir pourquoi certains parents ne veulent toujours pas donner des médicaments antirétroviraux à leurs bébés », indique M. Tilekov.

Des indices se font jour au détour de conversations informelles : cette résistance serait due à des motifs religieux, au scepticisme à propos de l’immunisation, voire à des légendes urbaines.

« Bien que de nombreuses actions aient été entreprises pour informer les parents et le personnel médical, nous manquons toujours de ressources et de personnel formé, de sorte que certains parents passent à travers les mailles du filet et ne sont pas forcément bien éclairés sur les effets secondaires », explique M. Tilekov. « Ainsi, lorsque leurs bébés perdent du poids ou ne mangent pas correctement après le démarrage du traitement antirétroviral, les parents mettent en cause les médicaments ».

À Och, lorsqu’un nourrisson ou une mère subit un test de dépistage du VIH, le laboratoire envoie les résultats au Centre de lutte contre le sida de la ville, une belle bâtisse entourée d’arbres située dans un quartier périphérique verdoyant, dont les portes ouvertes accueillent chaleureusement les visiteurs. Les couloirs sont décorés avec des tableaux du conte populaire Vitaminka, en une sorte de bande dessinée qui aide les agents de santé et les parents à expliquer aux enfants l’importance de prendre régulièrement ses médicaments antirétroviraux.

En proposant des espaces accueillants pour les enfants et un soutien psychosocial en plus du traitement médical, le centre met à l’aise les parents et les encourage à venir régulièrement pour récupérer les médicaments prescrits et se faire dépister.

Rénové par le Ministère de la Santé en partenariat avec l’UNICEF et l’ONUSIDA et avec l’appui du gouvernement russe, le centre traite aujourd’hui plus de 200 enfants et un psychologue assure le soutien psychosocial des enfants vivant avec le VIH.

Loin des pressions sociales, dans une ambiance amicale, les parents peuvent échanger sur leurs espoirs pour l’avenir et trouvent un soutien indispensable au sein du centre.

Mme Asanova a l’air détendue en caressant son ventre du bout des doigts, sa robe vert olive contrastant avec son hijab couleur crème. Mahabad Asanova n’est pas son vrai nom, car elle s’inquiète tout de même de la stigmatisation et de la discrimination hors des murs du centre. Mais alors qu’elle attend un autre enfant, elle n’a plus peur. Quoi qu’il arrive, grâce au dépistage par prélèvement de sang desséché, elle n’aura plus à subir de longs mois d’angoisse en attendant le diagnostic.

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Victoria Lopyreva nommée Ambassadrice spéciale de l’ONUSIDA pour la Coupe du Monde de la FIFA 2018

30 novembre 2017

Victoria Lopyreva a été nommée Ambassadrice spéciale de l’ONUSIDA, avec pour mission de favoriser la sensibilisation au VIH et de promouvoir la discrimination zéro à l’occasion de la Coupe du Monde de la FIFA 2018, qui aura lieu en Russie. L’annonce a été faite par l’ONUSIDA à Moscou, en Fédération de Russie, à la veille de la Journée mondiale de lutte contre le sida et à l’occasion du tirage au sort final pour la Coupe du Monde de la FIFA 2018 au Palais national du Kremlin.

« Dans ses nouvelles fonctions d’Ambassadrice spéciale de l’ONUSIDA, Victoria Lopyreva va mettre en avant la sensibilisation et la prévention pendant la Coupe du Monde de la FIFA 2018. Elle encouragera les millions de personnes qui viendront voir la Coupe du Monde à se protéger du VIH et plaidera pour zéro discrimination fondée sur la race, la nationalité ou la séropositivité au VIH », a déclaré Vinay P. Saldanha, Directeur de l’équipe de l’ONUSIDA d’appui aux régions pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale.

« Je suis très heureuse d’accepter le rôle d’Ambassadrice spéciale de l’ONUSIDA pour la Coupe du Monde de la FIFA 2018 », a déclaré quant à elle Mme Lopyreva. « Le football est un phénomène mondial unique, qui réunit des joueurs, des équipes et des supporters de pays, de nationalités et d’âges différents. La Coupe du Monde de la FIFA 2018 est une occasion unique de promouvoir un autre but exceptionnel, réunir une équipe gagnante pour en finir avec l’épidémie de sida et atteindre zéro discrimination ».

« J’apprécie chaque jour à sa juste valeur l’engagement de Victoria Lopyreva en tant qu’Ambassadrice de la Russie pour la Coupe du Monde de la FIFA 2018. Sa passion, son dévouement et son énergie vont sans aucun doute permettre de sensibiliser les gens au VIH et au sida en Russie et au-delà. La FIFA peut être fière de la contribution de Victoria à la lutte contre toutes les formes de discrimination sur et hors du terrain de jeu et je lui souhaite de réussir dans son rôle supplémentaire d’Ambassadrice spéciale de l’ONUSIDA en Russie », a déclaré Fatma Samoura, Secrétaire générale de la FIFA.

Depuis le début de l’épidémie de sida, 78 millions de personnes ont été infectées par le VIH et 35 millions sont décédées de maladies liées au sida. En 2016, près de 1,8 million de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH, soit une baisse de 39 % par rapport au chiffre de 3 millions de nouvelles infections au plus fort de l’épidémie à la fin des années 1990. En Europe de l’Est et en Asie centrale, les nouvelles infections à VIH ont augmenté de 60 % depuis 2010 et les décès dus au sida de 27 %. Selon les chiffres du gouvernement, plus de 900 000 personnes vivent avec le VIH actuellement en Fédération de Russie.

Mme Lopyreva, élue Miss Russie en 2003, est Ambassadrice officielle de la Coupe du Monde de la FIFA 2018 depuis octobre 2015. Elle a également été Ambassadrice du XIXe Festival mondial de la jeunesse et des étudiants qui s’est tenu en 2017 à Sotchi, en Russie, et elle travaille comme présentatrice à la télévision, animatrice, intervenante populaire et mannequin.

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La série originale de l’ONUSIDA et de Globo sur les jeunes couples sérodifférents nominée pour les Emmy Kids 2017

07 novembre 2017

Quand Camila tombe amoureuse de son camarade de lycée Henrique, elle ne sait pas encore qu’il est né avec le VIH. C’est seulement après un incident survenu en cours que sa séropositivité au VIH est finalement révélée à tout le monde. Elle prend alors la décision éclairée de rester à ses côtés et ils vivent leur histoire d’amour en affrontant ensemble les problèmes de stigmatisation et de discrimination parmi leurs amis et leur famille.

Leur histoire fait partie de la principale intrigue de la saison 2015-2016 de la série pour adolescents Malhação – Seu Lugar No Mundo (Malhação – Ta place dans le monde), dont l’auteur est Emanuel Jacobina. Le couple sérodifférent interprété par les acteurs Thales Cavalcanti (Henrique) et Manuela Llerena (Camila) fait partie des personnages les plus appréciés de la saison, qui s’est appuyée sur le soutien avisé de l’ONUSIDA pour les scènes concernant la discrimination zéro et le VIH.

Le succès auprès des fans a été tel que le couple #Camique a fait l’objet d’une web-série dérivée sur la plate-forme de divertissement en ligne de Globo, Gshow, intitulée Eu Só Quero Amar (Jeunes cœurs – Je veux juste aimer). La web-série en cinq épisodes devient très vite extrêmement populaire : entre avril et juin 2016, elle sera la troisième série originale la plus regardée sur la plate-forme, avec près d’un million de vues. Le 16 octobre 2017, elle a été nominée aux Emmy Kids 2017 dans la catégorie numérique.

Ce projet est le résultat d’une action visant à remettre le VIH à l’ordre du jour chez les jeunes au Brésil. Dans ce but, l’ONUSIDA s’est associé à la branche Responsabilité sociale de la chaîne Globo et a travaillé avec M. Jacobina et les scénaristes Filipe Lisboa et Giovana Moraes pour adapter les messages sur le VIH et la discrimination zéro à un jeune public. Dans la production dérivée, le couple sérodifférent de la fiction est invité à participer à un documentaire web, aux côtés de véritables couples sérodifférents, qui évoquent leurs relations, leur sexualité et l’impact du VIH sur leur vie quotidienne.

« Le message et la description de l’épidémie actuelle de VIH doivent être adaptés aux jeunes », explique Georgiana Braga-Orillard, Directrice nationale de l’ONUSIDA au Brésil. « La web-série a réussi à capter la quintessence de cette communication ».

« L’idée de la web-série est née de toutes les discussions que j’ai eues avec l’ONUSIDA sur la situation du VIH au Brésil au XXIe siècle. Nous avons compris que tout ce qu’il fallait dire serait mieux adapté et plus clair dans une série spécifique sur ce sujet », raconte M. Jacobina. « Je crois qu’il s’agit d’un travail important qui a permis au Brésil de relancer le débat sur le VIH, en expliquant la question de la prévention. Je me sens honoré et fier de cette nomination ».

Malhação est la série de Globo qui enregistre la plus grande longévité ; diffusée depuis plus de vingt ans, elle réunit chaque jour une audience estimée à 20 millions de personnes au Brésil.

 

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Ils vivent avec le VIH mais meurent de la tuberculose

03 novembre 2017

Les progrès pour en finir avec la tuberculose ne sont pas assez rapides pour atteindre les objectifs mondiaux sur la tuberculose et le VIH

La tuberculose (TB) conserve son triste statut de principale cause de décès par maladie infectieuse dans le monde. Selon le dernier Rapport 2017 de l’OMS sur la lutte contre la tuberculose dans le monde présenté cette semaine, les progrès à l’échelle mondiale pour faire reculer les nouveaux cas de tuberculose et les décès sont insuffisants pour atteindre les objectifs mondiaux sur la TB et le VIH, alors que la plupart des décès seraient évitables à condition d’avoir un diagnostic précoce et un traitement approprié de la tuberculose et du VIH.

Dans le cadre des efforts mondiaux pour faire avancer les choses, la riposte à la TB doit maintenant être ramenée au plus haut dans l’agenda de développement international, avec la participation de centaines de dirigeants du monde entier à la première Conférence ministérielle mondiale de l’OMS pour mettre fin à la tuberculose, qui se tiendra à Moscou du 14 au 17 novembre, ainsi qu’une Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies consacrée spécialement à la TB en 2018.

« Nous disposons d’une opportunité sans précédent de mettre en lumière à l’échelle politique les inégalités qui favorisent les épidémies de TB et de VIH », a déclaré Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA. « Le retour sur investissement en matière de TB et de VIH, ce ne sont pas que des dollars, ce sont aussi des voix entendues, des droits protégés et des vies sauvées ».

En 2016, le risque pour les 37 millions de personnes vivant avec le VIH de développer une TB était près de 21 fois supérieur au risque pour le reste de la population mondiale. On a dénombré plus d’un million de cas de TB chez les personnes vivant avec le VIH, soit 10 % de l’ensemble des cas de TB dans le monde en 2016. Les personnes vivant avec le VIH sont bien plus susceptibles de mourir d’une TB que les personnes séronégatives au VIH, et un décès dû à la TB sur cinq (22 %) concerne une personne vivant avec le VIH. En 2016, on a compté 374 000 décès dus à une TB chez les personnes vivant avec le VIH, ce qui représente près de 40 % des décès liés au sida.

La TB et les décès dus à cette maladie peuvent être évités grâce à un traitement préventif de la TB, mais la plupart des personnes vivant avec le VIH qui pourraient en bénéficier n’y ont pas accès. En 2016, moins d’un million de personnes ayant entamé un traitement contre le VIH ont pu démarrer un traitement préventif contre la TB. L’Afrique du Sud représente la plus grande part sur l’ensemble (41 %), devant le Mozambique, le Zimbabwe et le Malawi.

Le fardeau mondial de la tuberculose résistante aux médicaments continue de croître, avec un nombre estimé à 600 000 cas nécessitant un traitement, mais seulement une personne sur cinq ayant accédé à ce traitement en 2016.

La prévalence mondiale de la TB ne décline que d’environ 2 % par an et la maladie est fatale dans 16 % des cas ; d’ici à 2020, ces chiffres devront être améliorés pour atteindre 4 à 5 % par an et 10 % respectivement, afin de parvenir à la première des étapes (2020) de la stratégie de l’OMS pour en finir avec la tuberculose. Les principales lacunes résident dans le financement mondial de la prévention et du traitement de la TB (2,3 milliards de dollars) et de la recherche sur de nouveaux médicaments, vaccins et diagnostics pour la TB (1,2 milliard de dollars) pour 2017.

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L’Allemagne renforce sa position en tant que leader de la santé mondiale

25 octobre 2017

L’Allemagne ne cesse d’intensifier son engagement politique et financier en faveur de la santé mondiale. Après avoir fait de la santé mondiale une priorité lors de sa présidence du G7, l’Allemagne poursuit cet engagement dans le cadre de son mandat à la tête du G20. En mai 2017, l’Allemagne a organisé la toute première réunion des Ministres de la Santé du G20. Organisée à Berlin, cette réunion a représenté une plate-forme majeure de discussion et d’engagement autour de la sécurité sanitaire mondiale, du renforcement des systèmes de santé et de la résistance aux microbes.

La ville de Berlin elle-même est en passe d’être largement reconnue comme l’un des centres névralgiques du débat sur la santé mondiale, en accueillant plusieurs conférences et événements de premier plan sur le thème de la santé, des droits de l’homme et de la protection sociale. Parmi les événements annuels les plus importants figurant sur le calendrier berlinois de la santé mondiale se trouve le Sommet annuel mondial de la santé. Cette année, le sommet a eu lieu du 15 au 17 octobre et a réuni 2 000 participants venus de plus d’une centaine de pays.

L’ONUSIDA contribue à ce sommet depuis plusieurs années et lors de cette édition, le Directeur exécutif adjoint de l’ONUSIDA Luiz Loures a participé à toute une série d’ateliers et de tables rondes dont les thèmes allaient de la sécurité sanitaire mondiale aux agents de santé communautaires.

L’ONUSIDA et le German Healthcare Partnership ont coorganisé une table ronde sur l’importance du renforcement de l’innovation et des systèmes de santé en Afrique, qui a réuni plus de 100 participants représentant des gouvernements, le secteur privé et des organisations régionales et internationales dans le but d’étudier les opportunités de création de partenariats solides et de promotion de l’innovation.

Parmi ces participants, Bernard Haufiku, Ministre de la Santé de Namibie, a déclaré : « le concept d’agent de santé communautaire est pour moi une idée brillante ; ces agents sont issus de la communauté, ils vivent en son sein et ils comprennent la communauté, sa culture et ses problèmes ».

Kwaku Agyemang-Manu, Ministre de la Santé du Ghana, Margaret Anyetei-Agama, Responsable de la Division Santé, nutrition et population de la Commission de l’Union africaine, Bakhuti Shengelia, Responsable du portefeuille de la santé mondiale de la Fondation Novartis, ainsi que Dazhu Yang, Directeur général adjoint de l’Agence internationale de l’énergie atomique, étaient également présents.

« Nous insistons fortement sur la nécessité d’encourager l’engagement des gouvernements dans le but de renforcer les systèmes de santé dans la région, de bâtir la volonté politique pour s’attaquer aux problèmes prioritaires et de développer des mécanismes de financement adaptés afin de rendre les services abordables », a déclaré le Dr Anyetei-Agama.

En marge du Sommet mondial de la santé se tenait également à Berlin un autre symposium d’envergure, « HIV in Eastern Europe – the unnoticed epidemic » (Le VIH en Europe de l’Est : l’épidémie invisible), organisé par Deutsche AIDS Hilfe, Action against AIDS Germany et Brot für die Welt, qui a réuni des représentants de la société civile venus d’Europe orientale et d’Allemagne afin de trouver des solutions aux problèmes de la riposte au VIH en Europe orientale, où les taux d’infection à VIH augmentent, la couverture de traitement est faible et le financement international est en baisse.

Selon Sylvia Urban, Présidente d’Action against AIDS Germany et de Deutsche AIDS-Hilfe, « les consommateurs de drogues, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et les professionnel(le)s du sexe de tous les genres ne sont pas le problème, mais une partie de la solution ! Pour que les stratégies de prévention et de traitement du VIH en Europe orientale donnent des résultats positifs, nous n’avons pas d’autre choix que de les inclure, avec leurs besoins réels. Les programmes de prévention du VIH imaginés par l’Allemagne peuvent servir de modèles : quand le gouvernement travaille en collaboration avec les communautés et les partenaires des organisations de la société civile, les résultats sont excellents ».

M. Loures s’est joint au débat et a fait part de ses préoccupations concernant l’Europe orientale. « Malgré tous les progrès scientifiques et économiques, l’épidémie de VIH continue de se propager en Europe orientale », a-t-il déclaré. « Nous avons les outils, les connaissances et les médicaments, mais il existe une épidémie mondiale de discrimination et, sans la combattre, nous ne pourrons pas avancer comme il faut. Le leadership et la solidarité de la société civile et des communautés d’Allemagne et d’Europe orientale sont essentiels ».

L’ONUSIDA salue l’engagement de l’Allemagne en faveur de la santé, encourage le pays à poursuivre le développement de sa position solide de leader de la santé mondiale et va continuer de travailler en collaboration étroite avec l’Allemagne dans le cadre des efforts conjoints pour en finir avec l’épidémie de sida et atteindre les Objectifs de développement durable. 

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