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Les pays riches vaccinent une personne chaque seconde alors que la plupart des pays les plus pauvres n’ont pas encore administré la moindre dose

10 mars 2021

À l’OMC, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’UE bloquent les propositions visant à aider les pays pauvres à obtenir des vaccins plus rapidement

Un an après la déclaration de la pandémie de COVID-19, la People’s Vaccine Alliance alerte sur le fait que les pays en développement font face à de graves pénuries d’oxygène et de fournitures médicales pour prendre en charge les personnes atteintes de COVID-19, et que la plupart de ces pays n’ont pas encore pu administrer la moindre dose de vaccin contre la COVID-19. En revanche, depuis un mois, les pays riches vaccinent leur population à raison d’une personne par seconde. 

Bon nombre de ces nations riches, dont les États-Unis, le Royaume-Uni et les pays de l’UE, bloquent une proposition déposée par plus de 100 pays en développement devant être étudiée aujourd’hui par l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Cette proposition demande de passer outre les monopoles détenus par les sociétés pharmaceutiques et d’autoriser l’augmentation de la production de vaccins sûrs et efficaces contre la COVID-19 de toute urgence, afin que les pays pauvres aient accès aux doses dont ils ont cruellement besoin. 

Alors que davantage de pays pauvres recevront dans les prochains jours des doses venant du dispositif COVAX de l’Organisation mondiale de la Santé, les quantités disponibles ne permettront de vacciner que 3 % de la population de ces pays d’ici au milieu de l’année, et à peine un cinquième dans le meilleur des cas d’ici fin 2021. 

Près d’un million de personnes à travers le monde ont signé un appel lancé par la People’s Vaccine Alliance (un groupe d’organisations militantes dont font notamment partie Oxfam, Frontline AIDS, ONUSIDA, Global Justice Now et le Yunus Centre) pour que les pays riches cessent de protéger les monopoles et les profits des grandes sociétés pharmaceutiques aux dépens de vies humaines. Le 11 mars, des militant-e-s du monde entier manifesteront devant les sièges des sociétés pharmaceutiques dans le cadre d’une journée d’action mondiale. 

D’après de récents sondages d’opinion menés par YouGov pour l’Alliance aux États-Unis, en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, en moyenne plus des deux tiers (69 %) des personnes interrogées dans ces pays considèrent que les États devraient veiller à ce que la science et le savoir-faire en matière de vaccins soient partagés avec des fabricants qualifiés partout dans le monde, plutôt que de rester la propriété exclusive d’une poignée de géants pharmaceutiques, moyennant une compensation adéquate pour les équipes de développement de ces vaccins. 

Gabriela Bucher, directrice générale d’Oxfam International, déclare : « Cette terrible maladie a déjà coûté la vie à plus de deux millions et demi de personnes à travers le monde, et de nombreux pays luttent contre la pandémie sans disposer de ressources médicales adéquates et sont privés de vaccins. En laissant un petit nombre de sociétés pharmaceutiques décider de qui vivra et de qui mourra, les nations riches ne font que prolonger cette urgence sanitaire mondiale sans précédent et mettent d’innombrables autres vies en danger. En ce moment crucial, les pays en développement ont besoin de soutien, pas d’opposition. »

L’Alliance avertit que l’histoire menace de se répéter en Afrique du Sud, au Malawi et dans d’autres pays d’Afrique. Des millions de personnes sont mortes au début des années 2000 car les monopoles pharmaceutiques avaient alors fixé le prix de leurs traitements efficaces contre le VIH/sida à des niveaux inaccessibles pouvant atteindre 10 000 dollars par an.

Lois Chingandu, militante et directrice de la division « Éléments probants et influence » au sein de Frontline AIDS, témoigne : « Ici, au Zimbabwe, j’ai perdu beaucoup d’ami-e-s proches, qui peinaient à respirer jusqu’à leur dernière heure. Quelle cruelle ironie de voir des militant-e-s qui ont lutté sans relâche pour l’accès aux médicaments gratuits contre le VIH/sida succomber maintenant à la COVID-19 parce qu’une fois encore, on accorde plus de valeur aux profits des sociétés pharmaceutiques qu’aux vies humaines. » 

Les monopoles pharmaceutiques ont finalement été renversés, ouvrant la voie à la production de masse de traitements efficaces et peu coûteux pour les personnes vivant avec le VIH/sida. Sans cela, des millions de personnes encore en vie aujourd’hui seraient mortes. 

Les 10 et 11 mars, plus de 100 pays en développement, au premier rang desquels l’Afrique du Sud et l’Inde, plaideront une nouvelle fois auprès de l’OMC pour demander une dérogation à l’Accord sur les Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC), ce qui permettrait de lever les obstacles juridiques à ce que davantage de pays et de fabricants produisent des vaccins, protègent leur population et s’engagent sur la voie du relèvement économique.

Le Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, l’un des leaders de la People’s Vaccine Alliance, ajoute : « Cet acte de solidarité humaine pour fournir des médicaments et des vaccins à l’ensemble de la famille humaine est dans l’intérêt des pays riches. Ce n’est pas simplement un acte de charité. 

Nous devons agir dès maintenant. Il n’est pas question de faire marche arrière. Il est absolument injuste que les pays riches, qui ont suffisamment de vaccins pour protéger leur population, bloquent la dérogation à l’Accord sur les ADPIC qui pourrait aider les pays pauvres à obtenir les vaccins dont ils ont tant besoin. » 

Tous les grands laboratoires qui mettent au point des vaccins ont bénéficié de milliards de dollars de subventions publiques, et pourtant ces mêmes sociétés pharmaceutiques se voient accorder le monopole de leur production et des profits associés. 

Au même moment, partout dans le monde, des sociétés compétentes pour produire les vaccins seraient prêtes à en produire davantage pour peu qu’on leur donne accès à la technologie et au savoir-faire aujourd’hui jalousement gardés par ces géants pharmaceutiques. Les capacités de production pourraient décoller en quelques mois. Selon Suhaib Siddiqi, ancien directeur de la division « Chimie » chez Moderna, qui a produit l’un des premiers vaccins approuvés, une usine moderne devrait être en mesure de produire des vaccins en à peine trois ou quatre mois pour peu qu’elle dispose de plans directeurs et de conseils techniques. 

La France appelle à un accroissement de la production dans les pays en développement, et les États-Unis s’emploient à en faire autant au niveau national. Toutefois, jusqu’à présent, les deux pays continuent de défendre les monopoles des sociétés pharmaceutiques.  

Pour vaincre le virus, il faut produire suffisamment de doses de vaccin dans différentes régions du monde, à un prix abordable, avec des allocations mondiales et un vaste déploiement gratuit dans les communautés locales. Mais jusqu’à présent, le monde échoue sur ces quatre fronts. 

Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’ONUSIDA, déclare : « Face à tant d’altruisme, de sens du sacrifice et d’héroïsme, la People’s Vaccine Alliance dénonce l’hypocrisie, l’absence de solidarité humaine et les intérêts particuliers à court terme qui sapent les efforts pour combattre le virus dans les pays. Seule une mobilisation réellement mondiale de la production de vaccins pour accroître rapidement le nombre de doses abordables disponibles permettra d’y parvenir. »

Nick Dearden, directeur de Global Justice Now, abonde dans le même sens : « Un an après le début de la pandémie, il est scandaleux que certaines usines de vaccins soient à l’arrêt, incapable de produire des vaccins contre la COVID-19 car les pays riches privilégient les brevets des sociétés pharmaceutiques aux dépens de vies humaines dans le monde entier. Une suspension mondiale des brevets est indispensable pour accélérer la production de ces vaccins dans le monde entier. »

Notes aux rédactions

  • D’après les données issues de OurWorldInData, Bloomberg, l’Université Johns Hopkins et d’autres recherches, une majorité (au moins 47 pays) des 79 pays à revenus faible et intermédiaire de la tranche inférieure selon la classification de la Banque mondiale n’ont toujours pas vacciné la moindre personne. Ce chiffre était exact au 4 mars et tient compte des livraisons prévues déclarées des vaccins COVAX dans les jours à venir, alors même que ces doses n’ont toujours pas été administrées. Nous reconnaissons que davantage de livraisons non déclarées de COVAX pourraient survenir d’ici-là.
  • Depuis début 2021, les pays à revenu élevé vaccinent en moyenne une personne par seconde. Ce chiffre s’appuie sur le nombre quotidien moyen de doses de vaccin contre la COVID-19 administrées entre le 1er janvier et le 2 mars 2021, d’après OurWorldInData pour les pays classés « à revenu élevé » par la Banque mondiale. Un taux horaire a été calculé en partant du principe que les pays vaccinent 8 heures par jour, puis ce taux a été divisé en minutes et en secondes. Pour ces 68 pays à revenu élevé, on obtient ainsi une moyenne de 1,1 dose par seconde, soit 66 par minute. Le calcul du chiffre moyen comprend les données de six pays à revenu élevé qui n’ont pas encore commencé à vacciner leur population.
  • Voici les résultats de l’enquête YouGov pour chaque pays : États-Unis – 69 %, France – 63 %, Allemagne – 70 % et Royaume-Uni – 74 %. La moyenne combinée pour les pays est de 69 %. Sauf indication contraire, l’ensemble des chiffres proviennent de YouGov Plc. La taille totale de l’échantillon était de 1 351 adultes aux États-Unis, 1 788 adultes au Royaume-Uni, 1 010 adultes en France et 2 039 adultes en Allemagne. Le travail de terrain a été mené entre le 23 et le 26 février 2021.  L’enquête s’est déroulée en ligne. Les chiffres ont été pondérés et sont représentatifs de l’ensemble de la population adulte (18 ans et plus) dans chaque pays (États-Unis, Royaume-Uni, France et Allemagne).
  • La semaine dernière, The Associated Press a trouvé des usines sur trois continents dont les propriétaires affirment qu’il leur serait possible de commencer rapidement à produire des centaines de millions de doses de vaccin contre la COVID-19 à condition de disposer des plans directeurs et du savoir-faire technique à cette fin.
  • Des pays comme le Soudan du Sud, le Yémen et le Malawi ont connu une explosion du nombre de cas ces derniers mois. Au Malawi, l’arrivée du variant sud-africain a provoqué une augmentation de 9 500 % du nombre de cas, et deux ministres du gouvernement en sont morts le même jour.

Contact

Matt Grainger
tel. +44-7730680837
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Les inégalités entre les sexes, grand thème de la Journée zéro discrimination au Sénégal

03 mars 2021

Le Réseau de personnes vivant avec le VIH au Sénégal (RNP+) a célébré la Journée zéro discrimination 2021 en organisant une discussion sur l’ampleur et l’impact de la stigmatisation et de la discrimination, dont sont victimes les femmes et les filles séropositives au Sénégal. Dans ce pays l'Indice de stigmatisation des personnes vivant avec le VIH indiquait qu'en 2017 une personne séropositive sur deux avait déjà été la cible de stigmatisation ou de discrimination.

« La discrimination continue de toucher les femmes et les filles. Cela explique pourquoi elles sont souvent exclues du marché du travail, isolées dans leur communauté ou stigmatisées dans les centres de soin. Les populations clés sont également les cibles historiques de la discrimination au Sénégal, » a déclaré Soukèye Ndiaye, la présidente de RNP+.

De nombreuses études menées dans le pays ont révélé que les femmes vivant avec le VIH doivent surmonter des obstacles pour accéder aux services de santé reproductive, que les travailleuses du sexe sont très souvent stigmatisées dans les situations de soin et que la vulnérabilité économique et sociale des femmes séropositives n’est pas suffisamment prise en compte dans les programmes liés au VIH.

Cette discussion a marqué la première étape de la stratégie de sensibilisation sur les droits humains et les problématiques liées au genre que le RNP+ prévoit d’élaborer cette année. L’organisation espère ainsi pouvoir apporter une réponse mieux adaptée aux attentes de ses membres et des communautés touchées par le VIH. Cette stratégie s’accompagnera d’outils de communication comme des vidéos disponibles dans plusieurs langues locales, des discussions et des sessions de sensibilisation réunissant des acteurs clés des régions les plus affectées par le VIH.

Au cours de la discussion, le RNP+ a invité les participants et participantes à soutenir cette entreprise, notamment en devenant des « championnes » qui s’engagent à mieux utiliser les possibilités offertes par les journalistes, les radios communautaires et les réseaux sociaux afin de sensibiliser l’opinion publique sur les défis liés à la discrimination.

Abdoulaye Ka, responsable des questions de droits humains au sein du Conseil national de lutte contre le sida (CNLS), a rappelé l’importance de poursuivre la collaboration entre les secteurs étatique et non étatique. « Les organisations et les réseaux communautaires sont depuis longtemps indispensables à la lutte contre le sida. Ils sont essentiels pour sensibiliser, informer, balayer les idées reçues et lutter contre les fausses informations, mais aussi pour fournir des services aux populations marginalisées, vulnérables et victimes de discrimination. »

Cette discussion a joui du soutien de l’ONUSIDA et a rassemblé sur place et à distance une trentaine de participants et participantes, notamment des personnes vivant avec le VIH, des responsables d’associations de femmes et de populations clés, des militants et militantes des droits humains, des décisionnaires et des prestataires de service de santé.

« Au Sénégal, nous savons que la discrimination à l’encontre des personnes séropositives reste un des grands problèmes à tous les niveaux de la riposte au VIH. L’équipe commune des Nations Unies sur le sida place depuis toujours les problématiques du genre et relevant des droits humains au centre de son travail et de l’assistance qu’elle apporte », a indiqué Demba Kone, Directeur pays de l’ONUSIDA pour le Sénégal.

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La République centrafricaine célèbre la Journée zéro discrimination

02 mars 2021

Le 1er mars, des personnes du monde entier se retrouvent à l’occasion de la Journée zéro discrimination. Cette année, elle était placée sous le signe de l’urgence d’agir pour mettre fin aux inégalités.

Ces dernières années, la République centrafricaine a fait de la réduction des inégalités de santé une priorité nationale. À la mi-2019, 10 domaines prioritaires ont été choisis en préparation de la couverture sanitaire universelle. Il s’agit notamment de garantir qu’un centre de santé se trouve à moins de 5 km de chaque foyer.

Le pays a été le premier à rejoindre le Partenariat mondial pour l’élimination de la stigmatisation et de la discrimination liées au VIH qui puise dans le potentiel combiné et les compétences uniques des gouvernements, de la société civile et des Nations Unies afin que la stigmatisation et la discrimination liées au VIH soient reléguées au passé.

Pour célébrer la Journée zéro discrimination 2021, le pays a organisé plusieurs activités le jour même et en amont. Le ministre de la Santé et de la Population a rappelé à la télévision et à la radio l’engagement du gouvernement en faveur de la non-discrimination et l’égalité. « Nous n’avons pas d’autre choix que de lutter contre les inégalités si nous voulons atteindre les Objectifs de développement durable, y compris ceux liés au bien-être et à la santé pour tous et toutes », a déclaré le ministre de la Santé et de la Population, Pierre Somse.

Des études récentes montrent que l’inégalité et la stigmatisation sont des entraves majeures à l’utilisation des services de santé. Par exemple, plus de 80 % des personnes vivant avec le VIH dans le pays indiquent avoir déjà été victimes de discrimination ou de stigmatisation. « Ces difficultés sont exacerbées par les conflits et les attaques visant la population et le personnel de santé qui empêchent des centaines de milliers de nos concitoyens et concitoyennes de jouir de leurs droits, y compris leur droit à la vie, à la dignité et à la santé », a continué M. Somse.

La société civile a été consultée pour étoffer les priorités visant à éradiquer la stigmatisation et la discrimination dans le pays. Une table ronde a également été organisée au cours d’une émission de radio de journalistes des droits humains sur le réseau national afin de sensibiliser sur les conséquences négatives de la stigmatisation et de la discrimination qui sont l'un des principaux freins à l’accès à la prévention, au traitement, à la prise en charge et à l’assistance liés au VIH. Invitée à cette émission, Aminata Adoum de l’Association nationale des avocates a souligné le travail réalisé par son organisation pour aider les femmes vivant avec le VIH à se protéger de la discrimination et de la violence.

Lors de la Journée zéro discrimination 2020, le personnel de santé, y compris des organisations professionnelles de médecins, de soins infirmiers et de sages-femmes, ainsi que des associations de patients et patientes, ont signé une Charte nationale sur la qualité des soins et les droits des patients et patientes qui énonce les principes d’humanisme, d’éthique et de respect de la dignité en vue de structurer les relations entre patients, patientes et prestataires de soins. Cette année, la charte des patients et patientes a été affichée dans des établissements de santé de la capitale, Bangui, et des sessions de sensibilisation sur ce document ont été organisées à l’attention de l’équipe médicale de deux grands centres de la ville.

« La campagne de la Journée zéro discrimination fait partie d’un ensemble complet d’activités prioritaires pour lutter contre les barrières liées aux droits humains qui entravent l’accès aux services de lutte contre le VIH. Le pays va mettre en place ces activités au cours des trois prochaines années. Elles comprendront le suivi par les communautés des violations des droits humains, des formations pour connaître ses droits, des services juridiques, l’élaboration d’une loi anti-discrimination et des échanges avec les grandes figures des communautés, les législateurs et les leaders d’opinion », a expliqué Patrick Eba, Directeur Pays de l’ONUSIDA pour la République centrafricaine.

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Côte d’Ivoire : lancement d’un projet confessionnel contre le VIH pédiatrique

02 mars 2021

Les organisations confessionnelles jouent un rôle essentiel à tous les niveaux de la riposte au VIH. La prise en charge du VIH repose en effet beaucoup sur leurs réseaux d’hôpitaux, de cliniques et de systèmes communautaires, en particulier dans les pays sévèrement touchés par l’épidémie. C’est pour cette raison que l’ONUSIDA et le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida (PEPFAR) ont lancé une initiative commune pour puiser dans le potentiel national et international des organisations confessionnelles et tirer profit des avantages que pourrait offrir un réseau d’organisations confessionnelles dans certains pays, comme la Côte d’Ivoire.

L’initiative confessionnelle de l’ONUSIDA-PEPFAR a été lancée le 14 octobre 2020 en Côte d’Ivoire. Elle est placée sous l’égide du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique par le biais du programme national de lutte contre le sida.

Suite à cette initiative nationale, plusieurs activités ont suivi dans le pays. On peut citer ici le développement du plan d’action confessionnel placé sous la direction du programme national de lutte contre le sida. Cette initiative vise à garantir une coordination efficace et à surveiller de près les programmes, ainsi qu’à assurer les synergies et la complémentarité dans leur mise en œuvre.

Le 9 février, Caritas Côte d’Ivoire, membre de Caritas Internationalis, l’organisation chargée de mettre en place la stratégie sociale de l’Église catholique au niveau national et international, a lancé le projet GRAIL (Galvanizing Religious Actors for Better Identification and Linkage to Paediatric HIV). Ce projet renforcera l’implication des organisations confessionnelles en accélérant le diagnostic précoce et le traitement des enfants séropositifs en Côte d’Ivoire.

Au cours du lancement du projet GRAIL, un représentant du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique a salué l’engagement de l’église catholique au sein de la riposte nationale au VIH et a rappelé que le sida pédiatrique figure parmi les priorités nationales.

« La pandémie de COVID-19 que nous affrontons actuellement est une situation d’urgence sanitaire et sociale préoccupante qui nécessite une riposte forte. Les enfants vivant avec le VIH sont nombreux parmi les personnes touchées », a déclaré Bruno Yedoh Essoh, le président de Caritas Côte d’Ivoire.

« L’écart entre le diagnostic et la prise en charge des enfants vivant avec le VIH est important. Par conséquent, un partenariat efficace au niveau national avec des organisations confessionnelles en Côte d’Ivoire peut aider à combler cet écart, » a indiqué Jean-François Somé, conseiller en mise en œuvre pour l’ONUSIDA PEPFAR/Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme qui a représenté l’ONUSIDA lors du lancement.

Le projet GRAIL a pour objectif de former les leaders religieux et les prestataires de services de santé confessionnels sur les thèmes du VIH pédiatrique et des actions visant à réduire la stigmatisation et la discrimination envers les personnes vivant avec le VIH, notamment les enfants. La première session d’une formation sur le sida pédiatrique à destination des leaders religieux et des prestataires de services de santé confessionnels a eu lieu juste après le lancement du projet GRAIL. D’autres sessions sont prévues dans le pays.

 

 

Prise en charge des enfants vivant avec le VIH/SIDA Le projet GRAIL lancé Les enfants vivant avec le VIH/ SIDA en...

Posted by Caritas Nationale CI on Tuesday, February 9, 2021

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Congo : 64 millions de dollars dédiés à la riposte du VIH, de la tuberculose et du paludisme

01 mars 2021

Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, le gouvernement du Congo et des partenaires de santé ont annoncé l’octroi de deux subventions pour plus de 64 millions de dollars. L’objectif est de renforcer les services de prévention et de soin pour lutter contre le VIH, la tuberculose et le paludisme, ainsi que de construire des systèmes de santé résilients et pérennes au Congo.

Ces deux subventions représentent une augmentation de 97 % par rapport à la subvention précédente destinée à ces trois maladies. Elles seront utilisées entre 2021 et 2023.

« L’ONUSIDA est impatiente de poursuivre la collaboration étroite avec l'ensemble des partenaires en vue d’accélérer l’élimination de la transmission verticale du VIH et du sida pédiatrique au Congo et d’améliorer l’accès aux programmes de lutte contre le VIH et la tuberculose, aux services juridiques et de santé sexuelle et reproductive pour les jeunes femmes et les adolescentes, ainsi que pour tous les groupes exposés à un risque élevé de contracter le VIH », a déclaré Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l’ONUSIDA.

La subvention pour le VIH va permettre à beaucoup plus de personnes vivant avec le VIH de connaître leur statut sérologique et de sauver des vies en élargissant l’accès à la thérapie antirétrovirale, en particulier parmi les femmes enceintes. De fait, en 2019, au Congo, seuls 51 % des personnes vivant avec le VIH connaissaient leur statut sérologique et 25 % des personnes séropositives avaient accès à une thérapie antirétrovirale. Par ailleurs, seuls 10 % des femmes enceintes vivant avec le VIH au Congo avaient accès à des antirétroviraux afin d’empêcher la transmission du virus à leur bébé.

La composante de la subvention destinée à la tuberculose sera utilisée pour accélérer la riposte nationale, augmenter le signalement de nouveaux cas de cette maladie et atteindre un taux de réussite du traitement de 90 % d’ici 2023, l’objectif étant de respecter la stratégie de l’Organisation mondiale de la Santé pour mettre fin à la tuberculose. Cette subvention aidera également le pays à améliorer le taux de réussite du traitement pour les personnes souffrant d’une tuberculose multirésistante. La subvention pour le paludisme permettra au Congo d’atteindre son objectif de distribuer 3,5 millions de moustiquaires d’ici 2023 et d’étendre l’accès à des diagnostics et à des outils de traitement de qualité.

« Dans le contexte de la crise financière du pays, exacerbée par la pandémie de COVID-19, les subventions allouées au Congo sont une bouffée d’air frais. Elles donnent un nouvel élan à l’action du gouvernement en faveur des populations touchées par le VIH, la tuberculose et le paludisme, » a déclaré le Premier ministre du Congo, Clément Mouamba.

Le Programme des Nations Unies pour le développement mettra en place la subvention pour le VIH et la tuberculose, et les Catholic Relief Services celle pour le paludisme.

Region/country

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Une couverture disparate de la thérapie antirétrovirale parmi la population carcérale vivant avec le VIH

22 février 2021

La population carcérale dans le monde s’élève à quelque 11 millions de personnes, quel que soit le jour de l’année. Dans les prisons du monde entier, des prisonnier-ères consomment des drogues injectables et ont des rapports sexuels. Le risque de violence sexuelle parmi cette population, ainsi que le manque d’accès aux préservatifs, aux lubrifiants, à la prophylaxie pré-exposition et aux services de réduction des risques, augmente le risque de contamination au VIH, à l’hépatite C et à d’autres infections sexuellement transmissibles.

Les consommateurs-rices de drogues injectables qui commencent leur incarcération voient leur risque d’infection au VIH augmenter de 81 % et celui de contamination à l’hépatite C de 62 %.

Les environnements fermés devraient, en théorie, faciliter la fourniture de services de dépistage et de traitement efficaces, même si les interruptions de traitement et les préoccupations concernant la confidentialité et la discrimination posent des difficultés. En 2019, 78 pays ont signalé à l’ONUSIDA qu’un dépistage du VIH était disponible à tout moment au cours de la détention ou de l’emprisonnement, et 104 pays ont indiqué qu’une thérapie antirétrovirale était mise à disposition de tou-tes les prisonnier-ères vivant avec le VIH. La couverture de la thérapie antirétrovirale est satisfaisante, mais présente encore des lacunes.

Une couverture disparate de la thérapie antirétrovirale parmi la population carcérale vivant avec le VIH, pays ayant des données disponibles, 2016-2019

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Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo et de l’Union africaine en 2021, appelle ses pairs à tirer les leçons du VIH et à renforcer leurs systèmes de santé

15 février 2021

La 34e session ordinaire des chef-fes d’État et de gouvernement de l’Union africaine s’est tenue en ligne les 6 et 7 février 2021.

Le président de la République démocratique du Congo et nouveau président de l’Union africaine, Félix Tshisekedi (photo ci-dessus), a enjoint aux États membres de ne pas oublier les épidémies mondiales dévastatrices, comme le paludisme et le sida, et d’en tirer les leçons pour renforcer les systèmes de santé, y compris en consolidant le Centre africain pour le contrôle et la prévention de maladies. 

« Contre l’expérience du combat, contre l’adversité et nos capacités d’adaptation, ne baissons pas les bras, et ne perdons pas de vue d’autres pathologies qui continuent de sévir au point d’être parfois de loin plus mortelles, comme la malaria ou le VIH », recommande le président de la République démocratique du Congo.

L’assemblée a reconnu le rôle de l’Union africaine pour organiser un partenariat uni, innovant et solide parmi les États membres afin de lutter contre la pandémie de COVID-19 qui affecte considérablement l’économie africaine et continue à fragiliser les systèmes de santé.

Les chef-fes des États ont pris l'engagement de maintenir leurs efforts pour inverser la propagation du virus et atténuer son impact socio-économique en utilisant l’accord sur la Zone continentale africaine de libre-échange et pour mettre en place un programme de vaccination coordonné par le biais de l’équipe spéciale africaine d’acquisition de vaccins afin de garantir de n’oublier aucun pays. 

« La pandémie nous force à être à la pointe de l’innovation. Nous avons créé la plateforme africaine révolutionnaire de matériel médical pour aider les États membres de l’Union africaine à obtenir du matériel et des équipements médicaux à des tarifs abordables », a déclaré le président sud-africain, Cyril Ramaphosa (photo ci-dessus).

Le président de l’Afrique du Sud a salué le rôle extraordinaire et décisif des chef-fes d’État pour lutter contre la crise de la COVID-19. Il s’est montré consterné par l’augmentation des violences à l’égard des femmes et a appelé l’assemblée du continent à mettre l’accent sur l’émancipation économique des femmes et à élaborer une convention visant à promouvoir, à protéger et à satisfaire les droits des femmes. Il a enjoint aux États membres de ratifier la Convention n° 190 de l’Organisation internationale du Travail afin de mettre un terme à la violence et au harcèlement dans le monde du travail. 

Outre le passage de relais à la tête de l’Union africaine entre l’Afrique du Sud et la République démocratique du Congo, cette rencontre de deux jours a été le cadre de décisions cruciales sur la mise en place de la réforme institutionnelle de l’Union africaine, dont sa Commission, et de l’élection de quatre nouveaux commissaires. Moussa Faki Mahamat a été réélu au poste de président de la Commission de l’Union africaine pour un second mandat de quatre ans et a pour adjointe Monique Nsanzabaganwa, fraîchement élue et première femme de l’histoire à siéger au sein de Commission. 

« Je félicite le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, pour sa prise de fonction au poste de président de l’Union africaine pour 2021 et je salue son appel à ses pairs pour maintenir leurs efforts dans la riposte au sida et renforcer les systèmes de santé en Afrique alors que nous sommes toujours en proie à la pandémie de COVID-19. Je réaffirme ici le soutien de l’ONUSIDA envers l’Union africaine. Sauver des vies, lutter contre les inégalités et promouvoir les soins de santé universels sont des leçons que nous avons apprises du sida et que nous pouvons appliquer avec succès pour répondre aux pandémies actuelles et futures », a déclaré Clémence Aissatou Habi Baré, Directrice du bureau de liaison de l’ONUSIDA auprès de l’Union africaine et de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique.

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L’écart de dépistage de la tuberculose se réduit chez les personnes vivant avec le VIH

15 février 2021

En 2019, les 38 millions de personnes séropositives avaient 18 fois plus de risques de développer la tuberculose que le reste de la population mondiale. La tuberculose reste la première cause de mort prématurée chez les personnes vivant avec le VIH.

Dans le monde, la démocratisation de la thérapie antirétrovirale, ainsi qu’une meilleure offre intégrée de services de lutte contre le VIH et la tuberculose ont réduit de 69 % le nombre de décès liés à la tuberculose parmi les personnes séropositives, le faisant tomber de 678 000 en 2000 à 208 000 en 2019. Dans les 131 pays ayant fourni des données à l’ONUSIDA et à l’Organisation mondiale de la Santé en 2020, 48,9 % des 815 000 personnes environ vivant avec le VIH et ayant développé la tuberculose (cas incidents) recevaient un traitement pour le VIH et la tuberculose. 

L’écart de dépistage de la tuberculose, autrement dit l’écart entre le nombre de personnes vivant avec le VIH que l’on estime avoir la tuberculose et le nombre de personnes vivant avec la tuberculose qui ont eu un résultat positif au dépistage du VIH, se réduit. Toutefois, les 456 426 cas de tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH signalés en 2019 ne représentaient que 56 % du nombre estimatif de cas incidents de tuberculose parmi cette population. 88 % des personnes séropositives qui étaient un cas documenté de tuberculose suivaient une thérapie antirétrovirale en 2019.

Estimation du nombre de cas incidents de tuberculose chez des personnes séropositives par rapport au nombre de nouveaux cas et de rechutes de tuberculose signalés chez des personnes séropositives et le nombre de malades de la tuberculose qui ont commencé une thérapie antirétrovirale, 2004-2019, monde

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Au Kirghizstan, les personnes vivant avec le VIH ont maintenant le droit d’adopter

12 février 2021

Fin janvier 2021, la Cour constitutionnelle du Kirghizstan a retiré le VIH de la liste des maladies qui ne permettent pas d’adopter des enfants ou de devenir tuteur, tutrice ou famille d’accueil. Cette décision a mis un terme à un obstacle à la parentalité auquel sont confrontées depuis longtemps les personnes séropositives dans le pays.

Ce changement représente une victoire contre la stigmatisation et la discrimination envers cette partie de la population. Il est le fruit d’efforts communs d’activistes, d’avocats et avocates et de défenseurs et défenseuses des droits humains, mais en premier lieu de personnes qui ont été victimes de discriminations et luttaient pour leurs droits.

Baktygul Israilova (photo ci-dessus), responsable du Réseau national des femmes vivant avec le VIH, a fait elle-même l’expérience de cette forme de discrimination lorsqu’elle a désiré adopter un enfant il y a quelques années. « À cette époque, je n’avais pas pris la mesure du problème. Je pensais que si j’avais tous les documents nécessaires et que je les fournissais au bon service, alors ma demande serait prise en compte pour l’adoption et que l’on trancherait en ma faveur », se souvient-elle. « Je suis mère de deux filles formidables, j’ai un emploi, un emploi stable, ainsi à cette époque je pensais avoir toutes les chances de mon côté. »

Elle a toutefois été choquée d’apprendre qu’elle ne pourrait pas adopter d’enfant à cause de sa séropositivité. « J’ai l’habitude que les personnes vivant avec le VIH soient régulièrement la cible de discriminations, mais pourquoi n’auraient-elles pas le droit de devenir parents, de donner leur amour et de prendre soin d’un enfant venant d’un orphelinat ? »

À cette époque, Mme Israilova faisait ces premiers pas dans le monde du militantisme de la cause du VIH. « Jusqu’à ce refus, j’avais toujours peur de quelque chose, à commencer par mon statut sérologique. J’avais peur pour mes filles, j’avais peur de ne pas trouver de travail, j’avais peur de ne pas être comprise, j’avais peur de ne rien faire de ma vie. J’ai fini à ce moment-là par en avoir assez d’avoir toujours peur. Cela a marqué un tournant dans ma vie. Je n’ai alors plus fait un secret de mon statut sérologique et je suis devenue la première femme du pays à vivre ouvertement avec le VIH. »

Selon le Comité national des statistiques du Kirghizstan, en 2019, plus de 2 000 enfants et ados de moins de 18 ans se trouvaient sans garde légale, dont 592 orphelins et orphelines.

En 2018, Mme Israilova fait la rencontre de Svetlana Izambayeva (photo ci-dessus), une militante séropositive de Fédération de Russie qui est devenue une des premières femmes à déclarer publiquement avoir le VIH dans son pays. Forte de son expérience en Russie, Mme Izambayeva a aidé et conseillé les femmes kirghizes dans leur bataille après avoir réussi à faire changer le droit à l’adoption en Russie.

À cette époque, les tribunaux kirghizes devaient rendre une décision sur une affaire similaire : une femme vivant avec le VIH essayait d’obtenir la garde de son neveu après la mort de la mère de ce dernier. Elle était représentée par l’avocate kirghize Ainura Osmonalieva et des collègues de la permanence juridique Adilet.

Les activistes ont uni leurs efforts et leurs ressources pour étudier dans les moindres détails le cadre juridique en vigueur, les obligations internationales, les conventions ratifiées et la Déclaration politique des Nations Unies sur la fin du sida que le Kirghizstan s’est engagé à mettre en place. Ce procès a duré deux ans. Des activistes d’autres pays, en particulier le Réseau des femmes eurasiennes sur le sida, ont aidé à rassembler des preuves. Les activistes ont mis en avant les changements de législation dans trois pays d’Europe de l’Est : la République de Moldavie, la Fédération de Russie et l’Ukraine. Le bureau pays de l’ONUSIDA au Kirghizstan a soutenu à toutes les étapes les efforts des militantes du Réseau national de femmes vivant avec le VIH et a fourni une assistance technique pour renforcer leurs capacités organisationnelles et leur action.

Mme Israilova raconte avoir été prête à toutes les éventualités lorsqu’elle a été entendue et a dû défendre sa position devant les juges de la Cour constitutionnelle. « Même si la Cour avait rejeté notre demande, nous n’aurions pas baissé les bras, mais nous aurions continué de lutter pour que chaque personne vivant avec le VIH puisse adopter ou avoir la garde d’un enfant. »

« Lorsque nous avons appris l’issue positive de notre demande, je suis rentrée chez moi et j’ai expliqué à mes filles ce que nous venions d’atteindre. Cela faisait déjà longtemps qu’elles rêvaient d’avoir un frère et elles lui avaient même trouvé un nom. Mes filles sont la lumière qui éclaire mon chemin. Grâce à elle, j’ai atteint beaucoup de choses dans ma vie. Maintenant, je dois préparer tous les documents nécessaires pour rendre heureux un autre enfant, » conclut Mme Israilova.

Photos : ONUSIDA, novembre 2019.

REGARDER : L’HISTOIRE DE SVETLANA IZAMBAYEVA

REGARDER : L’HISTOIRE DE BAKTYGUL ISRAILOVA

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Comment a-t-on fait pour découvrir si vite un vaccin contre la COVID-19 ?

09 février 2021

Alors que la vaccination contre la COVID-19 se met en place à travers le monde, l’ONUSIDA s’est entretenue avec Peter Godfrey-Faussett, Conseiller scientifique principal de l’ONUSIDA et professeur de santé internationale et des maladies infectieuses à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, au sujet des obstacles à l’émergence d’un vaccin contre le VIH.

Beaucoup de personnes se demandent : « Comment a-t-on fait pour découvrir si vite un vaccin contre la COVID-19 ? »

Le virus SARS-CoV-2 à l’origine de la COVID-19 est passé des animaux aux humains en 2019. En ce qui concerne le VIH, cette étape s’est produite il y a 100 ans, grosso modo dans les années 1920. Ce virus est devenu un problème dans les années 1980 lorsqu’il a commencé à se propager à grande échelle au sein de la population humaine.

La situation d’urgence explique l’ampleur des recherches pour découvrir un vaccin de la COVID-19. En 2020, la COVID-19 a infecté près de 100 millions de personnes sur la planète et a fait près de 2 millions de victimes.

Cette réalité a créé un sentiment d’urgence. Malgré les changements considérables que nous constatons dans la vie de tout le monde, aussi bien pour ce qui des déplacements, de l’éloignement physique, des masques, du lavage des mains que des désinfectants, nous enregistrons toujours une augmentation rapide des infections. Tous ces aspects alimentent le besoin de trouver un vaccin. Et, bien sûr, cela a un impact économique considérable.

Le VIH et le SARS-CoV-2 sont très différents, n’est-ce pas ?

Des différences fondamentales existent entre le SARS-CoV-2 et le VIH. Même s’il s’agit de deux virus, le SARS-CoV-2 est une infection très simple. Cette maladie peut avoir des complications et être mystérieuse dans certains cas, mais la plupart des personnes contaminées produisent des anticorps contre la protéine Spike qui neutralisent le virus et permettent de guérir en éliminant le virus.

Du côté du VIH, pratiquement toutes les personnes séropositives produisent des anticorps que nous utilisons dans le dépistage habituel. Mais, malheureusement, rares sont celles à vaincre l’infection et ces anticorps ne suffisent pas à neutraliser le VIH. L’enveloppe du VIH, qui forme plus ou moins une pointe, est une structure complexe à la surface du virus. Elle est recouverte de glucides et le site actif est loin de la surface, par conséquent, il est difficile à atteindre.

Avec le temps, certaines personnes séropositives produisent des anticorps capables de neutraliser le VIH, mais cela peut prendre plusieurs années. À cela s’ajoute que le VIH est un rétrovirus, c’est la raison pour laquelle nous parlons d’antirétroviraux. Un rétrovirus est un virus qui copie son propre code génétique et l’intègre au code génétique humain. En faisant cela, il copie son code génétique, mais de manière imprécise en faisant de nombreuses erreurs. Autrement dit, la protéine de l’enveloppe et le VIH en lui-même évoluent constamment, changent de forme, ce qui complique la tâche des anticorps pour protéger contre le virus. Ainsi, même les anticorps neutralisants d’une personne n’arrivent souvent pas à neutraliser le virus chez quelqu’un d’autre.

Nous avons aujourd’hui découvert des anticorps dits neutralisants à large spectre qui sont efficaces contre plusieurs souches de VIH. Ces anticorps font l’objet d’études, et le monde de la recherche essaie de voir s’ils sont en mesure de protéger les gens d’une infection à différentes souches de VIH. Ils pourraient former une étape importante menant à la découverte d’un vaccin contre le VIH si nous arrivons à générer des anticorps neutralisants à large spectre avant l’infection au VIH.

Une dernière chose. Il ne faut pas oublier que, à l’inverse ou presque de la COVID-19, le VIH dépend énormément du nombre de lymphocytes T, la deuxième moitié du système de défense du corps humain. Le système immunitaire a des anticorps, mais il a aussi ce que l’on appelle l’immunité cellulaire dirigée par les lymphocytes T. Son étude est beaucoup plus complexe et protéiforme, et c’est ce qui fait également la difficulté et la différence du VIH par rapport à la COVID-19 concernant la mise en place d’un vaccin.

Quel est le montant des investissements pour un vaccin contre le VIH ?

Au cours des dix dernières années, nous avons investi 1 milliard de dollars par an dans la recherche et le développement d’un vaccin contre le VIH. Est-ce beaucoup ou pas assez ? Cela représente 5 % environ du budget mondial de la riposte au VIH. Et nous avons déjà enregistré des succès partiels.  En 2009, un candidat expérimental en Thaïlande a nourri les espoirs en réussissant à apporter une certaine protection contre une infection au VIH, protection malheureusement insuffisante pour envisager sa production à grande échelle.

Puis, au cours de la décennie suivante, des essais supplémentaires nous ont apporté de grandes connaissances sur l’immunologie, sur les interactions du corps et du système immunitaire humains avec le VIH, mais cela ne s’est pas traduit par une baisse des nouvelles infections au VIH. L’espoir repose actuellement sur deux grandes études sur le terrain et de nombreux autres candidats sont à l’étude. Ainsi, je pense que l’espoir est permis, mais nous n’aurons vraisemblablement pas de vaccin dans un futur proche comme cela s’est passé avec la COVID-19.

La COVID-19 occupe le devant de la scène. Qu’en est-il des autres maladies infectieuses ?

En Afrique, la tuberculose, le paludisme et le VIH tuent séparément plus de cinq fois plus de personnes par an que la COVID-19 cette année sur ce continent. Ce sont des problèmes colossaux qui perdurent depuis longtemps. Nous disposons d’un vaccin contre la tuberculose, le BCG, qui a été utilisé pour la première fois il y a 100 ans en 1920, mais malheureusement il n’apporte pas une très bonne protection contre les formes de tuberculose traditionnelles chez les adultes. Très récemment, de nouveaux vaccins ont été découverts contre la tuberculose et le paludisme, mais leur effet n’est pas particulièrement satisfaisant. Des discussions sont en cours pour savoir s’il faut les proposer davantage, car ils protègent tout au plus dans 30 % des cas.

La bonne nouvelle est qu’un nouveau vaccin contre le paludisme vient d’entrer dans la phase trois tant attendue des essais en Afrique et il est le fruit de la même organisation qui a produit le vaccin de la COVID-19 AstraZeneca Oxford. Ainsi, nous pouvons espérer que les recherches sur les vaccins du coronavirus donnent un coup de fouet à toutes les grandes maladies infectieuses qui tuent énormément de personnes en Afrique et dans d’autres régions du monde ayant des ressources limitées.

Regarder : un conseiller scientifique de l’ONUSIDA explique les différences entre le VIH et la COVID-19

Regarder : un conseiller scientifique de l’ONUSIDA explique les différences entre le VIH et la COVID-19

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